Les mélomanes de Québec avaient l’embarras du choix en ce vendredi 2 février : d’un côté, il y avait Dominique Fils-Aimé et (plus tard) Les Deuxluxes au Grand Théâtre. De l’autre, Charlotte Brousseau donnait des frissons au Petit-Champlain. Et moi, à travers tout ça, j’avais opté pour Le Pantoum, qui commençait sa saison hiver 2024 avec mon auteur-compositeur-interprète préféré de la dernière décennie : Antoine Corriveau.
Une première visite du grand Montréalais dans notre deuxième salon. Une visite qu’il a effectué seul, armé de quelques guitares et d’un p’tit piano électrique. On a revisité quelques pièces de ses albums précédents, mais Antoine en a aussi profité pour en étrenner de nouvelles, un avant-goût d’un nouvel album sur lequel il travaille depuis un certain temps.
Dans la salle, beaucoup de visages que je reconnaissais, mais que je ne voyais pas souvent au Pantoum, où la moyenne d’âge est généralement beaucoup plus basse. C’était pas plein, mais c’était un cas où la qualité surpassait de loin la quantité : l’écoute était religieuse, les applaudissements bien nourris.
Entrant sur scène au son de We Are the World (on a écouté Netflix récemment?), l’artiste commence sa prestation très fort : Les trous à rats, ma chanson préférée de « Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter ». Avec comme seul instrument le piano, cette pièce qui se portait comme une chape de plomb sur l’album était ici beaucoup plus douce et légère, ce qui n’a pas empêché quelques larmes de se trouver sur mes joues pendant que je tentais tant bien que mal de prendre quelques photos.
Pour la suite du spectacle, on a vu Antoine alterner entre le piano et la guitare, passer de pièces de « Pissenlit » et « Cette chose… » à d’autres, toutes neuves et jamais jouées en dehors du contexte de la mini-tournée. Certaines, déjà pas mal dépouillées comme Un arbre, sonnaient comme les versions originales, mais d’autres, comme Quelqu’un et Ils parlent (deux pièces qui rockent pas mal en temps normal), sont tout simplement magnifiques toutes nues.
Évidemment, le spectacle est ponctué de pointes d’humour parce que tsé, tu peux pas chanter de chansons tristes sans faire quelques blagues pour alléger l’atmosphère. Nous autres, on écoute tout ça très attentivement, très activement même. Le niveau d’écoute était incroyable pour un show où tout le monde était debout (j’vous jure, si ça avait été présenté en mai ou en septembre, on se serait toustes assis.es par terre).
Difficile de dire si les nouvelles pièces sont fidèles à ce qu’on va entendre sur le prochain album parce qu’on sait pas si Antoine va y aller pour le minimalisme de « Feu de forêt » ou pour le trip à 817 batteries de « Pissenlit » (j’exagère à peine), mais mélodiquement et poétiquement, le gaillard a montré qu’il était pas pire en forme.
Au rappel, on a même eu droit à une « très vieille » chanson de « St-Maurice/Logan », le premier album d’Antoine. J’ai profité pleinement de Sur l’autoroute, parce que ça n’arrive pas souvent.
Un show solo de Corriveau non plus, ça n’arrive pas souvent. Et pourtant, c’est une expérience enrichissante. L’artiste est un créateur d’atmosphères hors-pair, les arrangements entourant la plupart de ses chansons sont incroyablement riches, tellement qu’on oublie parfois qu’à la base, il y a des textes superbement écrits et des mélodies uniques. Entendre le tout sans artifices, ça nous permet de renouer avec ces aspects ô combien essentiels.
It’s true we’ll make a better day, just you and me, qu’ils disaient.
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