Valence – « La nuit s’achève »

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C’est un secret pour personne, on aime beaucoup Valence. On aime la richesse de ses arrangements, la beauté toute simple de ses textes, le caractère unique et intemporel de ses mélodies. « Pêle-Mêle » était un magnifique album, du genre difficile à surpasser, qui nous a laissé de nombreux beaux moments. La barre était haute pour son successeur.

« La nuit s’achève » est maintenant disponible, et il reprend les meilleurs aspects de son prédécesseur à la puissance mille. Réalisé par nul autre qu’Alexandre Martel, ce nouvel opus de douze pièces aurait pu paraître en 1977, en 1989 ou en 2014, et il aurait été dans l’air du temps. Comme un vieux jean, cet album ne sera jamais à la mode, mais il ne sera jamais démodé. Album concept sans en être un, « La nuit s’achève » est un album romantique qui ne tombe jamais dans le cucul ou le quétaine et qui s’écoute comme on vit une nuit d’insomnie.

Cette collection de douze chansons est empreinte de douceur et de nostalgie, même dans ses moments les plus entraînants. Malgré leur apparente sobriété, les arrangements sont d’une grande richesse, comme on pouvait s’y attendre. Le côté chamber pop y est beaucoup plus apparent que sur « Pêle-Mêle », et c’est très bien ainsi.

C’est ainsi que dès les premières notes de Petit singe, la voix douce et chaleureuse de Vincent Dufour nous accueille. Ça commence tout doucement, piano-voix, mais vite, la batterie et les guitares embarquent avant d’entendre une belle touche de saxophones (au pluriel). C’est exactement comme vous vous l’imaginez : c’est comme si on serrait Vincent dans nos bras et qu’il nous étreignait de plus en plus fort au fil de la chanson.

Ces moments doux sont nombreux sur l’album (nostalgique Emmanuelle, magnifique Quand rien ne bouge et ne vit, introspective Mais je sais que tu m’attends), mais on y retrouve aussi quelques bonnes passes de pop-rock : Depuis Marseille nous tient sur nos gardes pendant les couplets, et au refrain, Dufour sort un de ces phrasés rythmés dont lui seul a le secret. La mélodie est accrocheuse pas possible! À notre première écoute d’À la manière, on est tombé dans le piège : ça commence tellement doucement avant de prendre une tournure soul-rock irrésistible. La finale va être cathartique sur scène.

La nuit d’insomnie passe lentement, jusqu’à la pièce titre, puis arrive ce petit bijou lumineux intitulé Qu’il m’a fait bon. Dufour est bon pour chanter la tristesse, mais il excelle quand il met un peu de lumière au bout de son tunnel. On se surprend à hocher la tête doucement au rythme de cette pièce pas mal dépouillée (par rapport au reste de l’album). Mais on vous avertit, la lumière est un brin vacillante…

Déjà pas pire pantoute pour écrire de belles chansons, Vincent Dufour a encore aiguisé sa plume. La poésie de ses textes est aussi riche que les arrangements qui les appuient. Ça demeure simple, Dufour n’est pas du genre à tomber dans les vers opaques que personne ne peut comprendre, et il se dégage beaucoup d’émotions fort palpables à travers les paroles. Je ne serais pas étonné de voir qu’un jour, l’auteur-compositeur soit reconnu comme un de nos excellents paroliers (il a beau avoir de l’expérience, notre Vincent, il est encore tout jeune et il s’améliore à chaque effort).

Et bon, même si le projet est porté par Dufour, celui-ci est bien entouré : Raphaël Laliberté-Desgagné (guitares, pedal steel, saxophone), Antoine Bourque (guitares, saxophone, piano), William Lévesque (pas mal tout ce qui a un clavier), Aubert Gendron-Marsolais (batterie et percus) et Cédric Martel (basse) sont fidèles au poste, mais vous pouvez aussi ajouter les Mommies on the Run aux cordes, Odile Marmet-Rochefort et Ariane aux choeurs (y’a aussi Lou-Adriane Cassidy, Clara Bernier-Turgeon et Joey Proteau qui ajoutent leurs voix ici et là), Alexandre Martel et Vincent Neault à la petite gang qui ajoute une touche de beau à l’univers de Valence. Notons également l’excellent travail de David Boulet-Tremblay à la prise de son et au mixage, qui fait sonner cet album aussi bien que n’importe quelle grande prod internationale.

Quand on apprend tout le mal que Vincent Dufour s’est donné pour écrire cet album – les nuits d’insomnie ont été nombreuse – on se dit que le jeu en a valu la chandelle. On a ici un sérieux aspirant à notre palmarès de fin d’année.

Et on pourra voir Valence en spectacle ce printemps, notamment au Pantoum les 9 et 10 mai prochains. On vous avertit par contre, c’est déjà TRÈS complet. Mais rien ne dit qu’il ne grimpera pas sur les planches de quelques festivals cet été. À surveiller!

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