Envol & Macadam est sans aucun doute un de mes festivals préférés depuis l’adolescence. Ayant toujours aimé le punk, le métal et le hardcore, c’est l’évènement fait pour moi. Pour la deuxième année consécutive, le site principal se trouve à l’Agora du Port de Québec alors qu’un paquet d’autres lieux de diffusion accueillent également des spectacles. Cette 27e édition nous donnait la possibilité de voir de nombreux groupes pour la première fois dans la vieille capitale, notamment The Hives, définitivement l’occasion de cocher un élément de sa bucket list pour plusieurs. D’autres formations qui ont attiré mon attention à l’annonce de la programmation sont Melonball de l’Allemagne, Taxi Girls de Montréal (et un peu Québec) et Raised Fist de la Suède. Bref une bien belle fin de semaine en vue pour en quelque sorte clore la saison de festival.
Jeudi 12 septembre
Lenny Lashley
C’est dans un ambiance de 5 à 7 que le premier artiste de cette 27ème édition d’Envol et Macadam apparaît sur la scène de La Source de la Martinière. On débute ce festival avec Lenny Lashley et sa guitare acoustique. Il est accompagné d’un joueur de lap steel guitar pour ajouter plus de texture et de variété dans le son du musicien de Boston. C’est une ouverture tout en douceur pour le festival punk et métal, mais la visite de Lenny Lashley semble avoir été bien appréciée du public. Il a passé la fin de semaine à Québec, jouant également au Knock-Out le samedi après-midi en version un peu plus intime.
Melonball
Après cette première partie acoustique, c’est le temps de chauffer les amplis et mettre la distorsion dans le tapis avec la soirée punk-rock. C’est Melonball, venu directement d’Allemagne qui nous offre sa première performance à vie en sol québécois. J’ai découvert le groupe en 2023 avec le splendide album « Breathe », je crois cependant que ça reste pour l’instant un groupe peu connu malheureusement. Plusieurs semblent avoir été agréablement surpris.es par la formation avec son skate-punk mélodique. Évidemment ce qui retient d’abord l’attention est la chanteuse Olivia Barth-Jurca qui appuie la musique à la perfection en plus d’être en mesure d’atteindre des notes qu’on a rarement l’occasion d’entendre dans le punk. Et que dire de leur reprise du classique power pop Your Love de The Outfield qui a vraiment fait fureur. Une très bonne prestation du groupe de Nuremberg qui a sans aucun doute gagné énormément de fans avec cette première visite à Québec.
Urethane
Une autre formation qui en était à sa première visite à Québec, Urethane de San Diego. Je ne connaissais pas le groupe mais en voyant passer leur photo de presse je remarque la présence d’une légende, Steve Caballero, célèbre skateboardeur et personnage classique dans la série de jeux Tony Hawk Pro Skater. Mais au-delà de Caballero, j’ai découvert un maudit bon groupe qu’on pourrait qualifier de pop-skate-punk. Ça ne réinvente pas la roue, mais ça la fait très bien rouler en ouverture d’autres groupes similaires. Mention spéciale à leur hommage au regretté chanteur Tony Sly en faisant une reprise de Redemption Song, oui à la base de Bob Marley, mais qu’on retrouve sur « Leche Con Carne » de No Use for a Name. La foule commençait définitivement à être bien réchauffée, il devait faire aussi chaud à La Source qu’à San Diego.
Belvedere
Un autre groupe que j’avais vraiment hâte de voir, celui-ci n’est vraiment pas étranger avec la ville de Québec, il s’agit du band canadien Belvedere. C’est effectivement une formation qu’on peut voir régulièrement dans la province mais je n’avais pourtant jamais vu le groupe en spectacle. On reste dans le skate-punk avec un côté hardcore mélodique supplémentaire par moments. Quelle énergie sur scène comme dans la foule où ça brasse en masse et où il y de nombreux crowd surfers. On sent vraiment l’amour du public pour le quatuor, ce qui est visiblement partagé par le groupe qui semble avoir tellement de plaisir à sauter partout sur la scène. Ça m’a pris beaucoup trop de temps avant de voir Belvedere en spectacle mais je n’attendrai vraiment pas aussi longtemps avant la prochaine fois, j’ai été particulièrement comblé par cette performance. Le dernier groupe de la soirée était Authority Zero, une autre formation fort appréciée des fans de punk rock. Cependant je ne suis resté que pour quelques chansons, mon lit m’attendait pour les quelques heures qui me séparaient de ma journée de travail du lendemain.
Vendredi 13 septembre
Rope Skills
Je vais commencer à sonner comme une vieille cassette, c’est la troisième fois que je couvre Rope Skills en une quinzaine de mois. Rendu là mon amour pour le trio punk montréalais est assez flagrant. C’est évidemment un grand plaisir de retrouver le groupe sur une si grande et belle scène que l’Agora du Port de Québec. Mais, parce que oui il y a un mais, c’est moins plaisant que ce soit le vendredi à 17h00, c’est la recette parfaite pour qu’il n’y ait pas grand monde devant l’immense scène. Il y avait tout de même une bonne poignée de personnes et ça n’a définitivement pas empêché le groupe de rocker comme il se doit. On est dû pour du nouveau matériel et ça tombe bien, le trio féminin nous a offert une belle exclusivité, ça augure bien pour la suite. Bref, j’ai encore une fois adoré voir Rope Skills mais j’aurais aimé que le groupe se mérite une meilleure case horaire sur le festival.
