NOTRE POINT DE VUE UNIQUE SUR LE FESTIVAL ENVOL ET MACADAM 2023

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On a une relation particulière avec le Festival Envol et Macadam. D’un côté on a un immense respect pour les gens de l’organisation mais d’un autre depuis plusieurs années la présence de femmes et personnes de diversités de genres sur la programmation est plutôt mince. Cette année, au lieu de rester dans notre coin à se plaindre, on a décidé d’offrir une couverture paritaire. Cinq groupes avec présence féminine (Un sixième, Enfants Sauvages, était de la programmation mais nous ne pouvions y assister, ce n’est que partie remise, on les revoit à L’Anti Bar & Spectacles bientôt.) et cinq autres groupes. Voici le résumé de notre fin de semaine punk d’un angle un peu différent des autres couvertures du festival.

Le festival s’ouvrait jeudi le 14 septembre à L’Anti Bar & Spectacles avec une soirée punk-rock, On y était pour Drunktank et Ten Foot Pole. Vendredi, on s’est transporté à l’Agora du Port de Québec pour la soirée 100% québécoise, on y a vu Hate It Too et Groovy Aardvark avant de se déplacer du côté du Scanner Bistro pour assister aux prestations de deux jeunes formation Chyenex et Fumigènes. De retour samedi à l’Agora pour la dernière journée du festival, le seul groupe entièrement féminin de la programmation, Crachat, y était. On vous parle également de Don’t Try et de la réunion de MAP. On s’est finalement rendus au Quartier de Lune pour terminer la fin de semaine avec The Lookout.

Drunktank

C’est la première fois en Amérique du Nord pour Drunktank, groupe originaire des Pays-Bas. Malgré cette première incursion de ce côté de l’Atlantique pour le quintet, le public semble bien familier avec leur œuvre, se faisant un plaisir de chanter les paroles. Le batteur commence le spectacle en jouant ses cymbales avec sa tête, ça donne le ton pour ce que l’on vivra. Musicalement c’est du punk rock très rapide et mélodique mais avec une touche d’influence métal pour un son assez lourd et original. Outre le batteur qui impressionne grandement, un autre élément fort est le bassiste qui ne fait pas seulement la rythmique mais ajoute vraiment une touche mélodique supplémentaire. Quant à Sarah Ockhuysen, la chanteuse qui a officiellement rejoint la formation plus tôt cette année, elle dégage un énorme charisme rassembleur et elle nous a même montré l’étendue de son français. La foule a visiblement adoré cette prestation, beaucoup de moshpits et de body surfing tout le long du spectacle. Le groupe a semblé apprécier également en disant que c’était le meilleur début de tournée qu’iels auraient pu espérer avoir.

Ten Foot Pole

Ten Foot Pole c’est un peu un groupe de Québec par adoption, le batteur, Guillaume Fortin, vient d’ici alors que certains membres vivent ici à temps partiel. Le groupe vient d’ailleurs de lancer le vidéoclip pour la chanson Can We Stop Trying To Win? tourné ici même avec des lutteurs de la région. Ce n’est donc pas étonnant de voir dès la première chanson tout le public chanter la totalité des paroles. Évidemment les moshpits et les body surfing continuent de plus belle durant leur performance. Étant le francophone du groupe, Guillaume s’adresse énormément à la foule entre les pièces, on a l’impression d’être tous.tes ses ami.es à la façon dont il nous parle. Une excellente prestation des vétérans de la scène skate-punk qui nous ont offert leurs plus grands succès en plus de plusieurs pièces de leur dernier album « Winning » dont F Aroung And Find Out ou Bogeyman. Ce n’est pas surprenant que le concert était présenté à guichets fermés à voir leur aisance sur scène, un parfait lancement de festival.

Hate It Too

Pour débuter le vendredi, on continue là où on l’avait laissé la veille avec du punk rock mélodique. Hate It Too se présente sur la scène de l’Agora alors qu’il est encore très tôt pour une journée de semaine, il n’y a donc pas grand monde malheureusement. Ceci dit, les personnes présentes sont clairement des amateurs et amatrices de la formation alors qu’on commence à voir quand même un peu de mouvement dans le public au fur et à mesure que le spectacle avance. Ils chantent habituellement en anglais mais ils nous offrent une nouvelle chanson en français et terminent avec leur merveilleuse reprise de La Folie En Quatre de Daniel Bélanger. Une très bonne performance du groupe, peut-être un peu trop tôt pour être bien appréciée des festivalier.ères, mais qui a su plaire aux fans de la formation.

