Sandra Contour – Photo : Jacques Boivin

La fascinante douceur de Sandra Contour

5 février 2024

Stéfanie Cantin

Miaw, Miaw,

C’est le 1er février au soir, direction l’Ampli de Québec sous une météo aux allures de tempête.

Nous voilà installé.es au chaud devant un feu sur grand écran. La régie de l’Ampli en module le crépitement. Sur la scène, une paire de pantoufles crochetées, un fauteuil marron, une contrebasse, un banjo et une boîte mystérieuse s’exposent à nos yeux. En libre-service, l’artiste nous offre chocolat chaud et guimauves dans un lot de tasses dépareillées. Tout est en place pour se sentir dans un salon au chaud lorsque l’hiver poursuit sa noirceur à l’extérieur. Nous sommes dans le salon de Sandra Contour.

Comment décrire le spectacle? La talentueuse Jeannoise Sandra Contour est malcommode, authentique et profonde. Elle fascine! Des thèmes sérieux abordés avec pince sans rire se laissent tomber dans les oreilles attentives du public. À certains moments, des éclats de rire et des rires jaunes s’unissent à des sourires. Les interludes sont bien animés par l’artiste et son acolyte saguenéen, Pierre-Antoine Tanguay (contrebasse, banjo et parfois voix), qui rivalisent sur leurs différentes expressions. Une rivalité susceptible de ranimer la flamme d’un spectateur originaire du Lac Saint-Jean ou du Saguenay.

La suite de chansons qu’elle guide à la guitare s’entame avec « Rêver c’est pour les autres », se poursuit avec l’incontournable « J’avais pas mon téléphone », dont une vidéo est récemment sortie, puis elle termine avec « La maison est de travers ». Au fil de ses chansons mélodieuses et bien senties, quelques imprévus dignes d’un subconscient averti se produisent. Entre autres, d’oublier le prochain couplet donnant la suite au refrain se terminant par je suis perdue. Épique. Confusion et rire du public questionnant l’aspect volontaire du moment.

Le spectacle folk prend une autre allure avec l’entrée de l’ordinateur sur scène pour la durée d’une chanson. Sous un déhanchement imperceptible, elle nous invite à danser sur une musique entraînante sans que son rythme de voix le soit. Applaudissements et rires marquent la transition vers le prochain morceau. La boîte mystérieuse se dérobe enfin en merveilleuse Crankie box, humblement intitulée: Histoire de Botcheux. Accompagnée de Pierre-Antoine Tanguay à la guitare, elle chante et nous défile l’histoire d’un village qui se fait jeter des mégots par les décideurs d’en haut. Tangué avec humour, ce moment partagé avec l’artiste pouvait ressembler à un exutoire collectif.

Dans un rappel intime, elle nous offre une nouvelle chanson évolutive sans titre déterminée qu’elle a composée lors de sa dernière résidence. Et pour la fin, est-ce que vous pouvez croire que tout se termine par une prestation incomplète en « anglais Â» de la chanson « I lost my baby » de Jean Leloup? Ceci sonne improbable? C’est cette entièreté et cette authenticité de l’artiste qui nous amènent à en vouloir plus et souhaiter la revoir en spectacle ce printemps.

Son lancement d’album (disponible le 10 mai) est prévu le 23 mai au Pantoum et elle sera accompagnée de plusieurs musiciens qui ont contribué à l’oeuvre. C’est un spectacle au cours duquel il y aura assurément de l’inattendu. Pour ma part, c’est un spectacle à réserver au calendrier.

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