Soirée hardcore unique au Pantoum avec Don’t Try et invités

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Rare occasion au Pantoum le 14 décembre dernier : quatre bands hardcore se partageaient la scène de St-Sau. Les groupes montréalais Shut Away et Bruiserweight ainsi que la formation ontarienne Rust se succédaient avant de laisser la place à Don’t Try, de Québec, pour le lancement de « Shoe Knife EP ».

Shut Away

Move this shit Québec, let’s go tabarnak! -Shut Away

Avec leurs EP plus qu’excellents « Severity », « Internal Conflict » et « What Now Cruel World », Shut Away s’occupe d’ouvrir cette soirée qui s’annonce tout sauf tranquille. Groupe de Montréal formé de Nicolas Lambert (voix), John Parthenios (guitare), John Donnelly (guitare), Bine Robusto (basse) et Gabriel Lescarbeau (batterie), cette formation est à l’avant plan de la scène hardcore montréalaise. Le quintette ne passe pas souvent dans la Vielle-Capitale, j’avais donc très hâte d’enfin le voir sur scène. Dès les premières notes, l’effet « fer à cheval » se crée, c’est-à-dire que la foule forme un énorme trou dans le milieu du parterre pour les moshpits – et des moshpits, il y en aura tout le long de la performance. On a droit à un petit avant-goût du prochain groupe : Alec de Bruiserweight vient chanter une pièce avec eux. Shut Away joue tellement fort qu’un fusible lâche en plein milieu de la prestation. Ça donne une bonne idée du genre de spectacle auquel on assiste! Aucune déception pour mon premier show du groupe, j’ai déjà hâte de les revoir dans la région.

Bruiserweight

C’est maintenant l’heure de Bruiserweight, également de Montréal. C’est leur premier spectacle à Québec, et le groupe est visiblement attendu de pied ferme. Dès la première chanson, plusieurs personnes s’empilent à l’avant de la scène pour crier les paroles. Le groupe est formé d’Alec (guitare), Nicholas (batterie), John (guitare – c’est le même John que celui de Shut Away), Ryan (basse) et Grayson (voix). On continue, en toute cohérence avec Shut Away, à entendre du hardcore punk lourd et rapide joué dans le tapis. Il n’y a qu’un démo de quatre pièces de disponible, sorti en juin dernier, mais ce quintette nous offre quelques nouveautés inédites qui sont d’une puissance ahurissante. Le chanteur invite le public à plonger à partir de la scène, et son vœu sera exaucé par plusieurs téméraires. Encore une fois, ça se donne à coeur joie dans le moshpit, et on voit clairement que Bruiserweight est particulièrement apprécié alors que ça saute, ça se pousse et ça crie comme si ce groupe était la tête d’affiche. C’est probablement la formation qui m’a le plus impressionné de la soirée, compte tenu du fait qu’elle a très peu de chansons enregistrées. J’ai vraiment été ébloui par la prestation et spécialement par les nouvelles pièces. À voir l’accueil des fans de Québec, on ne peut qu’espérer les revoir tôt ou tard ici.

Rust

Seul groupe non-québécois de la soirée, Rust a fait la route depuis Barrie en Ontario pour venir jouer au Pantoum. Formé de Tommy Woods (voix), Rick Beaulieu (guitare), Rob Beaulieu (basse) et Dillon Foret (batterie), le groupe reste encore dans le hardcore agressif. Depuis 2019, le quatuor a produit une vingtaine de chansons, toutes plus lourdes les unes que les autres. Ceci dit, on nous offre ce soir quelques nouvelles pièces, qui sont exceptionnellement percutantes. Les moshpits et plongeons de foule se poursuivent de plus belle durant cette performance, et on assiste à de bonnes scènes de brasse-camarades comme on les aime. Le groupe fait appel à « Sudden » Gab de Shut Away pour interpréter une chanson à la batterie. Ce beau moment démontre bien que la scène hardcore est très unie, au-delà des frontières provinciales. En toute honnêteté, c’est le groupe avec lequel j’étais le moins familier, et j’en ai un peu honte : j’ai été tellement subjugué, clairement que j’ajouterai certaines pièces à ma rotation régulière.