Groovy Aardvark

La noirceur commence à tomber lorsque les légendes de Groovy Aardvark montent sur scène. Le groupe qui s’auto-identifie comme du « hardcore de Longeuil » démontre une maîtrise instrumentale époustouflante. La formation a une discographie assez bien garnie, ils se font donc plaisir à jouer des chansons qui sont proposées moins souvent comme Human Candles. Reste que leurs succès tel Boisson d’Avril ou leur reprise de Le p’tit bonheur reçoivent évidemment les plus grandes réactions de la part du public. Le groupe qui a débuté dans les années 1980 est toujours en grande forme, mené de main de maître par Vincent Peake, Groovy pourrait rendre jaloux bien des formations plus jeunes. Un moment classique mais toujours impressionnant de leur concert est lorsque les membres se mettent tous à jouer de la batterie durant Amphibiens, ce qui crée une atmosphère complètement électrique pour clore leur spectacle. Je crois que c’est un groupe à voir au moins une fois dans sa vie, et dans le majestueux Agora du Port de Québec ça donne tout un moment.

Chyenex

On se transporte au Scanner Bistro pour la fin de soirée, arborant des chemises hawaïennes (ou du Parc Jurassique!) Chyenex de Québec lance le bal. Le trio fait dans le pop punk avec un duo de voix fort intéressant d’un chanteur-guitariste et d’une chanteuse-batteuse. Malgré l’heure tardive, le party était pogné dans la place, l’heure était à la danse et les moshpits! C’est un peu un spectacle à thématique lendemain de veille alors que c’est un sujet récurrent dans leurs chansons. La formation offre un pot-pourri de chansons classiques du style comme Bro Hymn, American Idiot, Sk8er Boy ou All The Small Things ce qui a évidemment plu au public et qui a même initié quelques surfs de foule. Le jeune groupe semble avoir une énorme assurance et est donc voué à un bel avenir, il sera intéressant de les suivre dans les prochaines années.

Fumigènes

Pour terminer ce vendredi soir, on s’en va complètement ailleurs avec Fumigènes, un groupe qui se décrit comme « rap queb core » qui mélange métal et rap avec des breakdowns. Le chanteur annonce d’entrée de jeu que « Fumigènes, ça brasse! » et ce n’était définitivement pas une exagération. Dès la première chanson, le (trop) petit espace devant la scène se transforme en énorme moshpit digne des plus gros shows hardcore. Ce n’est que le cinquième spectacle du quatuor et iels disent que c’est celui qui brasse le plus des cinq, clairement pas difficile à croire comme information. La chanteur, ou plutôt rappeur crieur comme il s’identifie, a vraiment tout pour faire tourner les têtes, il ne se gène pas pour s’asseoir sur scène dans les moments plus calmes d’ailleurs. Quant à la bassiste, elle n’a rien à envier au chanteur niveau cris, étant capable elle-même de lancer des hurlements assez fracassants. Si ce n’est que leur cinquième concert, ce groupe sera dangereusement impressionnant avec un petit peu plus d’expérience, on gardera définitivement un œil sur Fumigènes.

Crachat

Jeune trio entièrement féminin de Québec qui fait quand même déjà beaucoup de vagues sur la scène. Crachat se présente sur scène avec des robes de princesse, la chanteuse principale ajoute une ceinture de balles par-dessus pour un look complètement badass. Ce n’est pas vraiment une compétition mais c’est sans aucun doute le groupe le plus profondément féministe de la fin de semaine. Elles n’ont pas encore un énorme répertoire mais les chansons jouées sont d’une efficacité spectaculaire. Leur reprise en français de Barbie Girl d’Aqua est  vraiment merveilleuse. La prestation se termine avec une invitation à crier « ta yeule » le plus fort possible question de bien se défouler en ce début de soirée. Une performance incroyable qui les a sans aucun doute fait découvrir à un public un peu plus large. De mon côté ça faisait un bon moment que j’entendais le nom de Crachat circuler, j’étais fort heureux d’enfin pouvoir les voir en concert, je ne suis définitivement pas déçu, c’est sans hésitation un de mes coups de cœur du festival.

