Déluge de folk pas très propre avec Québec Redneck Bluegrass Project à l’Agora

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Le samedi 29 juin avait lieu à l’Agora du Port de Québec un triple plateau haut en couleurs. En entrée, on vous propose des yodels à la sauce cajun signé Margaret tracteur. En plat principal, une solide goulash punk-tzigane à la sauce Bohemian Betyars. Enfin, en guise de digestif qui te fait sentir ben plus cool, on a pu voir Québec Redneck Bluegrass Project.

Margaret Tracteur

C’est sous un déluge que commence la soirée avec Margaret Tracteur. Qu’à cela ne tienne, le public guerrier mélomane a bravé la pluie. La formation se compose des membres suivants : Gabrielle Noëlle Bégin (voix, guitare, gazou et banjo), Sandra Boulanger (violon) et Valéry St-Gelais (contrebasse) arborant fièrement un chandail More Women on Stage. Le trio nous donne plus que la preuve que la scène musicale gagne a avoir plus de femmes sur scène!

Le spectacle démarre avec une chanson ayant pour rengaine : « T’es plate comme la 20 qui nous sépare », une chanson énergique et sarcastique qui est suivie par C’était un accident, qui musicalement, peut d’abord être qualifiée de traditionnelle mais dérape tranquillement vers un cajun bluegrass à souhait. Bien sûr, les paroles sont trash : avec Gabrielle (Margaret) on ne fait pas dans la dentelle ni la langue de bois, même quand il s’agit de parler de violence conjugale.

Par la suite, Gabrielle dédie une chanson à son ami Nikos pour sa fête, intitulée Un singe avec du linge. Sa voix haute, digne d’un opéra, résonne dans la salle et donne de l’ampleur à ce texte qui questionne notre place sur Terre. Après tout, nous ne sommes que des primates avec du linge capable du meilleur comme du pire. Puis vient La fin des haricots, une chanson à saveur cajun où le violon de Sandra Boulanger fait giguer le public. La contrebasse minimaliste, voire binaire, nous fait aussi danser et ajoute une profondeur rythmique à cette chanson sur la pauvreté.

Le Yodel de Ferland-Boileau nous amène ensuite dans les sphères du yodel. C’est très entraînant et ouvre la table pour la pièce Moshpit à St-Dilon, une chanson à répondre très joviale. Le public, bien que trempé, se prête au jeu avec enthousiasme dans cette ambiance bon enfant. La pluie a peut-être refroidi certains, mais l’énergie de Margaret Tracteur reste inaltérable.

Bohemian Betyars

C’est ensuite au tour de Bohemian Betyars d’entrer sur scène. Le groupe hongrois définit son style comme suit : Balkan speed-folk freak-punk et je dois dire que même si l’étiquette est un peu longue, cela leur va bien. C’est donc dans une ambiance musicale très « chat noir, chat blanc » des temps modernes que s’inscrit la formation.

Celle-ci est composée de Levente Szűcs (guitare , chant), Máté Palágyi « Kakas » (violon, choeurs), Máté Mihályfi (guitare , tambourin), Gábor Fehér (basse) et Dániel Dankó (batterie). Malheureusement Domonkos Kondor (trompette) n’a pu être là faute de visa à temps (heureusement les petits chanceux présents au festival d’été de Québec quelques jours plus tard ont pu apprécier la performance « full band »).

Vous excuserez le peu de mots concernant les deux prochaines performances, mon cellulaire a failli mourir en prenant le peu de notes sous la pluie battante. Ce que j’en retiens principalement est que leur musique est très rythmée, vivante et colorée, un trait que l’on retrouve beaucoup dans la musique tzigane des Balkans. Je me rappelle m’être dit que le spectacle commençait trop intensément avec une énergie débordante mais la fougue n’a pas faibli et le groupe a su tenir le cap tout le long du spectacle. À noter que le guitariste Máté réussi à casser et changer une corde sans interrompre une de leur chansons : il faut admettre qu’à ce niveau, la musique c’est sacré!

La plupart de leurs chansons sont en hongrois et parfois en anglais dont le titre Rush, une belle critique de la société capitaliste sous forme de rengaine ska-punk bien lourde en guitare sur la distorsion. On apprécie l’usage du français, le groupe le fait très bien et ne se prive pas d’exprimer sa joie d’être à l’Agora même si le trompettiste n’a pas pu venir.

Une belle découverte pour ma part que je m’en vais de ce pas suivre sur les réseaux sociaux afin de ne pas manquer leurs nouveautés.

Québec Redneck Bluegrass Project

Le clou du spectacle et ce pourquoi la foule s’est déplacée pour braver le déluge est la formation Québec Redneck Bluegrass Project. Cela fait maintenant près de 15 ans que le groupe composé de Jean-Philippe Tremblay, alias JP Le Pad (guitare, voix), Nicolas Laflamme alias Capitaine Cool (mandoline, accordéon, banjo), François Gaudreault (contrebasse) et Madeleine Bouchard (violon) roule sa bosse. Ils choisissent Bombe météo comme introduction. Celle-ci ne peut être mieux choisie d’autant plus qu’il n’y a plus grande partie de mon corps au sec, même sous mon imperméable. « On n’est pas fait en mard’oie » annonce Le Pad devant son Ski-Doo. Certes, mais c’est facile à dire avec un toit sur la tête.

Plutôt que de faire de longs discours sur le spectacle, j’ai recueilli des témoignages à brûle-pourpoint d’amis du public qui n’en sont pas à leur première expérience du groupe :

Spectacle généreux de QRBP mais qui me laisse encore sur l’impression d’être plus intéressant sur une scène davantage intime – David N.

Le spectacle n’a pas été renouvelé pour les fans – Laurie V.

QRBP vieillit, ses fans aussi, faudra éventuellement trouver une alternative au spectacle de brosse. – Julien G.

Spectacle généreux : ils ont joué succès sur succès au grand plaisir des admirateurs; il s’agit d’un groupe en transition : l’influence du projet solo du chanteur est apparente et leurs nouvelles chansons sont prometteuses, mais sont probablement dédiées à un autre public : j’ai hâte de voir comment le groupe parachèvera sa professionnalisation! – Patrice V.

Pour ma part, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu QRBP sur scène mais je dois dire que j’aurais apprécié un peu plus de leurs pièces tirées de l’album « Scandales & bonne humeur ». Peut-être que le nostalgique en moi a trop d’attentes. Leurs plus récentes chansons tirées des albums « Royal Réguine » et « J’ai bu » restent très efficace auprès du public.

L’ambiance, quant à elle, n’est pas à se morfondre sur la pluie mais au party sur un méchant temps. C’est de la folie furieuse en avant de la scène, non seulement le moshpit est perpétuel mais les body-surfings pleuvent, les souliers et calottes revolent et le public devient hystérique en chantant à tue-tête les paroles poussées par JP LePad. Certains optent pour le complet en imperméable, d’autres pour le combo torse-nu/short/gougounes (gars comme filles).

Chu Ben plus cool su’a brosse clôt le spectacle sous la forme d’un long medley final de leurs plus grands succès. La foule en avant est toujours en délire, le chaos semble inarrêtable jusqu’à la dernière note. Je ressors de la prestation essoufflé, trempé mais conquis par l’ambiance. Cela reste un des meilleur spectacle su’l paty en ville!

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