Le 14 octobre dernier, on a rendu une rare visite au Théâtre Petit-Champlain, la maison de la chanson où il y a beaucoup d’humour depuis quelques temps, pour un spectacle de musique locale et savoureuse. Intitulée « Professionnels et capables », cette soirée se voulait un clin d’oeil au statut des deux groupes à l’affiche, soit Les Lunatiques et Valence. Deux groupes de la relève. Le premier jouit déjà d’un statut fort appréciable et devrait bientôt pouvoir profiter de la tarification dynamique de Ticketmaster dans une grosse aréna près de chez vous. Le deuxième est constamment sur le point d’exploser (normal, y’a beaucoup d’électrons libres sur scène).
Ça commence avec Les Lunatiques et son garage psych déjanté. Mené par un Antoine Bourque aux allures de pirate avec sa patch à l’oeil, le groupe nous graffigne les tympans joyeusement, du moins dans la mesure où on peut se faire graffigner les tympans au Petit-Champi. Sérieux, je pense que c’est mon premier show des Lunatiques sans bouchons! Mention spéciale à Raphaël Laliberté-Desgagné, qui a remplacé Ariane Roy à pied levé (il a ben fait ça, Ariane, il a ben fait ça).
Ensuite, on a pu voir le pouvoir de Valence chez les jeunes, qui ont envahi le parterre de la petite salle du Vieux. Une masse de cégepien.ne.s pas encore tout à fait à l’âge de boire de la bière et d’entrer dans les bars, qui connaissait les paroles de toutes les chansons écrites par Vincent Dufour par coeur (même les nouvelles, mautadine). Après ça, venez me dire que la musique d’ici, dans la langue de Bélanger, n’attire pas les jeunes, c’est du caca de taureau!
En soi, la prestation n’avait rien d’exceptionnel si, comme moi, vous aviez déjà vu Valence trois fois depuis le 30 juin. Je ne veux pas dire par là que le groupe n’était pas bon, bien au contraire! Le sextuor est solide et me donne des frissons depuis son premier show en 2019, il carbure au plaisir de jouer ensemble, que ce soit dans un festival en région, en début de soirée devant le Parlement, dans le parking du Pantoum ou dans une salle de spectacles où la moyenne d’âge est normalement le double de cette soirée. Moments (double) flûte, chaud saxophone, petites steppettes, regards complices, sourires moqueurs, mais surtout de maudites bonnes tounes qui sont le reflet d’une génération qui mélange les genres (dans tous les sens du termes) et qui profite du moment présent comme jamais.
Groupe en constante évolution, Valence nous a offert quelques nouveautés qui ajoutent quelques briques à l’édifice solide que Dufour et ses amis sont en train de construire. De nouvelles textures qui s’adaptent bien à celles que la formation yacht rock ultime nous proposait déjà.
En sortant de la salle, je me suis dit que de la bonne chanson dans une maison de la chanson, c’est un beau concept qui devrait être répété. Y’a un paquet de jeunes qui attendent juste ça, suffit de leur donner ce qu’ils aiment!