Don’t Try

Groupe hardcore-punk de Québec qui est rapidement devenu un incontournable du genre ici, Don’t Try (ex-Boundaries) avait quand même la tâche ardue d’être deuxième alors que le soleil n’est pas encore couché. Le quintet fait son entrée sur l’hymne rock Bad To The Bone avant de nous présenter les pièces de leur EP « Shoe Knife » sorti récemment. Maxime Maltais, le chanteur, a vraiment le don de mettre tout le monde dedans, incluant les personnes qui ne connaissent pas encore Don’t Try, un gros espace pour les moshpits se crée immédiatement au début de la performance pour continuer durant tout le spectacle. Un point qui diférencie un peu la formation est leur utilisation d’effets de guitares assez unique pour le style on a qu’à penser à l’excelent simple The Devil’s Breath où la dernière minute est un véritable mur de son avec l’utilisation de pédales d’octaves. Excellent concert pour Don’t Try bien que ce soit assez rare de les voir si tôt sur scène.

MAP

Un de mes premiers coups de cœur de la scène punk québécoise, je suis littéralement tombé en amour la première fois que j’ai entendu une chanson de MAP. J’ai vu des petits shows à Cap-Rouge, j’ai vu leur concert d’adieu original, j’ai vu leur première réunion, j’ai vu à maintes reprises les différents projets des membres (Charlie Foxtrot, Achigan ou Varlope entres autres) mais reste que de les revoir en tant que MAP une fois supplémentaire est vraiment quelque chose de spécial. Et aucune déception ici, le groupe en a encore à donner après toutes ces années. Il s’agit d’une formation un peu reconstruite, en fait on a les membres du groupe Achigan avec l’ajout de Guillaume Tardif au saxophone, on pourrait donc les surnommer MAchigan. Qu’à cela ne tienne, toute une performance du quintet qui nous a offert les meilleures chansons des deux derniers albums, « Repose En Paix » et « La Masse Critique » pour une merveilleuse dose de nostalgie, avec une certaine tristesse néanmoins de voir à quel point la plupart de leurs paroles sont encore autant d’actualité. On ne peut passer sous silence la présence d’un énorme bâteau de croisière amarré dans le décor de l’Agora, le groupe s’est bien fait de nous rappeler les inégalités dans ce monde en voyant ce navire de riche derrière. J’en aurais encore long à dire sur MAP et ce spectacle mais je m’arrêterai ici en disant que c’est la prestation que j’ai le plus adoré de tout le festival.

The Lookout

Le choix de la salle fait un peu sourciller, on est assez éloigné des autres sites, mais en étant au Quartier de Lune c’est en quelque sorte un retour à Limoilou pour le festival qui a débuté sur la 3e avenue. « Nous autres on est vieux mais on fait le party pareil. » lance d’entrée de jeu la chanteuse de The Lookout. Elle a d’ailleurs un charisme et une présence incroyable bien que le public soit assez dur à aller chercher, sans doute beaucoup de personnes étaient ici par hasard et non pas spécialement pour le spectacle. On ne peut donc pas reprocher au groupe punk montréalais d’essayer de donner un bon show, les membres se donnent à 100%. La thématique de la fête est revenue assez souvent durant leur performance, c’est vraiment leur intention de clôre Envol et Macadam en festoyant. À la fin de leur prestation iels auront tout de même réussi à convaincre une bonne partie du public qui en a même demandé.

Six groupes avec une femme c’est mieux que zéro évidemment, par contre seulement un trio de femmes – Crachat – a foulé la scène principale alors que toutes les autres étaient relayées aux salles secondaires. Aucun doute que des efforts ont été apportés pour avoir des femmes sur la programmation cette année mais malheureusement le résultat déçoit légèrement. Nous ne pouvons qu’espérer une encore meilleure représentation pour la prochaine édition. On salue tout de même le choix des groupes avec présence féminine, plusieurs jeunes formations qui gagnent réellement à être vues par un plus large public, on aurait seulement aimé les voir plus sur la grande scène. Ceci étant dit, ce fut une merveilleuse édition pour Envol et Macadam, j’appréhendais beaucoup le choix de site à l’Agora mais finalement c’était vraiment génial avec une magnifique organisation.

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