En montant à Baie-Saint-Paul tout en écoutant le nouveau Kouna, mes camarades et moi, on se disait qu’on avait rarement vu une finale de Cabaret Festif! aussi relevée. Rares sont les éditions qui se jouent vraiment sur la scène sans qu’on ait la moindre idée d’un.e gagnant.e potentiel.le. Avec Embo/Phlébite, Sandra Contour, Cayenne et Charlotte Brousseau, on pouvait s’attendre à une soirée chargée d’émotions et de belle musique, à des prestations d’égale qualité et d’un arrachage de cheveux assez épique du côté du jury.
Rappelons qu’en plus des prix du jury et du public, le Cabaret Festif et ses partenaires remettent une ribambelle de prix, notamment des prestations rémunérées, des séances studio et de l’accompagnement.
Après une brève prestation à la fois douce et entraînante de la porte-parole Sara Dufour, qui nous a également raconté quelques expériences de concours, il était temps de voir ce que les quatre projets finalistes avaient dans le ventre.
Embo/Phlébite
Embo/Phlébite a la lourde tâche de commencer la soirée (une position difficile lors d’une finale aussi relevée). Dès son entrée sur scène, Raphaël Léveillé s’adresse au public… en langue des signes. On rit en le voyant gesticuler, mais les rires se transforment en grand respect aussitôt qu’on comprend ce qui se passe. On l’oublie souvent, mais les personnes sourdes aiment bien voir des shows… et les sentir : elles ont beau ne pas entendre, elles voient ce qui se passe et la musique les fait littéralement vibrer.
Le rock indé d’Embo/Phlébite se démarque par son propos pas toujours jojo, par ses douces mélodies qui ont leurs moments croquants et par le plaisir contagieux des musicien.nes (N Nao, Marc-Antoine Sévégny et Agathe Dupéré). Y’avait beaucoup d’émotion sur scène, avec Léveillé qui nous a expliqué que si ses parents étaient sourds, la musique avait toujours eu une place prépondérante chez lui.
On vous invite à plonger dans l’univers d’Embo/Phlébite en écoutant « Les autres liaisons ».
Sandra Contour
Toujours en full band en duo, Sandra Contour et son acolyte Pierre-Antoine Tanguay montent sur scène. Surprise, alors qu’on s’attendait à ce qu’elle se plaigne de l’absence de visite chez elle pour commencer comme elle l’a fait en préliminaires, la voilà plutôt qui débute avec Les avions de papier, avec Tanguay en arrière-plan qui lui pitche des avions (qui ratent souvent la cible – quelqu’un en a attrapé un?). C’est tellement rare qu’un.e artiste change complètement son set en finale, on a été pris par surprise! Mais ne vous en faites pas, tout ce qui avait fait mouche la première fois a piqué deux fois plus fort! La candeur, la douceur, l’humour, les mélodies irrésistibles, tout y était. Et on a eu J’ai pas de visite à la fin. Ce hit a encore fait embarquer la crowd de belle manière!
Cayenne
La Nord-Côtière Cayenne a suivi avec son folk-rock qui déménage. Avec son attitude joviale et son band de party, l’autrice-compositrice-interprète nous a fait taper des mains, rire et pleurer un peu. Elle aussi, elle a apporté quelques changements à son set, nous donnant un peu plus de rock (faut dire que le fait de jouer debout plutôt qu’assise se prêtait très bien à l’exercice). Une présence scénique incroyable, Cayenne met pas mal tout le monde dans sa petite poche d’en arrière, et elle nous emmène en road trip avec elle et ses ami.es.
Charlotte Brousseau
Seule finaliste que j’ai ratée en qualifications, Charlotte Brousseau ne m’est quand même pas inconnue, puisqu’elle est devenue depuis un an ou deux une des figures incontournables de la scène de Québec (suffit de voir la brochette de musicien.nes qui l’accompagne). Charlotte prend son temps pour nous parler en début de prestation. Nervosité palpable, émotions à fleur de peau, accessoire fétiche (des longues-vues pour voir les oiseaux… et tout le monde). Ensuite, l’autrice-compositrice-interprète nous emmène dans son univers où règnent les oiseaux et la nature, un univers qui sent bon le printemps et où tout le monde s’évade pour une vingtaine de minutes. Une évasion qui a semblé plaire à plusieurs.
Les gagnant.es
Les finalistes se sont partagé les nombreux prix : Cayenne va se farcir une tournée gaspésienne (c’est ce qui arrive quand on dit « Fuck la Gaspésie! » en show!), Sandra Contour va jouer en première partie de Sara Dufour (dites ça rapidement à quelques reprises, voir). Le public a choisi Charlotte Brousseau, qui se mérite donc ce prix prestigieux (qui inclut une séance photo par vos humbles serviteur.es). Quant au jury, il a sélectionné Embo/Phlébite. Les deux derniers joueront au Festif! (Charlotte joue cette année, Embo/Phlébite viendra plus tard) en plus de mériter de généreuses bourses qui leur donneront un bon coup de main!
On a rarement eu d’aussi beaux projets en finale du Cabaret Festif. Une année exceptionnelle qui annonce de bien belles choses pour l’avenir.
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