Un samedi soir (presque) tout en rock à Limoilou en musique (+ photos du vendredi)

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On a l’habitude de voir la pluie s’inviter (un peu) à Limoilou en musique, et cette quinzième édition n’a malheureusement pas été l’exception à la règle. La soirée hip-hop du vendredi a été très humide et un orage a décidé de prendre la place de Sensei H, qui devait ouvrir les festivités avant de voir sa prestation être annulée par une pluie torrentielle qui aurait rendu le tout assez dangereux pour tout le monde.

Heureusement, le tout s’est calmé pour les prestations de Modlee et de Samian qui ont suivi. La première avait invité une bonne partie de la famille (KNLO, Caro Dupont et Eman) à venir chanter, danser et jouer de la flûte avec elle. Le deuxième s’est montré aussi festif que revendicateur avec son énergie rassembleuse et son rap bien ficelé autant en français qu’en anishinaabemowin. On a pris quelques photos de la soirée, vous les trouverez dans la galerie à la fin de l’article.

Fleur de peau

Par Jacques Boivin

Ironiquement, le plus beau moment météo de la fin de semaine s’est déroulé pendant qu’on était à l’intérieur pour entendre le duo Fleur de peau. Louis Fernandez et Élie Dubois Sénéchal viennent de lancer leur premier album intitulé « Contre-Sens » (le traducteur en moi aime le titre), et on avait bien hâte de voir comment cette synth-pop inspirée des années 1980, mais bien ancrée dans les années 2020, serait défendue sur scène.

Pendant que Louis s’amuse avec sa guitare et ses nombreuses pédales aux multiples effets, Élie chante de sa voix douce, mais juste. Quelqu’un me glisse que cette voix lui rappelle Mylène Farmer. J’pense qu’Élie apprécierait, et ouais, je suis plutôt en accord, surtout quand on entend la pièce-titre! J’avais aussi une autre image en tête, beaucoup plus actuelle celle-là : y’a du Bibi Club là-dedans!

La paire réussit très bien à transmettre son message et ses émotions à un public pas toujours attentif (après tout, on est au Nano Cinco et une bonne partie du monde est là pour boire une bière bien au chaud). J’ai beaucoup apprécié, le duo sait écrire de belles chansons aux mélodies très accrocheuses qui donnent le goût de se déhancher doucement. Un premier rendez-vous qui donnait hâte au prochain (qui aura lieu une semaine plus tard à la Fête de la musique de Québec).

TRAPS

Par Gilles Deleurme

Sous un ciel nuageux, TRAPS, un quatuor pop punk à la Green Day, a ouvert le bal devant une foule timide. Leur introduction énergique a rapidement réchauffé l’ambiance. Le morceau Don’t Do It a d’ailleurs su captiver mon attention avec ses rythmes accrocheurs, incitant aussi le reste des spectateurs à se laisser emporter.

Le groupe est composé de Matt et Nico à la guitare, Étienne à la basse et Guillaume à la batterie. Tout ce beau monde a d’ailleurs enregistré le plus récent album de la formation avec nul autre que Guillaume Chiasson (Bon Enfant, Ponctuation).

Au cours du spectacle, le moment fort est survenu quand le bassiste a poussé une note vibrante, déclenchant une réaction instantanée du public, comme le dit la chanson : Action, réaction! La performance de TRAPS, mêlant fougue et mélodies accrocheuses, a transformé une journée maussade en une fête musicale mémorable.

Enfants Sauvages

Par Gilles Deleurme

Samedi soir, la scène semblait brûlante pour la formation Enfants Sauvages et plus particulièrement pour Rox et Justine vêtues de tenues dignes de Flashdance à la sauce gothique, ainsi que le batteur Charles en chest. Dr Acula à la guitare et Max à la basse, quant à eux, restaient fidèles à leur garde-robe habituelle variant du jeans au cuir en passant par les accessoires punks. Vous l’avez compris, le groupe n’était pas là pour passer inaperçu. Malgré la menace de pluie ce soir-là, la chaleur était effectivement bien palpable et ce, dès les premières notes, avec une introduction digne des plus grands groupes de rock faisant vibrer le public.

