Je devais avoir 12 ou 13 ans quand je passais une grande partie de mon temps sur le forum de discussion d’Exterio, à l’époque de leurs premiers albums. C’est sans aucun doute le groupe que j’ai vu le plus souvent en spectacle et ça a clairement contribué à mon amour pour la musique québécoise. Malgré tout, ça faisait une douzaine d’années que je ne les avais pas vus sur scène, je n’avais donc aucune bonne raison de manquer leur passage à L’Anti Bar & Spectacles le 9 décembre dernier.
Kouarrg (et une surprise)
C’était le premier spectacle de la nouvelle formation punk Kouarrg qui avait droit à un Anti sold out pour l’occasion. Le groupe de Neuville est formé de Moss Moisan (basse), André Rochon (guitare), Gérald « Max » Doré (batterie) et Éric Roberge (guitare et voix). Les deux derniers sont aussi membres de la formation punk trad Carotté qui était en pleine tournée des fêtes. Ça a beau être le premier concert du groupe, il y a déjà un EP de disponible intitulé « Réaction Allergique ». On entend évidemment les pièces de ce microalbum en plus de reprises punk étonnantes de Francis Cabrel ou même Non, Je Ne Regrette Rien d’Édith Piaf. Pour le matériel original du quatuor on est dans le punk rock classique, le genre de punk rock qui donne le goût de faire des kickflips et des boardslides en faisant des fingers en direction des autopatrouilles. D’ailleurs avec des titres comme Réaction Allergique ou Ostie Ch’tanné on peut facilement deviner les sujets de prédilection du groupe.
Tel que mentionné, le chanteur et le batteur évoluent au sein de Carotté, par contre avant celà ils étaient de la formation Eric Panic qui a connu un certain succès avec des vidéoclips présentés à MusiquePlus. Eric Panic et la tête d’affiche, Exterio, ont déjà performé ensemble à maintes reprises, particulièrement lors de la tournée Exter-Panic en 2005. Le groupe avait donc préparé une surprise, d’abord au public, mais également aux membres d’Exterio; Eric Panic s’est reformé le temps de deux chansons avec la présence de Julie Panic à la guitare et voix et de Jeff Panic à la basse. Le quatuor devenu sextuor pour l’occasion a donc joué les deux premiers succès, Récréation et Les Majeurs Fendent L’Air. Notons la présence du fils de Julie et Rick, Zachary qui, enfant, avait prêté sa voix à l’introduction de Récréation, il a donc recréé cette intro maintenant devenu adulte. Tout un moment de nostalgie et la foule a véritablement capoté, la grande majorité des personnes présentes chantaient l’entièreté des paroles tout en se donnant à coeur joie dans le moshpit. Vraiment une incroyable surprise qui marquera à jamais cette première prestation pour Kouarrg.
Exterio
Comme indiqué en introduction, j’écoute Exterio depuis l’adolescence, je les ai vus en spectacle d’innombrables fois; à Québec, à Lévis, dans Bellechasse, même à Victoriaville. Suite à leur séparation en 2011 et leur retour en 2014, j’étais vraiment dû pour les revoir live. Maintenant un quintet avec le chanteur et guitariste Martin Brouillard, le guitariste Martin « Loots » Laframboise, le bassiste Dominic Racine, un des premiers chanteurs Daniel Gosselin fait son retour dans la formation à la guitare et le membre fondateur Daniel Mayrand derrière son immense batterie. Ce dernier s’est d’ailleurs fait un peu attendre, prenant un moment dans la loge pour se remettre de ses émotions de revoir Éric Panic quelques instants auparavant.
La prestation s’ouvre sur Le Savant Fou, premier extrait de leur second album. Dès les premières notes la foule se fait un plaisir de se pousser joyeusement tout en chantant les paroles. Sans le souligner vraiment, l’année 2023 marque les vingt ans de leur premier effort « Vous Êtes Ici! », plusieurs succès de cet album font évidemment partie du spectacle, dont Chien Blanc et 450. Le groupe pige également parmi les pièces de leur gros projet en trois parties « L’Album Monstre ». D’ailleurs les puissantes Mettez Des Bombes Dans Mes Oreilles et Le Seigneur Des Agneaux incitent certaines personnes à faire du body surfing ou des circle pits. Une chose qui est évidente immédiatement est la synchronicité et la chimie du groupe, particulièrement lorsqu’on prend en compte le nombre très limité de concerts effectués dans les dernières années. Le quintet se sent définitivement festif, commandant des shots dès la première interlude du spectacle.
Une section du concert est prévue pour les demandes spéciales, toujours impressionnant de voir les musiciens être capables de jouer pratiquement toutes les pièces de leur répertoire au hasard. Pour cette section, ils ont fait monter sur scène deux fans qui célébraient leurs anniversaires, chacune a eu droit à une demande personnelle. Le groupe s’est lancé d’abord dans Sylvester Stallone suivi de Pédalo, toutes deux issues du deuxième opus « Le Délire Du Savant Fou ». Pour compléter le bloc improvisé, le choix de « Loots » est la reprise de Léandre Éthier Goodbye My Love et le batteur de son côté choisit Psycho (Obsession Malsaine). Après cette section on passe à la partie « gros succès » du catalogue, Whippet, Saint-Po, Le Complot, Bonhomme 7h et Campanile. Évidemment la foule s’est gardée ses plus gros moshpits pour ces chansons, dont un fameux wall of death durant Bonhomme 7h, pareil comme dans le bon vieux temps. Si Campanile devait être la clôture du spectacle, les gars ont plutôt opté pour jouer C’qui Vient D’se Passer pour une parfaite conclusion où Rick et Julie Panic ont été invité.es sur scène alors qu’une partie de la pièce fait référence à la tournée Exter-Panic.
Ce fut une incroyable soirée empreinte de nostalgie, d’abord le retour inespéré d’Éric Panic pour ensuite vivre un spectacle d’Exterio plus que merveilleux. Je me suis surpris à chanter les paroles du début à la fin, même pour des chansons que je n’avais pas entendu depuis des années. Les obligations professionnelles font en sorte que le groupe performe rarement, pourtant le quintet offre toujours une solide prestation et mérite complètement d’être nommé parmi les groupes rock québécois des années 2000 les plus importants. Chose certaine, cette fois je n’attendrai clairement pas douze ans pour les revoir.
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