Le vent de l’Abitibi souffle les 20 bougies du FME cette année!

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20 ans d’émergence, à différents degrés de profondeur.

Après deux ans de pandémie, trois heures de covoiturage et dix heures dans un autobus voyageur quelque peu vétuste, Marie-Ève et Sébastien foulent finalement le sol norandien dans l’entrée asphaltée du Centre musical Sol Mineur, l’équivalent du Manoir Coors Light du FME. Le manoir avait été remisé pendant la pandémie, nous sommes donc heureux de le retrouver. Il faut savoir que le FME, alias le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, sait bien recevoir les gens de l’industrie musicale, autant les petits blogues indépendants que les labels aguerris. Il y a un bar ouvert au rez-de-chaussée et une belle cour arrière pour y siroter son gin tonique en faisant la connaissance avec les membres pro internationaux (des programmateur-ice-s de festival, agent-e-s de label, troubadours belges, etc.) tandis que les plus assidu-e-s vont chercher leur accréditation du festival au deuxième étage.

C’est ainsi que commencent les aventures de nos deux rédacteur-ice-s aguerri-e-s, prélude des festivités musicales à venir. On vous raconte en détails leur périple de trois jours remplis de découvertes musicales, de retrouvailles et de détails croustillants.

JEUDI – disjoncter de fun

L’avenue Murdoch, c’est le cœur de Noranda, la partie nord de la ville. Cet ancien bourg anglophone nous offre une petite vibe Hochelaga ou Limoilou (pour celleux qui sont tanné-e-s du montréalocentrisme des références culturelles) avec ses ruelles élargies et bâtiments dépareillés aux personnalités multiples. La Murdoch s’étend du Centre musical Sol Mineur, aux assises du lac Osisko, jusqu’à la 117 de l’autre côté de la ville. Au centre de l’avenue se trouve le Hub, ce nouvel ajout au FME depuis 2020 : une salle multifonctionnelle dans laquelle se trouvent des stands de produits dérivés du festival, la radio CFME, un coin détente ainsi qu’une petite scène intime.

Mise en bouche : Bibi Club

Cette année, la scène principale (Scène Vidéotron) se trouve directement sur la rue Murdoch, en face de l’Agora des arts, une chapelle qui hébergeait une scène du festival dans les années précédentes. Les festivaliers sauront profiter du grand espace mis à leur disposition sur l’avenue, mais nous trouvons ce choix de scène un peu restrictif car il est seulement accessible par la partie ouest de l’avenue, ce qui fait faire des gros détours aux festivaliers qui désirent se rendre sur d’autres scènes aux alentours. Devant la Scène Vidéotron s’étend la 8e rue, une des artères les plus vibrantes de la ville sur laquelle se trouve le Cabaret de la Dernière Chance, le Petit Théâtre du Vieux Noranda ainsi que la Punk House, un nouveau lieu de diffusion underground abitibien.

Sur la 8e, une longue table pliante de camping est déployée au milieu du mobilier urbain de l’ère de repos du FME. À côté de la table, un BBQ fait rage et parsème la rue de ses fragments d’épices et de viande grillée. Sébastien se remet à peine du parc de la Vérendrye et il est affamé. Ce festin tombe à point, surtout qu’il est gratuit pour les détenteurs de billets du festival. Nous allons le dire plusieurs fois dans cet article, mais le FME sait recevoir, tout comme les habitants de Rouyn-Noranda. Alors qu’il engouffre deux assiettes de viandes assorties délicieusement apprêtées, le premier spectacle du festival se fait entendre non loin de là sur la Scène Vidéotron. Il s’agit du duo Bibi Club. Les deux musicien-nes tout de kaki vêtu brisent la glace du FME avec brio. Leur rock dream-pop est un excellent prétexte pour permettre aux premiers festivaliers de se rencontrer devant la scène principale et de se mettre à l’aise.

Premier service : Balaklava Blues, Medicine Singers

Le soir, Marie-Ève se rend au Petit Théâtre du Vieux Noranda, où était située la scène Hydro-Québec. Quelques curieux écoutent poliment le spectacle de Balaklava Blues, un groupe de pop mêlée à des chants traditionnels qui présentent de manière assez mainstream la réalité d’un duo ukrainien qui s’est rencontré lors de la Révolution de 2014. Bien que les thématiques abordées soient particulièrement poignantes (les membres du groupe vivant de près ou de loin la guerre en Ukraine et la rendant plus concrète pour les spectateurs), le groupe peine à convaincre musicalement son auditoire.

