Si vous avez besoin d’un peu de douceur pour passer tranquillement de l’automne à l’hiver, ce premier effort complet de l’auteur-compositeur-interprète Georges Ouel est exactement ce dont vous avez besoin.
Composé de neuf pièces, cet opus de près d’une demi-heure se veut une série de réflexions sur le temps qui passe et qui laisse constamment de nouvelles marques au passage. Reste l’amour, qui est et sera toujours intemporel.
Avec sa grosse voix grave, Ouel peut sonner comme Brassens. On l’avait d’ailleurs déjà relevé sur son précédent EP (« Les monomanies du bonheur, face A »), surtout qu’il partage avec la légende un amour des jeux de mots savoureux et de la grande poésie de l’infiniment petit.
Mais Ouel n’est pas Brassens, et sur l’album, il nous le montre très clairement. Derrière ses fort jolis textes, il y a la musique, et celle-ci ne sert pas que de véhicule pour transporter les mots. Oh que non! Dès les premières notes de Crevette, qui ouvre l’album avec une subtile touche de country, Ouel nous donne envie de hocher doucement la tête tout en tapant du pied au rythme de la batterie. Ça ferait même une bonne toune de slow danse en ligne. Cela dit, faites semblant d’être surpris.es si je vous dis que l’album a été réalisé par… Alex Burger.
C’est pas la seule pièce teintée de country : Tendinité se rapproche peut-être de la chanson traditionnelle, mais les arrangements nous font davantage penser à des vergers et à des champs de maïs de la Montérégie qu’à un café enfumé.
Y’a aussi une bonne dose de pop-rock vintage aux accents folk et blues sur « Le ciment des âges ». La pièce Fou des cascades a un petit côté beatlesque tout en offrant des arrangements d’une grande richesse. Oiseaux goûte le blues, mais c’est fait tout en subtilité.
Et oui, il y a de la « chanson » proprement dite : Sans faute, et surtout Au pays des cabots, sont clairement des chansons à textes. Mais la deuxième, avec ses petits bouts instrumentaux, nous laisse le temps de digérer doucement chacune des paroles prononcées par Ouel. Heureusement, parce que le texte de cette chanson est à mon avis celui qui fleurit le plus. De la poésie à l’état pur.
En mélangeant plusieurs niveaux de langue, passant sans gêne d’une forme soutenue à un français pas mal plus populaire, Ouel s’est créé un champ poétique bien à lui, un champ qui fleurit beau temps, mauvais temps, grâce à cette fine maîtrise de la plume.
Du beau doux. Du doux pas déprimant pour une seconde, bien au contraire. Parce que même dans les moments les plus tristes, y’a Ouel qui nous rassure avec sa bienveillance.
« On est tous un peu plus fou qu’un autre, et moi, je suis fou d’amour pour toi. »
Même si tout va mal, on est encore capables d’aimer.