Le vendredi 28 février, pendant que Maxime et Stéfanie se faisaient rocker les tympans deux portes plus loin, j’ai plutôt opté pour la douceur et la poésie qu’offrait l’Impérial Bell avec la visite de Tire le Coyote, qui était attendu par une salle comble de mélomanes bien assis, les oreilles bien tendues.
Cette soirée fort prometteuse a vraiment bien commencé, la première partie étant assurée par nulle autre que Charlotte Brousseau. Plus habituée de jouer dans des espaces fort intimes, l’artiste de Québec était visiblement très nerveuse au départ, mais si vous pensez que ça a miné sa prestation, c’est que vous connaissez mal Charlotte! Quand elle chantait, elle était en pleine possession de ses moyens, ses chansons résonnaient tellement bien dans cette salle pleine de personnes très attentives qui n’ont pas raté l’occasion de montrer leur appréciation entre les chansons. Charlotte en a profité pour nous annoncer l’arrivée imminente de son premier album complet, et on vous avoue qu’on piaffe un peu d’impatience!

Après une courte pause, Tire le coyote a fait son entrée en scène. Pour ce début de tournée, Benoit Pinette était accompagné de son complice de toujours Ben « Shampouing » Villeneuve à la guitare, du coréalisateur de « Dynastie » Marc-André Landry à la basse, de l’amoureux de l’ébène et de l’ivoire Jérôme Beaulieu aux divers claviers et de Kevin Warren à la batterie.
Le concert s’est ouvert avec Avalanche, qui ouvre d’ailleurs « Dynastie », l’excellent nouvel album de l’auteur-compositeur-interprète. Ça commence fort, ma pièce préf du nouvel opus drette en partant, avec un Benoit Pinette qui chante un bon octave plus grave qu’à l’habitude. Et c’est très beau de même, ça ajoute énormément de profondeur à la chanson. C’est d’ailleurs la force des nouvelles chansons de Pinette, qui ressentait clairement le besoin de briser le moule dans lequel il s’était lui-même glissé au fil des albums.
Certes, la poésie unique à l’artiste est toujours omniprésente, la plume de Pinette est toujours sublime, mais c’est vraiment sur le plan des mélodies et des arrangements qu’on remarque une évolution marquée. L’omniprésence du piano et des claviers, assurés par un Jérôme Beaulieu qui se laisse emporter par chacune des notes qu’il joue, s’intègre parfaitement au reste. On remarque aussi à certains endroits l’influence de Demain Déluge, le projet qui permet à Pinette et à Landry d’expérimenter toutes sortes de choses, notamment sur Les chemins de travers qui, derrière sa forme très folk-rock à la Coyote, est truffée de surprises.

Bien sûr, on a aussi revisité les classiques des albums précédents. Quelle surprise que d’entendre Jésus, une vieille toune qui n’avait pas fait la cut des spectacles précédents! Ou les magnifiques Toit cathédrale et Le ciel est backorder (toutes deux tirées de « Désherbage »). Et ça ne serait pas un show de Tire le Coyote si on n’entendait pas Shampouing assurer la voix féminine sur Chanson d’amour en sol standard, ou si on ne criait pas à tue-tête quand Pinette nous demande de faire du bruit sur Chainsaw!
Et une aussi belle soirée aurait été incomplète si Pinette n’avait pas chanté Jolie Anne seul avec Beaulieu et ses mains magiques.
On va se le dire franchement, c’était un fichu beau show. Pas de chichis, pas de fla-fla, pas d’effets spéciaux, pas de lasers, pas de fumée à outrance, bien au contraire! Juste un gars bien normal, un artiste chevronné qui est loin d’avoir tout dit et qui continue d’évoluer musicalement. Un gars mauditement bien accompagné, avec un band toute étoile. Le groove de Landry à la basse prend une place de plus en plus importante, et la guitare de Shampouing est peut-être plus subtile sur « Dynastie », mais elle n’est pas moins essentielle! Et Kevin Warren à la batterie fait de l’excellent boulot.
La tournée Dynastie se poursuit un peu partout, notamment aux Grands Bois à Saint-Casimir le 9 mai.
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