La pièce de résistance de la scène Hydro-Québec, c’est Medicine Singers. Résultat de la rencontre entre les Eastern Medicine Singers et le guitariste Yonatan Gat, ce projet a donné tout récemment naissance à un excellent disque qui mêle musique traditionnelle algonquine, rock psychédélique, ambient et jazz. Sur scène, deux membres des EMS trônent au centre, se partageant un grand tambour sur lequels ils frappent sans relâche des motifs rythmiques qui, amplifiés par le jeu de batterie de Thor Harris (Swans), font l’effet d’une transe. Les guitares de Christopher Pravdica (Swans) et de Daniel Monkman (Zoon) viennent ajouter à la force de celle de Gat, surtout lorsqu’elles lâchent à l’unisson des grappes de notes pleines de fuzz. L’effet est saisissant et l’expérience dégage un sentiment de partage et de rencontre unique, et ce surtout lorsqu’on sait que les Medicine Singers jouent un peu à la maison ce soir, c’est-à-dire sur des territoires historiquement algonquins.

Encas radio : Tu me niaises

Duplessis n’aurait pas été heureux d’apprendre que, cachés au deuxième étage du Hub, ce sont trois communistes drogués qui s’emparent des ondes de la radio du FME pour les quatre soirs du festival. Il s’agit de Philippe Cigna, Mathieu Séguin et Jean-François Provençal et de leur podcast anarcho-culinaire-non-scripté Tu me niaises. Eh oui, vous avez bien entendu, Jean-François Provençal des Appendices et de Croque les cocombres! Dans un podcast d’enragés anti-capitalistes? C’est aussi ça la nouvelle société (NDRL: sociéter!). Depuis maintenant trois ans, nous assistons sur YouTube (et sur leur Patreon) aux déboires et aux états d’âmes des trois gars, qui ne se sentent pas nécessairement à leur place dans notre société et encore moins dans le milieu de l’humour.

« Imagine quelqu’un qui nous écoute dans son char en ce moment? », lance Jean-François, inquiet, alors que Philippe déduit qu’avant la radio, il n’y avait pas de cocaïne et que ça doit être dur de se réveiller à 4 heures du matin pour aller parler dans un micro comme si le party est pogné.

Malgré leur case horaire un peu contraignante (tous les soirs du FME à 22h, en même temps que les concerts principaux), chaque édition du podcast réussit à attirer une petite foule de fans qui embarquent dans leur délire, un peu battés, alors qu’un garde de sécurité arpente suspicieusement la pièce à la recherche de méfaits.

Dessert: Le Couleur, Super Plage

Pendant que les méfaits sont ou ne sont pas constatés au Hub, Marie-Ève sort juste à temps du Vieux-Théâtre pour attraper la langoureuse Désert, jouée par Le Couleur, dont on avait hâte de voir le concept cette fois-ci. Après les avoir vus dans presque tous les festivals de l’été, découvrir chaque fois le nouveau concept de ce band est devenu comme un «attrapez-les tous» digne de Pokémon. Cette fois, habillés de leurs plus beaux habits de mécaniciens, ils fittent parfaitement avec le Garage Raymond Rheault, à côté duquel leur scène est installée. Vraiment dommage qu’avant la fin de la toune, les breakers du garage décident de sauter (décidément, deux fois en deux ans, c’est plus que pas de chance pour le garage!). Heureusement Laurence, la chanteuse, a su caller la shot (ou plutôt nous caller des shots) d’ici au retour du son, ce qui nous a permis de danser avec les survivant-e-s de la pause et de voir la finale horror-disco que nous avait réservée le groupe.

