Le 2 juin dernier, j’avais de nouveau rendez-vous dans mon deuxième salon (le Pantoum) pour y voir deux projets menés de main de maître par des jeunes femmes qui aiment brasser (doucement) la cage. Ça allait être cool, la musique allait être bonne, les musicien.nes allaient être dedans pis la crowd allait tripper. En plus, c’était le prétexte parfait pour me sauver de la soirée rap de Limoilou en musique.
Malheureusement, malgré le talent des personnes sur scène et malgré tous les efforts du staff du Pantoum qui, comme moi, sont allergiques au blabla pendant les shows, ce qui devait être une belle soirée s’est transformé (pour l’auteur de ces lignes, en tout cas) en une soirée de grosse frustration.
Je vous raconte ça ici.
Ça a commencé avec pataugeoire. Si vous suivez un peu le blogue, vous savez déjà que c’est le (fort joli) projet « emo aquatique » de la multi-instrumentiste Agathe Dupéré (Safia Nolin, Embo/Phlébite, Bourbon, pour ne nommer que celleux-là). De la musique good vibes parfaite pour commencer une soirée qui risque de rocker un brin. Avec ses musiciens Raphaël Léveillé, Marc-André Labelle et Vincent Yelle, Agathe nous a fait nager, ramer et flotter en mettant un peu plus de mordant à ses chansons somme toute plutôt atmosphériques.
Sérieux, l’exécution sur scène était parfaite. Les pièces de « Num2Num », le plus récent microalbum de pataugeoire, sonnent encore mieux sur scène que sur disque. Le groupe a du plaisir, Agathe a l’air de mesurer 6 pieds 4 tellement elle assure (j’dis ça comme si j’étais surpris, mais pas pantoute), et les personnes qui écoutaient le show semblaient vraiment apprécier cette prestation toute en textures et en nuances.
Le seul hic ne venait pas de la scène, ni de la console à l’arrière. Ça se trouvait entre les deux : le public était vraiment désagréable. Des foules bavardes, j’en ai entendu un char pis une barge, assez pour que j’en fasse un article il y a six ans. Mais j’en ai jamais entendu des bavardes de même au Pantoum, un espace qui est supposé être sûr pour tout le monde, y compris les mélomanes endurcis. C’était un peu comme si le monde trouvait la musique d’ambiance forte et qu’il fallait qu’elle parle encore plus fort. C’EST PAS DE LA MUSIQUE D’AMBIANCE, C’EST UN SHOW, PIS ÇA A BEAU PAS ÊTRE TA CHUM QUI JOUE PRÉSENTEMENT, FERME TA CALICE DE GUEULE OU VA PARLER DANS LE PARKING.
Sérieux, gang. Vous gâchez : l’appréciation du public qui veut vraiment écouter ce qui se passe, la réputation du band qui joue, la réputation de celle qui va jouer après et la réputation de la salle. Y’a un paquet de monde qui vient au Pantoum parce que les gens savent brasser quand c’est le temps, mais surtout, ça sait écouter, même quand on connaît pas l’artiste. On veut pas juste aller voir Alexandra Stréliski au Grand Théâtre, tsé…
Comme ils le disent si bien au Zaricot (une salle de Saint-Hyacinthe que j’aime beaucoup), « le silence est d’or, le blabla, c’est dehors ».
Ça s’est pas mal arrêté quand Gawbé est montée sur scène. Comme prévu. Faut dire qu’on était là principalement pour le lancement de « ciseau zigzag », un microalbum qui montre tout le chemin parcouru par la jeune artiste depuis ses premiers pas sur scène. Entourée de musiciens chevronnés que vous avez sûrement déjà vu quelque part, dont Antoine Fugère et Jérémy Dufour (scusez, j’ai pas pris de notes, j’étais encore fâché), l’artiste nous a promené.es dans son univers musical, quelque part entre l’indie, le folk et le grunge.
Un univers riche, parfois grinçant (zigzag), parfois doux (Deux fleurs), parfois introspectif (La romance), un brin enjoué (Dans mes dents). On a même eu droit à un peu de Weezer (Rivers Cuomo aurait été ému). Tout ça se mélange à merveille, et à l’avant, la foule qui s’est massée collé collé sur le bord du stage avait beaucoup de plaisir.
Avec son Gawband, Gawbé va faire un pas pire bout de chemin, on vous le garantit.
Mais de grâce, les gens : FERMEZ VOS GUEULES.
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