La 14e édition du Cabaret Festif s’est terminée en beauté le 29 mars dernier à la Salle multi de l’Hôtel Germain Charlevoix de Baie-Saint-Paul. Une finale haute en couleurs au cours de laquelle quatre projets complètement différents se sont livré une « lutte » à finir. Devant une salle comble composée presque exclusivement de curieux.ses de la région, Vaëlle, Crachat, Valse Fréquence et Easy Tiger ont tout donné, y compris un beau paquet d’émotions. Retour rapide sur une autre de ces soirées magiques dont seule la petite gang charlevoisienne a le secret.
Vaëlle

La soirée a commencé avec l’autrice-compositrice-interprète Vaëlle. En formule duo, celle qui n’a pas l’habitude d’arriver la première au party nous a fait visiter son univers pétillant et coloré où les petites étoiles sont omniprésentes, comme si on se trouvait dans un vieux jeu de NES. D’une voix douce et assurée, l’artiste a chanté ses chansons pop le sourire aux lèvres, même quand son ordinateur ne voulait pas collaborer. Ce petit pépin technique en aurait décontenancé plusieurs autres, mais pas Vaëlle, dont le charme naturel est ressorti aussi fort que pendant ses chansons pleines de sensibilité. On a bien hâte d’entendre ce matériel sur disque, ce qui risque d’être chose faite très bientôt avec la sortie prochaine d’un EP. L’artiste n’est pas repartie les mains vides, remportant des résidences au Domaine Forget et à l’Ampli de Québec ainsi qu’une prestation rémunérée à Pop Montréal.
Crachat

Probablement la prestation la plus courte de l’histoire des finales du Cabaret Festif. En même pas 10 minutes, le trio punk à paillettes Crachat a tout détruit sur son passage grâce à sa musique lourde aux rythmes effrénés. Distorsion au max, cris stridents, occupation totale de l’espace scénique, les trois jeunes femmes ont livré leur message féministe comme on s’y attendait, c’est-à-dire le couteau entre les dents. La dentelle, c’est beau pour les tutus, mais pas la musique! Un traitement choc que vos humbles serviteurs aiment se faire balancer encore et encore. Crachat s’est mérité quelques beaux prix, notamment une fin de semaine dans le nouveau studio du Mixbus, ainsi que des prestations au Bistro des balcons, aux festivals de la Poutine et de Granby et à CISM.
Valse Fréquence

Groupe chouchou du public pendant les soirées de qualification, Valse Fréquence était de retour, cette fois en formation complète, la guitariste Anne-Marie Milev – qui était blessée – ayant repris sa place aux côtés du chanteur-batteur Thomas Léger pour cette finale des plus importantes. Changement total de registre après le champ de mines laissé par Crachat, on est dans l’indie pop un peu aérienne avec une touche de psych, un terrain de jeu où il est de plus en plus difficile de se démarquer tellement il y a de bons projets. Et pourtant, environ sept ans après sa participation aux Francouvertes, le duo a su faire évoluer leur projet et lui donner sa personnalité propre. Et le public a encore une fois apprécié les chansons envoûtantes et pleines de groove de Valse Fréquence, ce qui a permis au duo de repartir avec le prix du public (une bourse de 3 000 $, une prestation au Festif, un budget promo à CKRL et un shooting photo par nous autres) et plusieurs autres beaux prix, notamment : une première partie de Comment Debord, des prestations au Phoque OFF, au Minotaure, à Petite-Vallée, à Mégantic, à St-Roch XP, une campagne de RP par l’excellent Greg Kitzler et une session musicale réalisée par la Fabrique culturelle.
Easy Tiger

Y’a une expression que j’ai demandé à mes ouailles d’éviter d’utiliser : « Leçon de rock ». Parce que c’est galvaudé en titi. Et pourtant, me voilà en train de voir Easy Tiger, et tout ce que j’ai en tête, c’est qu’on a droit ici à un programme d’études complet sur le rock en accéléré. Le duo mené par Gabrielle La Rue et Sarah Dion a tout ce qu’il faut pour passer un bon moment : des bonnes chansons rock catchy qui nous rappellent ce qui se faisait de mieux dans le genre au milieu des années 1980 (moins le reverb dans la batterie), une attitude qui déchire sur scène, des musiciens accompagnateurs (dont David Marchand) qui jouent leur rôle de soutien à la perfection, tout était en place pour une prestation on ne peut plus efficace qui a une fois de plus donné le goût aux membres du public de se lever, de pitcher les chaises le plus loin possible et de transformer la Salle multi en immense dance floor. On a rarement vu un projet aussi prêt à prendre d’assaut les grandes scènes d’ici (et d’ailleurs) en finale du Cabaret. C’était bon de même.
Le jury était visiblement d’accord avec moi, lui accordant son grand prix (une bourse de 10 000 $, une prestation au Festif, un crédit en location d’équipement chez Solotech, un forfait publicitaire sur lepointdevente.com, le statut d’artiste du mois à CHYZ), ainsi que des prestations à Tadoussac, au Sea Shack, au Vieux Bureau de poste, au Festival OFF et une fin de semaine d’enregistrement au Pantoum. Des accolades pleinement méritées!
On a bien hâte de revoir tout ce beau monde sur une scène ou une autre très bientôt, et on va attendre avec impatience le retour du Cabaret en janvier… 2026!
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