Les morceaux étaient courts mais percutants, il faut dire que la durée moyenne d’une pièce est d’une minute et quart. Chaque morceau frappait fort, comme un serpent prêt à attaquer. Femme Serpent, titre de la prochaine chanson tirée de l’album « Arythmie », est dangereusement accrocheuse. Comme à son habitude, Rox fini par grimper sur le dos de Steve (Dr Acula), ajoutant une touche d’audace à une performance déjà débordante d’énergie.

Justine n’a pas été en reste, elle non plus, prenant le micro pour exprimer haut et fort ses opinions avec énergie et férocité. En plein cœur du concert, Rox a invité des jeunes à monter sur scène, distribuant des tambourines et encourageant tout le monde à se lâcher. La scène s’est transformée en un véritable festin familial, où headbanging et devil horns étaient de mise.

Le spectacle, un savant mélange de punk et de francophonie, a offert un moment de partage intense et fédérateur. Une soirée mémorable où la musique et l’énergie brute ont uni le public dans un tourbillon de décibels et de sourires. Que demander de plus?

Les Hôtesses d’hilaire

Par Gilles Deleurme

Place aux Hôtesses d’Hilaire, s’introduisant avec une cinglante critique de l’intelligence artificielle, plongeant le public dès les premières notes dans une ambiance cynique sous le medium de l’humour. Serge Brideau, tel un motard/fan fini de Guns N’ Roses des années 90 (note de la rédaction : on aurait aussi cru un hommage à Rudy Caya, de Vilain Pingouin, qui jouait le lendemain), lançait : « FEQ, vous êtes là? Le rock’n’roll est mort après les Hôtesses! » On ne pouvait plus le nier, les Hôtesses étaient là pour nous faire « toute » qu’un spectacle.

C’est ensuite Regarde moi qui brisa la glace sur un moyen temps, les messages engagés et critiques du conservatisme étaient omniprésents, laissant transparaitre l’âme d’un Serge acadien plus vert que jamais. Le point culminant de la chanson fut l’effeuillage du chanteur (presque) surprenant, dévoilant ainsi sa plus belle robe mauve éclatante.

Super Chiac Baby s’introduisit ensuite sous forme d’exutoire face aux politiques du premier ministre du Nouveau-Brunswick, il ne faut pas oublier que Serge brigue un siège au parti vert de la province. À noter les performances des musiciens qui permettent à la soirée de s’enflammer : Rémi Arsenault (basse), Maxence Cormier (batterie), Mico Roy (guitare) et Léandre Bourgeois (claviers).

Serge, quant à lui, utilisait les mots comme son instrument principal. « L’échelle du succès, c’est nous autres qui l’avons bâtie », affirmera-t-il pour continuer dans sa veine humoristique. Et ils en avaient ce soir-là de l’humour. Muni d’un seau à LEDs de quincaillerie, ils demandèrent à l’intelligence artificielle une chanson non discriminatoire : Une nouvelle pièce traitant des pieds plats fut créée et fit éclater de rire le public.

S’ensuivit l’excellente pièce fleuve de l’album « Touche-moi pas là », C’est Glenn qui l’a dit. Le groupe l’a mise au goût du jour avec à la place de poissons qui chient dans l’eau, l’exploration de thèmes nouveaux et audacieux, abordant le sexe via casques de réalité virtuelle impliquant entre-autres flesh-lights et dildos ou encore la politique fédérale, Un « Fuck Pierre Polièvre !» bien ressenti résonnait dans l’assemblée.

Le spectacle se termina avec le morceau Petit paradis sur le bord de l’eau, l’ambiance était déjà très dansante et le moshpit était, à ce moment précis, à son paroxysme. Je dois dire que je suis un peu coupable du chaos mais crisse que ça fait du bien. Même après plus de dix ans de tournées, albums et festivals le groupe donne un spectacle très original, musicalement impeccable et très entrainant.

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