Fin de soirée: tandis que Sébastien est en train d’apprendre que les mélanges c’est pas bien, Marie-Ève essaye de comprendre le fonctionnement des bracelets avec puce pour s’offrir une bière au sous-sol du Théâtre, juste avant le show de Super Plage. Contente d’avoir réussie, elle se désaltère et c’est nécessaire, parce que l’atmosphère devient vite chaude et festive! Entouré de ses belleaux acolytes, Plage nous chante ses sérénades saveur MDMA & amour. Virginie B prend même les devants l’instant d’un remix, avant que le groupe enchaîne avec une reprise de La fête noire de Flavien Berger. Tout le monde finit en sueur, avec sur les lèvres le goût de l’after. Le reste ne se raconte pas!

VENDREDI : défoncé-e-s sur le love

Le truc au FME, c’est de ne pas l’échapper le jeudi soir. Notre rédacteur en chef Jacques Boivin pourrait vous en parler pendant un bon moment! Oui, il faut savoir économiser ses énergies pour toute la longue fin de semaine de la fête du travail. C’est un marathon et non un sprint. Une autre raison aussi de ne pas l’échapper le jeudi soir, c’est pour être assez en forme et se réveiller à temps pour le mythique BBQ Bonsound qui se tient chez une famille emblématique de la ville, au bord du lac Osisko. Chaque année, les médias, les pros et les artistes (ainsi que quelques intru-e-s) s’agglutinent autour de la piscine creusée de la superbe demeure pour manger des hot dogs et boire des drinks à forte teneur en alcool pendant qu’un band joue aux abords de la piscine. Personne n’est mort électrocuté jusqu’à maintenant.

Jour et nuit: Lisa Leblanc, Kee Avil

Après moults roteux et maintes discussions, le délicieux et groovy Chiac Disco de Lisa LeBlanc nous rameute justement toustes autour de la piscine. Les pieds dans l’eau, on apprécie les pièces judicieusement ficelées du groupe tout-étoiles, dont les paroles sont aussi savoureuses que les lignes de basse. Avec un charme désarmant et son plus beau sourire, Lisa nous parle parle jase jase entre les tounes, nous racontant entre autres que toutes les catchphrases de Gossip sont des transcriptions fidèles des dires de ses tantes, de ses oncles et des gens qui chillent au Tim Hortons de Rogersville. L’autrice-compositrice-interprète revisite aussi plusieurs de ses anciennes compositions, dont la poignante 5748 Km, et vire même dans le rock avec, cerise su’l top, une reprise d’Ace of Spades de Motörhead. En tout cas, après ça, on est bien réveillé-e-s.

On passe du soleil à la lune pour la performance pop expérimentale de Kee Avil, qui a fortunément lieu dans la pénombre relative du Hub Desjardins. La Montréalaise Vicky Mettler, qui avait attiré notre attention avec « Crease », paru chez Constellation Records, est accompagnée sur scène par Samuel Gougoux (Victime, Corridor) aux percussions. Ce qui se dégage de sa performance – alliant visuel, mouvements et costume à des grappes de sons et de rythmes en apparence désarticulés – est un mélange obnubilant de désir et de dégoût. C’est comme regarder l’espoir ramper au fond d’un abîme et se débattre dans la noirceur. Dans un univers qu’il n’est jamais possible de cerner complètement, sa musique semble, à travers un langage aux airs extraterrestres, traiter de choses profondément humaines, ce qu’insinuent aussi les paroles. Quand on est moins lyriques que Marie-Ève, on peut aussi simplement trouver que les deux musiciens explorent bien les potentialités des percussions, de la guitare et de la voix, qui peut par exemple se faire rauque, murmurante, éthérée ou suppliante. C’était juste dommage qu’il ne soit pas minuit pour pouvoir plonger complètement.

Swing la guinguette : Brama, Sheenah Ko, Choses Sauvages

Saviez-vous qu’une guinguette est un « Café populaire où l’on consomme et où l’on danse, souvent en plein air » ? Nous, on ne le savait pas. Mais on se rend quand même à la Guingette chez Edmund, située aux abords du lac Osisko, pour profiter de la dansante programmation. C’est Brama qui lance la soirée avec leur premier spectacle outremer. Le power-trio de rock psychédélique a de quoi décoiffer avec ses compositions survoltées, d’autant plus qu’il met en scène un joueur de vielle à roue, un instrument inusité qui ajoute au caractère unique du groupe. On aurait aimé voir plus que la fin de leur set, qui déjà nous donne l’impression que la jeune formation refera tôt ou tard son apparition sur notre continent.

