Engagé ou juvénile, c’était très punk au Pantoum avec DVTR et Élégie

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C’est fou combien l’énergie peut être différente d’une soirée à l’autre au Pantoum. Discothèque branchée de la Côte d’Azur le vendredi, la voilà qui se transforme en dive bar plein de p’tit.es bum.mes le lendemain. Compte rendu d’un 21 octobre où différentes nuances de punk se mélangeaient joyeusement.

DVTR

Par Maxime Beaulieu

Si la veille on avait droit au party électro-pop de Le Couleur, sa chanteuse Laurence Giroux-Do était de retour samedi soir pour nous présenter son duo punk DVTR avec JC Tellier. Ce dernier qu’on a connu dans Gazoline est aussi guitariste de tournée de Le Couleur. Le groupe n’a que trois chansons de disponibles mais un EP avec trois autres pièces verra le jour officiellement en novembre, bien qu’il était déjà possible de se le procurer en format cassette. DVTR, ou « D’où vient ton riz? », ne se prend pas nécessairement au sérieux, ayant une panoplie d’instruments – tambourine, flûtes, etc. – sur la scène en invitant le public à se gâter à en jouer. Peu de gens répondront à l’invitation ceci dit. Malgré ce côté ludique, le groupe a définitivement des revendications sérieuses, comme proposer la vasectomie obligatoire sur Vasectomia ou bien dénoncer les profits engendrés par l’industrie funéraire dans Crématorium. Rarement un duo n’aura déménagé autant, avec l’aide d’un séquenceur pour faire office de percussions on nous offre du punk à l’état brut qui brasse. Le public a clairement apprécié la performance bien qu’il soit resté assez tranquille et réservé. Durant la courte prestation on en a vécu des affaires, Laurence a enfanté une petite statue de E.T., on a eu droit à une reprise étonnante de Pied de Poule et on a terminé le concert accroupi sans qu’on nous demande de se relever et sauter comme il est devenu un peu cliché de le faire. Bref tout un spectacle pour ce groupe qui a immédiatement fait tourner les têtes à sa création et qui inspire énormément de curiosité et d’intérêt déjà.

Élégie

Par Jacques Boivin

Après cette prestation flabbergastante de DVTR, on va vous avouer que les quatre petits bums de bonne famille d’Élégie avaient l’air mauditement straight. Et ça, c’est pas quelque chose qu’on peut souvent dire. Faut quand même observer que si le groupe a encore ce petit côté bon enfant qui les a rendus si attachants au fil des ans, il est aussi devenu beaucoup plus tight.

Mes attentes étaient élevées. « Romantisme », sorti la veille, est un méchant bon album de punk de chambre et l’exécution en studio était pas loin de la perfection. Les quelques nouvelles pièces qu’on avait eu la chance d’entendre à St-Roch XP semblaient déjà bien rodées, j’attendais ce show-là avec une brique et un fanal, le carnet d’insultes bien prêt si jamais le tout n’était pas à la hauteur de ces attentes stratosphériques.

Heureusement, Lawrence, Maxence et Alex (pis Antoine à la batterie et au menage de claques) étaient plus que prêts. La première partie du show était consacrée à « Romantisme », et le monde était plus que réceptif et connaissait déjà très bien les extraits déjà sortis, même la pièce titre pourtant sortie la veille. On soupçonne que beaucoup ont écouté l’album en boucle dans les 24 heures qui précédaient le show.

Dans son coin, Alex était ben tranquille, pendant qu’Antoine malmenait sa batterie en haranguant la foule. Maxence bougeait tellement qu’il était insaisissable (parlez-en à notre photographe). Et Lawrence était bien solide à l’avant, ayant enfin plus l’air d’un chanteur/frontman que d’un p’tit clown qui dit des pitreries parce qu’il est pas trop à l’aise devant la foule.

Comment dire? C’était tight. Très tight. Et très bon. Confettis et TDP sont des pièces sur mesure pour la scène. Y’a quelque chose de cathartique dans le fait de crier « je n’ai jamais rien vu d’aussi beau » entouré de plus d’une centaine de personnes qui font la même affaire. Ça fait tellement changement de « fuck you, I won’t do what you tell me » que ça devient une forme de rébellion en soi.

On voit clairement que le courant parle entre le groupe et sa génération. L’amour a beau être intemporel, la façon dont il se vit aujourd’hui est pas mal différent de ce qu’ont vécu nos aïeux. Et pas question de regarder en arrière, la génération actuelle veut pouvoir aimer librement et profiter au maximum de la vie (pendant qu’il en reste encore). Ça donne un paquet de monde au parterre qui s’identifie aux textes de Lawrence et qui trouve donc que ça fait du bien de s’énerver en chantant très fort.

C’est quand on est revenu au vieux stock qu’on a pu prendre toute la mesure de l’évolution d’Élégie. Le quatuor en a fait, du chemin, depuis la première fois que j’ai pitché (amoureusement) de la bouette. On voit combien cette énergie brute s’est raffinée. On sent que les bums s’assagissent, mais pas trop (laissons le mom-and-dad-punk à Vulgaires Machins pour le moment).

Alors ne vous inquiétez pas, les membres d’Élégie ne se promènent pas encore en Tesla de l’année malgré leur signature chez Simone Records. Ils ont juste fini par comprendre ce qu’on avait saisi dès le départ : ils ont le pouvoir de faire danser toute une génération en chantant l’amour avec plein de A, petits et grands, et ils le font mieux que jamais.

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