S’immerger dans la musique de Klô Pelgag est un régal : les paroles coulent comme de la poésie et le côté théâtral est captivant, sans être prétentieux. On a l’impression d’être un enfant, rempli d’innocence, qui croit que tout est possible si on utilise notre imagination. Depuis son premier album, « L’alchimie des monstres », l’univers de Klô Pelgag s’est étendu. Ça fait en sorte que son dernier album est plus électro et surnaturel, intensifié par son titre « Abracadabra ». À l’Impérial Bell le 26 avril, l’auteure-compositrice-interprète et ses musiciens nous ont baignés dans le charme et le bonheur, après un début de soirée signé par le duo ludique Angine de Poitrine.
Angine de Poitrine : L’intrigue et les instrumentaux

Angine de Poitrine est un duo instrumental de Saguenay qui nous fait nous poser (ou juste moi) plusieurs questions : qui sont les musiciens derrière les déguisements? Que signifie vraiment le triangle qu’ils font faire à la foule avec leurs doigts? Qu’est-ce qu’ils chantent dans les chansons où il y a une voix?
Lorsque le duo est arrivé sur scène, les deux musiciens sont restés debout devant un panneau avec leur nom en attendant que les lumières qui l’entouraient s’allument. Cette performance reposait autant sur les visuels, les costumes et l’arrière-plan, que sur la musique. Tout était divertissant et réfléchi. La musique d’Angine de Poitrine est énergique et dirigée par des saveurs rock. Souvent, il y a des grooves au début, des riffs ludiques de guitare/basse, mais le rythme devient toujours plus rapide vers la fin.
Klô Pelgag dans son élément

Klô Pelgag est apparue sur scène habillée pour se battre contre le froid. Il n’y avait rien de froid dans la salle, cependant, ni dans l’ambiance ni dans la température. Sa doudoune en soie et ses grosses bottes étaient toutes les deux une exagération, comme si elle était une caricature d’elle-même. Elle a commencé avec les chansons qui ouvrent son album, « Abracadabra » : Le sang des fruits rouges et Pythagore. Elle a enlevé son manteau, mais il est resté intégré dans le spectacle, parfois jeté par terre, parfois porté de manière spontanée. En effet, les choses se sont passées vite ce soir-là. Klô courait et sautait sur scène, une boule d’énergie. Pendant À l’ombre des cyprès, elle tournait sur son tabouret de clavier comme une étudiante distraite, pivotant et chantant sur sa chaise au lieu de travailler. Même ses claviéristes (trois au total) ne tenaient pas en place. Iels avaient des tables avec des roues pour se rapprocher et reculer pendant tout le show, une touche très sympa.
Les moments intimes étaient également bien intégrés dans le spectacle. « Savez-vous que le monde manque d’amour », a-t-elle demandé à la foule, avant d’introduire sa chanson d’amour Sans visage. Ensuite, ses musicien·nes se sont rapproché·es et accompagnée par quatre flûtes, elle a chanté Le goût des mangues. Pour Les puits de lumière, elle était toute seule au clavier, donnant à la chanson une touche plus personnelle que sur l’album. Le rappel, incluant des chansons pour nous faire flotter sur les nuages, était tout en douceur. Au début, elle a demandé à la foule ce qu’on aimerait entendre, mais les réponses étaient incompréhensibles. Trop de choix, pourrait-on dire. Finalement, c’est Les animaux qu’elle a choisi, la chanson la plus rêveuse et mélancolique de « L’étoile thoracique ». Ensuite, elle nous a fait danser avec Les ferrofluides-fleurs. Pour finir, ses musicien·nes se sont assis au fond de la scène pendant que Klô a interprété Comme des rames, de « L’alchimie des monstres », toute seule au clavier. « Ça fait plusieurs années que j’ai pas joué cette chanson », a-t-elle expliqué avant, en soulignant que la chanson avait été écrite lorsqu’elle avait 18 ans.
« Abracadabra » est le premier album sur lequel Klô Pelgag a tout fait, notamment la réalisation. C’est donc un travail fortement marqué par sa personnalité et sa vision artistique. On avait toujours l’impression qu’elle est une artiste qui a du contrôle et qui fait exactement ce que son instinct lui dit. C’est peut-être dans cette qualité-là que se trouve la magie de l’album, là et dans les synthés rêveurs qui apparaissent partout. Son spectacle sold-out à l’Impérial était un beau portrait de l’artiste et d’où elle est rendue dans sa carrière.
Klô Pelgag sera de retour à l’Impérial Bell le 27 février 2026.
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