La talentueuse Sheenah Ko prend ensuite d’assaut les planches avec sa force bienveillante et ses musicien-ne-s de feu. Nous assurant qu’on fait aussi partie du spectacle – nous, spectateurs – elle nous invite à nous rapprocher dès la deuxième chanson. Le public l’écoute déjà avec enthousiasme, mais au moment où la lune fait son apparition, on dirait que c’est un véritable charme qui s’opère entre Sheenah et la foule. Sur See You, la claviériste descend dans la foule et enflamme le plancher de la guinguette en chantant : «I wanna get right close / When will you really show / Don’t hide behind your wall / It’s time to show it all ». Comme par magie, les murs tombent et la suite n’est que danse extatique et sourires. Inutile de vous dire que la table était mise pour le spectacle de Choses Sauvages, qui se termine finalement avec un plancher défoncé et un wall of death!

Show caché : Avalanche Kaito

À 23h, Sébastien sort du Petit Théâtre et un attroupement attire son attention dans la ruelle de l’autre côté de la rue. On peut y entendre une musique rock saccadée. Il y a un vrombissement dans l’air : est-ce que ça provient de la Fonderie Horne non loin de là ou des génératrices qui fonctionnent à pleine puissance dans un camion cube stationné dans la ruelle? Sébastien s’approche et se place au milieu de la foule. Deux jeunes musiciens belges performent devant la foule compactée. Il ne semble pas y avoir de chanteur. Du math rock instrumental? C’est le groupe Avalanche Kaito. De bons musiciens, mais Sébastien en a soupé du rock, cette offre ne l’épate pas. Alors qu’il songe à continuer son chemin, des cris se font entendre dans la rue. Il se retourne, mais n’arrive pas à voir à cause de la foule derrière lui. Le groupe continue de balancer leurs décibels. Les cris dans la rue continuent. Sébastien est incapable de discerner ce que la personne dit. Le rythme est effréné, on dirait les paroles d’un homme fou. Les cris se rapprochent. Il se rend compte que le forcené entre dans la foule. Il le voit enfin. C’est un grand homme noir, torse nu. Il continue de crier, rejoint les deux musiciens à l’avant et Sébastien se rend compte qu’il ne parle pas français ou anglais. Il va apprendre plus tard qu’il s’agit de Kaito, le chanteur et gourou du groupe Avalanche Kaito : un poète burkinabé multi-instrumentiste entouré de deux musiciens rock belges. Finalement, pour Sébastien qui avait des doutes, il s’agira même de sa prestation coup de coeur du FME. C’est donc une prestation puissante de post-punk et de noise-rock à l’occasion qui est livrée à la foule, avec le charisme à fleur de peau du chanteur, qui se donne comme si sa vie en dépendait. Marie-Ève se mord les doigts de les avoir manqués le jeudi au Petit-Théâtre!

La Punk House

Sur la 8e rue, au-delà de la barricade nord du site de la scène Vidéotron, on peut apercevoir quelques personnages colorés qui fument des cigarettes comme s’il n’y avait pas de lendemain devant une bâtisse vieillotte jaunâtre. Bienvenue à La Punk House, un lieu de rassemblement et de création qui vient tout juste de voir le jour, à temps pour le FME. Ce projet DIY porté à bout de bras par des acteurs clefs de la scène hyper locale abitibienne va héberger un OFF FME. Des bands de tout genre, ayant comme dénominateur commun une mentalité DIY et une adresse civique abitibienne, se produisent dans ce petit espace au sous-sol d’une série de locaux commerciaux. Malheureusement, les prestations se déroulent à 20h, en même temps que les shows du FME, alors ni Marie-Ève ni Sébastien ne pourront profiter de cette offre musicale éclatée.

SAMEDI : Autre sous-titre funky

Samedi, on est encore en vie malgré les défis de la vie de festival qui s’attaquent à nos besoins primaires comme (bien) manger et (bien) dormir. Qu’à cela ne tienne, on est préparé-e-s pour une journée encore plus fournie que la précédente, notamment en raison du florilège de shows cachés qui se dévoilent au fil des heures.

