Grosse Lanterne – Une édition tranquille

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C’était une troisième année pour moi du côté de Grosse Lanterne. Les deux dernières fois, j’ai pris le temps de vous parler des artistes, mais j’ai négligé de vous partager l’ambiance bien particulière qui m’a charmé dans ce festival.

Grosse Lanterne a lieu sur un grand terrain initialement voué aux Grandeurs Natures (oui oui, on parle de ces personnifications de personnages mythiques ou médiévaux et les combats d’épées en mousse). À l’entrée comme près de l’espace camping, on retrouve des habitations de type médiévales. Dans la forêt, plusieurs lumières de type Edison sillonnent entre les arbres pour guider les festivaliers dans la noirceur et des structures lumineuses sont également installées le long du parcours créant une ambiance féerique. Grosse lanterne, c’est aussi trois jours sans avoir accès à l’eau. Les besoins se font dans les toilettes chimiques et la douche se prend dans la rivière, avec les petits ménés qui nous mangent les peaux des pieds. De l’eau potable est également disponible pour nos bouteilles d’eau et mieux vaut boire avec la chaleur et le peu d’ombre (promesse d’une fille qui a fait deux coups de chaleur en trois ans)!

Si l’ambiance globale et l’immersion mélodique en nature en font un de mes festivals préférés, je suis forcée d’admettre que le public était assez maigre cette année. Simplement en comptant le nombre de tentes et l’espace occupé, on voyait que le nombre de festivaliers avait largement fondu. La raison derrière cette baisse de popularité? Une de mes hypothèses est que le nombre de festivals est revenu en force cette année et les gros noms de la programmation proposée à Béthanie avaient déjà été les têtes d’affiche de plusieurs autres événements. Néanmoins, je reviens de la fin de semaine avec de beaux souvenirs.

La soirée du vendredi a débuté en douceur Vanwho et Myriam Gendron, seules avec leur guitare. Bien que talentueuses, c’est le duo Julie et Dany (Placard) qui a retenu mon attention. Les deux amoureux ont lancé cette année un nouveau projet et c’est franchement efficace. Si je n’étais pas totalement convaincue en version studio, je le suis maintenant. Ils nous proposent du rock qui s’énerve en restant lent, de la vanille qui se serait emballée de chocolat. En plus de leurs pièces communes, Dany s’est permis quelques pièces de son propre répertoire.

Le vendredi soir, la fin de soirée à l’auberge était assurée par Super Plage. La fougue de Jules Henry était des plus contagieuses. Débutant avec quelques-unes de ses pièces originales, il s’est ensuite mis au mixage pour un DJ set soulignant plusieurs de ses collaboratrices préférées. Dans la pénombre, on dansait avec énergie et l’ambiance était au rendez-vous. On est même monté sur scène pour aller danser avec l’artiste le temps de deux ou trois chansons. Définitivement, ce DJ set m’a fait un bien fou et valait le détour à Béthanie.

Le samedi a toutefois débuté de façon un peu moins festive. Alors qu’Alex Burger débutait à midi, la grille de l’entrée de la clairière était toujours en place.  Erreur logistique ou manque de personnel? Dans tous les cas, de façon un peu bum, j’ai fait mon chemin malgré les barreaux ferreux qui laissaient croire aux festivaliers qu’on en était toujours à faire les tests de sons. Résultat, l’hymne à la Sweet Montérégie a retenti devant un public très limité.

J’ai d’ailleurs quitté pendant le spectacle (par chance c’était la troisième fois que je voyais Burger cet été!), car je me suis tapé un solide coup de chaleur. Merci aux deux merveilleux paramédicaux qui m’ont accueillie, encore cette année. Vous êtes incroyables.

L’après-midi s’est poursuivi avec une clairière un peu plus remplie, mais encore là amaigrie par le peu de festivaliers présents dont une partie profitait de la rivière en cette journée caniculaire. Un fait bien dommage, notamment pour la prestation de Waahli et ses musiciens à laquelle j’ai assisté en bribe entre deux étourdissements. Avec ses cuivres résonants et son groove épatant, l’homme aurait pu faire un tabac s’il n’avait pas été planifié si tôt. Il en demeure pour moi une découverte que j’espère revoir bientôt.

C’est ensuite en rock que Gazoline, Paul Jacob, Bon Enfant et Nobro ont pris la scène. Revenant tranquillement à la vie juste à temps, j’ai pu danser sur Le Couleur. Les musiciens s’étaient tout particulièrement donnés dans les costumes médiévaux pour l’occasion. Une bonne dose d’humour et de comédie comme le septuor sait le faire!

S’ensuivit ensuite Bran Van 3000 qui, malgré leur enthousiasme, n’a pas réussi à conquérir la foule, du moins, avant que je ne quitte moi-même pour terminer ma soirée complètement K.O. avant même que ne débute le DJ set d’Hologramme. Je dois néanmoins avouer que de ce que j’entendais allongée sur mon matelas de sol, j’avais bien envie de ressortir de mon sleeping bag pour aller me dégourdir une dernière fois. La fatigue cumulée par le coup de chaleur a toutefois eu raison de moi.

Je suis partie tôt le dimanche, un peu déçue de mon manque de vigueur du samedi. J’espère que le festival survivra à cette baisse de fréquentation et que, s’il revient, vous oserez vivre son expérience musicale juste-assez-hippie. Il y a de quoi de magique (est-ce le Grandeur Nature?) à se retrouver pratiquement sans réseau cellulaire, en connexion avec les gens autour de nous pour apprécier pleinement le moment présent.

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