Gorilla Biscuits
En voyant la programmation, le nom qui m’a probablement fait le plus sourciller était Gorilla Biscuits. C’est une énorme prise pour l’organisation que de faire venir ce groupe mythique de la scène hardcore new-yorkaise pour la première fois à Québec. Formé en 1986, la formation est vraiment à l’avant-plan de l’explosion du hardcore à New-York en compagnie de groupes comme Agnostic Front, Sick Of It All ou même Cro-Mags qu’on a pu voir à l’Agora le lendemain. Bref c’est un honneur de voir ce quintet se produire dans la Vieille-Capitale près d’une quarantaine d’années après sa formation. Et quelle performance des New-Yorkais qui ont vraiment occupé l’entièreté de l’immense scène alors que le chanteur Anthony Civarelli s’est pour sa part régulièrement retrouvé tout près de la barricade avec son micro pointé vers la foule. J’ai évidemment bien apprécié le message promouvant le véganisme par le chanteur avant de se lancer dans la pièce Cats and Dogs. Le groupe n’a pas une discographie bien garnie, on a donc pu entendre quelques reprises, dont l’incroyable interprétation de Minor Threat du groupe du même nom, vraiment un moment fort du spectacle. Quelle chance inouïe d’avoir enfin pu voir Gorilla Biscuits.
The Hives
Le genre de groupe qui se retrouve sur de nombreuses bucket lists, The Hives nous offre une rare visite en sol québécois et, surtout, une première visite à vie dans la ville de Québec. La formation suédoise est majoritairement connue grâce à la phénoménale Tick Tick Boom de 2007 ou bien Hate to Say I told You So de 2000. Pourtant, le dernier album « The Death of Randy Fitzsimmons » a vraiment été une des plus belles surprises de 2023, quel excellent projet.
The Hives est reconnu pour ses performances live énergiques, et ce spectacle a réussi à grandement dépasser mes attentes. Les musiciens habitent toute la scène de façon magistrale, sans oublier de nombreuses présences près du public grâce au catwalk ajouté devant celui-ci. Essayer de suivre le chanteur Howlin’ Pelle Almqvist est tout un sport, c’est vraiment un des leaders les plus captivants que j’ai jamais vu! On a eu droit à tous les succès du groupe en plus de plusieurs grosses pièces du dernier opus. Si certaines personnes ont trouvé que le spectacle était trop court, on est pourtant dans la moyenne pour un spectacle de The Hives et c’était sans aucun doute le meilleur show que j’ai vu de l’année.
TRUSH
On se transporte au Scanner pour terminer la soirée. J’y ai découvert la formation de Québec TRUSH qui nous offre une musique grunge avec un côté stoner. Un son bien intéressant, un peu nostalgique mais très bien exécuté. La présence d’une claviériste vient ajouter beaucoup afin que la formation puisse se démarquer dans un style beaucoup trop souvent guitare, basse et batterie uniquement. La foule a semblé bien apprécier la proposition du quatuor, n’hésitant pas à se rapprocher de la minuscule scène du bistro underground. Bref, une belle découverte d’un groupe local qui en est à ses premiers balbutiements, parce que c’est ça aussi la beauté des festivals, faire des découvertes.
Varlope
J’aime cette dernière formation de la soirée d’un amour profond. Varlope est cruellement sous-estimé selon moi. Des riffs intenses, un propos toujours pertinents tout en ayant quelques chansons plus légères et toujours du gros fun, quoi demander de plus d’un band punk québécois? Bon, à l’instar de Rope Skills, j’ai déjà couvert Varlope (justement sur un show avec Rope Skills) et aucune nouvelle musique n’est sortie depuis, alors je me permets un aparté. Guillaume et Olivier ont déjà joué sur au moins un album de MAP ensemble, alors ce n’est pas si hors propos que ça, en plus on a eu un retour de MAP à Envol l’an dernier. Bref, il m’arrive très régulièrement de penser à la chanson Jeune Vieux sur le dernier album du groupe qui est à propos des gens de gauche qui « s’adroitisent » en vieillissant. Phénomène qui est définitivement présent de nos jours mais dont je suis bien soulagé de voir que ce n’est pas ce qui m’arrive, même chose pour les membres de Varlope. De plus en plus la gauche a besoin de voix fortes et c’est beau de voir qu’il y en a encore qui sont prêts à crier leur indignation au lieu de s’adoucir. Merci MAP, merci Varlope, merci Achigan et merci à tous les groupes qui ne s’assagissent pas avec le temps.
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