Suprise surprise : Embo/phlébite, Ping Pong Go

D’ailleurs, qu’est-ce qui est plus surprenant qu’un show caché? Arriver à quelque part et tomber PAR HASARD sur un show caché! Eh oui, en allant chercher son thé « matinal » à la Librairie Livresse, Marie-Ève tombe sur la performance solo de Embo/phlébite, le projet musical de Raphaël Léveillé. Un beau grand fauteuil l’attendait, et il était aussi feutré que l’atmosphère saturée de complicité et de sourires. En pieds de bas, assis sur son banc, le musicien joue de la guitare avec ses pédales et tisse une atmosphère ambient avant de se lancer dans une composition aux couleurs folk et dénudées. Sur cette trame introspective et texturée, les paroles – une poésie queb aussi existentielle qu’humoristique – illuminent l’atmosphère comme des éclairs de rires dans l’orage. On pressent aussi le côté rock et éclectique du projet – Raphaël nous jure qu’en band, ça rentre vraiment! – dans certaines compositions plus uptempo comme Tous et toutes, qui parle de pouvoir se mettre tout nu. On sourit tout le long de la prestation, de concert avec tous les spectateur-ice-s petit-e-s et grand-e-s qui sont avec nous, l’artiste démontrant qu’il est possible d’être à la fois être drôle et engagé, woke et rassembleur. Beau clin d’oeil à la Librairie, qui organisait ce OFF FME hors de la programmation officielle, le chanteur nous a même recommandé de lire On peut plus rien dire de Judith Lussier pour accompagner sa nouvelle chanson, Chanteur triste.

On passe d’un show caché à un autre en se dirigeant cette fois vers le Quartier Général pour entendre le gamer jazz de Ping Pong Go. Nous, on sait à quoi s’attendre et qu’on va se faire décoiffer. Le reste du public, lui, découvre cette perle radioactive de Québec qui, en 30 minutes, donne plus d’énergie que douze cafés! Le groupe présente les compositions délurées et virtuoses de Pierre-Emmanuel Beaudoin (batterie et percussions) et de Vincent Gagnon (claviers), deux musiciens vétérans de la ville de Québec, et cette fois ils ont choisi de mettre le paquet en construisant un set en crescendo d’intensité. Même sans paroles, les spectateurs restent happés devant cette musique épique qui se raconte d’elle-même et qui fourmille de délicieux sons vintage. Bien que cette fois l’épisode de la harpe laser soit un peu gâché par la lumière de caméramans amateurs et celle de la boule disco juste au dessus des rayons, ils auront prouvé une fois pour toutes aux sceptiques que c’est un réel instrument avec lequel joue le groupe et non un simple stunt! Bien conscient de son potentiel, le groupe sera peut-être sorti un peu déçu de cette rencontre abitibienne, mais on confirme que le public, lui, est sur un high lorsqu’il quitte le QG.

Les chouchous : Lydia Képinski, Les Hôtesses d’Hilaire

Alors que certain-e-s sont en train de vivre le show de leur vie avec Animal Collective, Marie-Ève décide de payer une visite à deux artistes chouchous du blogue (faut ben se gâter quand c’est notre dernier mandat). D’abord, elle danse avec Lydia Képinski au Théâtre du Vieux-Noranda. Parlez-nous de quelqu’une qui est rendue sur son X! L’artiste a une présence sur scène captivante et le public semble conquis dès les premières notes, ce qui ne manque pas de faire son effet sur Képinski. Entre les acclamations et ses interactions, on s’enivre vite de sa musique déployée par des musicien-ne-s toujours aussi efficaces. On reçoit « Depuis » en pleine face et Marie-Ève chante de toutes ses forces pour célébrer le chemin parcouru par Andromaque.

Ensuite, il faut filer vite fait pour attraper la performance des Hôtesses d’Hilaire, second coup de cœur avéré du blogue. Marie-Ève a déjà vu leur lancement au Pantoum en mai pour « Pas l’temps d’niaiser », mais elle sait aussi que chaque spectacle des Hôtesses est unique, et ce grâce aux interventions improvisées de Serge Brideau tout autant qu’en raison des jams savoureux des musiciens. Ce soir, à la guinguette, le groupe s’est donné un concept minier/croyant, avec leurs lampes frontales et leurs setlists écrites sur des retailles d’hostie, sans parler du discours acerbe que Serge arrive à nous lancer tout en nuances au sujet de la fonderie Horne avant de jouer Mangez tout un char. Toujours aussi irrévérencieux, les Hôtesses, mais toujours avec autant de finesse et de strates de sens!

