Le 5 octobre dernier les amatrices et amateurs de rap étaient convié.es au STUDIOTELUS du Grand-Théâtre de Québec pour le lancement de l’album « Lettres de noblesses » de KJT. Ce dernier est bien connu de la communauté hip-hop de Québec, ayant animé la populaire émission Les Arshitechs du Son sur les ondes de CHYZ pendant dix ans.
À notre arrivée dans la salle on remarque rapidement les projections sur l’immense mur de béton derrière la scène, élément très bien utilisé pendant le concert. Je savais que KJT serait accompagné d’un DJ, DJ Fade Wizard, mais il y avait en plus une bassiste, Jade Joubert, une saxophoniste, Alice Bradier, ainsi qu’un batteur, Jérémie Jean-Baptiste. Ces musicien.nes supplémentaires viennent vraiment ajouter une grosse touche de dynamisme aux chansons de l’album. Le spectacle commence d’ailleurs avec la première pièce du projet, ABC, un texte très habile où les abréviations de trois lettres se multiplient à travers les rimes impressionnantes, c’est un parfait exemple de la maîtrise de la langue du parolier.
Un moment puissant du concert fut lorsque le rappeur a demandé à ses acolytes de quitter la scène pour laisser la place à sa gérante Oya Sequoia. Le duo nous a offert une performance percutante de la chanson Mille choses à dire qui aborde les violences sexuelles. Définitivement un moment marquant du spectacle, bien que dur à entendre pour certaines personnes, mais tellement essentiel et malheureusement toujours d’actualité. Emmanuel, de son vrai nom, est particulièrement connu pour ses qualités de freestyleur, il descend dans la foule pour demander trois mots qu’il devra intégrer à une chanson improvisée. On a donc droit à un freestyle avec les mots « tomate », « aquarelle » et « anthropologie ». C’est vraiment impressionnant de la voir travailler pour inclure ces mots de façon spectaculaire. On comprend rapidement pourquoi il est le grand gagnant de l’émission « La fin des faibles » en 2022, diffusée à Télé-Québec. Pour rester dans le thème de l’improvisation, tout juste avant l’entracte on a pu assister à un duo fantastique saxophone-DJ avec Alice et Fade Wizard qui sont resté.es seul.es sur la scène, c’était grandiose.
J’essaie de me remémorer quel était le dernier spectacle que j’ai vu avec un entracte et ça ne me vient pas vraiment. On dirait que le concept d’entracte se fait assez rare dans les spectacles auxquels j’assiste. Personnellement je ne suis pas un grand fan, je trouve que ça vient couper l’énergie et l’ambiance. C’est vraiment juste une opinion personnelle cependant car ça ne prend pas trop de temps pour que l’ambiance électrique nous revienne en deuxième partie. On nous offre d’ailleurs un deuxième rap improvisé, cette fois-ci les mots suggérés sont « décroissance », « saperlipopette » et « surette », ce dernier nous est proposé par un certain Vincent Leboeuf Gadreau, aka Sûrette. Ces fresstyles sont tellement hallucinants que la foule en redemande, ce à quoi le rappeur blague « Dans le fond tout ce que vous voulez c’est les trois mots, on s’en fout des tounes. » Il termine le spectacle avec Home Sweet Home, une pièce sur à quel point il est casanier et préfère habituellement rester chez lui. Il reçoit cependant une si grosse acclamation de la foule qu’il n’a d’autre choix que de revenir pour un rappel. Contrairement à beaucoup de rappels prévus d’avance, la réaction du public a réellement semblé le prendre par surprise, il demande donc à Fade Wizard de lancer un beat au hasard. C’est Bon débarras qu’on a la chance d’entendre, avec la foule qui se fait un malin plaisir de scander le refrain.
J’avais bien apprécié l’album, mais sur scène en formule full band ça donne vraiment quelque chose de sensationnel. Emmanuel décrit son style comme du « rap de prestige » puisque les textes sont vraiment recherchés avec un gros travail sur les rimes et les jeux de mots. On voit que ses paroles peuvent rassembler un grand nombre de personnes, c’était magnifique de voir une foule aussi variée avec des gens de tous âges et de tous les milieux. KJT est le porte-parole de la toute première édition du Festival Végane de Québec. On pourra le voir performer au Patro Laval le 16 novembre prochain, et c’est gratuit.
Galerie photos