Don’t Try

C’est le premier show hardcore du Pantoum, faites qu’iels s’en rappellent – Don’t Try

Effectivement, ce n’est pas un style qu’on entend régulièrement au Pantoum, et à voir la réponse du public, il y a fort à parier que l’équipe de la salle va s’en souvenir. Don’t Try, groupe local formé de Maxime Maltais (voix), Louis Ladouceur (guitare), Olivier Roy (basse), Antoine McNulty (guitare) et Alexandre D-Drouin (batterie) roule sa bosse depuis une bonne dizaine d’années déjà. C’était le lancement officiel de « Shoe Knife EP », qui est pourtant disponible depuis le mois de juin. Si la foule était en feu pour les premières parties, ce n’est rien comparativement ce qui se passe pour la tête d’affiche. On pourrait croire que tout le monde connait les paroles par coeur, et chacun.e montre ses meilleurs mouvement de danse hardcore. Pour le EP, le groupe a fait appel à Andrew Neufeld (de la légendaire formation winnipégoise Comeback Kid) à titre de producteur. On sent clairement un gain en maturité et une belle cohésion entre les pièces du projet. Une chose qui démarque le son du groupe est définitivement l’utilisation d’effets sur les guitares. On n’a qu’à penser, parmi bien d’autres, à The Golden Dog ou le monoplage The Devil’s Breath. Ces deux pièces suscitent une énorme réaction durant le concert, d’ailleurs.

Ce show passe tellement vite! Ce qui est réellement mémorable, c’est que le groupe réussit à obtenir des circle pits de qualité, ce qui est plutôt rare au Pantoum. Manifestement, les fans de Don’t Try sont particulièrement crinqué.es et prêt.es à obéir à toutes les demandes du chanteur. Ce dernier invite d’ailleurs le public à venir plonger depuis la scène : « Ce stage-là, c’est à vous, » s’exprime-t-il. Évidemment, on voit donc une grande quantité de stage dives du début à la fin, alors que les musiciens, quant à eux, n’arrêtent pas de sauter partout, de gauche à droite de la scène. En 2023, j’ai assisté à trois spectacles du groupe, tous dans des contextes différents, et aucun ne se ressemblait le moindrement. C’est un des aspects principaux qui m’attire chez eux, ils ont définitivement un côté imprévisible. Mentionner que chaque spectacle de la formation est unique, ce n’est pas des paroles en l’air. Pour la dernière pièce, Crumbs, on fait allumer les lumières dans la salle avant d’annoncer : « Nos premiers shows étaient dans des sous-sols d’église avec les lumières allumées, on veut vous voir bouger. » Et la foule vire complètement folle à cet instant ; rares sont les personnes immobiles pour cette dernière chanson, question d’offrir une conclusion avec un énorme point d’exclamation.

C’était donc toute une soirée dans la salle de St-Sau, où se sont multipliés les breakdowns et le brasse-camarade. Il se passe clairement quelque chose de spécial dans la scène hardcore en ce moment à Montréal, avec des groupes comme Shut Away et Bruiserweight, parmi tant d’autres, qui font tourner les têtes de plus en plus. Visiblement, la scène ontarienne se porte également très bien, en tous cas c’est l’impression qu’on a quand on voit Rust sur les planches. La région de Québec tire également son épingle du jeu : Don’t Try faisait partie des groupes à l’avant-plan ici. C’est avec des gros spectacles comme celui-ci que le mouvement prendra de l’ampleur et restera en santé. D’ailleurs, les quatre formations ont mentionné à quel point ça faisait du bien de voir une salle ouverte à tous les âges, ce qui aide évidemment à créer une relève. Je ne crois pas qu’on va se mettre à voir des shows hardcore à tous les mois au Pantoum, mais une fois de temps en temps, ça serait fort agréable.

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