Fuzz de soirée : Solipsisme, Autre Part

Direction le Diable rond pour la « fin de soirée » de Marie-Ève, qui se fera tout en fuzz. Les chouchous de DOZE, Solipsisme, débutent ce segment de soirée avec leur rock psychédélique planant et leurs chemises tout droit sorties des seventies. Ils installent lentement l’atmosphère dans laquelle ils vont nous plonger tout au long de leur set. Avec des tounes qui peuvent s’étirer sur dix minutes, on peut dire qu’ils prennent leur temps! Noyé-e-s dans la distorsion, face à un mur de son qui crache à répétition des riffs plus planants et lourds les uns que les autres, le public s’immerge dans leur monde. On oublie le temps, on écoute les tounes pleines de soli (solo, au pluriel), on savoure le single que les Samuel Gadri (Gadreau, au pluriel) nous ont gardé tout chaud pour le FME. Et puis, parce qu’il faut que ça finisse un jour, ils nous laissent sur Ataraxie, un mot qui signifie la tranquilité de l’âme. C’est peut-être un peu comme ça qu’on se sent, après la transe.

Mais en tout cas, la tranquilité ne dure pas longtemps à partir du moment où Autre Part met les pieds sur le stage. Avec un double scream comme entrée en matière, le groupe post-rock/shoegaze de Montréal montre tout de suite qu’il ne fait pas dans la dentelle. Jouant sur les dissonances et la distorsion, les quatre musiciens ne lésinent pas sur les effets, ni sur les basses d’ailleurs, ce qui donne à leur musique une bonne touche stoner qui donne envie de headbanger. C’est ce que les enthousiastes à l’avant de la scène n’hésitent pas à faire dès les premières chansons, s’essayant aussi à quelques mosh pits malgré la foule un peu trop disparate. La vibe change rapidement, et on constate que ce sont les real de fin de soirée qui sont là, locaux pour la plupart, et que plusieurs des spectateurs semblent connaître les paroles du groupe. Il faut dire qu’un des musiciens est originaire de la place (Val d’Or plus précisément, c’est ses parents qui nous l’ont dit!). Pour en revenir à la musique, Autre Part continue à se déchaîner (mais sans bouger trop, c’est du shoegaze quand même) et nous montre qu’ils savent maîtriser l’art des crescendos et des contrastes. Certaines pièces prennent des airs quasi ambient, mais avec des soubresauts de force brute et des explosions soudaines. En guise de finale, le groupe offre à ses fans non « pas un rappel, mais un cadeau » bien garage et, disons, sportif.

L’after acidulé : Sinca, Mamillou

Rendu-là, il est tellement tard qu’il est rendu tôt. Marie-Ève cherche l’after et le trouve au Paramount, où Sinca fait (figurativement) tourner ses platines. Elle nous accueille avec le sourire – quand on arrive à voir quelque chose dans le torrent des stroboscopes – et nous invite à s’abandonner lentement à la danse. Et tout le monde le fait, on entre un peu dans notre bulle : c’est la magie de l’électro et de ses boucles sans fin. On perd encore la notion du temps (à quoi ça sert, de toute façon, c’est juste un concept). Le tempo monte ensuite avec Mamillou, qui combine ingénieusement différents effets pour offrir une électro riche en surprises et en textures intéressantes. On danse encore, mais des fois on s’arrête pour écouter, pour se dire « hey, c’est audacieux ça ». Pendant ce temps-là, la DJ nous amène dans un univers teinté de acid house et d’une touche de drum and bass.

Conclusion, concluons!

Survivant jusqu’au samedi mais pas jusqu’au dimanche, Sébastien et Marie-Ève s’en retournent sans pouvoir assister à la performance sans doute étonnante de Rich Aucoin ou celles, surprises, de Sophia Bel et de La Sécurité. Pas de remords quand t’es à moitié mort, surtout après autant de belles aventures.

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