Genses de 7 à 77 ans s’étaient rassemblé.e.s au StudioStade TELUS du Grand théâtre de Québec à l’occasion du tout premier match de Ping Pong Go, formation instrumentale déjà incontournable avant même d’avoir lancé ses premières notes sur le terrain. C’est que le noyau de l’équipe, composé de Vincent Gagnon (claviers, synths) et de Pierre-Emmanuel Beaudoin (percussions, drum pad), avait déjà fait ses preuves auprès d’Ariane Roy, d’Hubert Lenoir, de Lou-Adriane Cassidy et de bien d’autres grands joueurs à la suite de leur arrivée dans l’arène pop.
En formule alignement tout étoile pour cette occasion spéciale (c’est-à-dire en compagnie de Lysandre Ménard aux claviers et de Dominique plante à la basse), le groupe a rapidement pris ses marques sur le terrain : running shoes aux pieds et t-shirts fluos dans leurs pantalons, ils ont sonné le coup d’envoi avec Maska IV suivie d’Alaie Boies, pièce qui ouvre l’album homonyme que Ping Pong Go lançait en ce mardi 26 avril. De quoi nous donner déjà un avant goût de leur intensité, de la diversité des timbres qui sortiraient des neuf claviers utilisés (oui, neuf, on a compté! De quoi faire saliver Herbie Hancock).
Bien que la musique de Ping Pong Go – qu’ils définissent comme du gamer jazz – soit maximaliste, très peu de séquences étaient utilisées par le groupe, qui prenait plaisir à superposer en direct leurs nombreuses lignes mélodiques et rythmiques avec talent et virtuosité. Pour être fair, si le groupe avait à compétitionner contre d’autres équipes, il faudrait compter les dix doigts de Vincent, Lysandre et Dominique ainsi que les quatre membres de PE comme autant de joueurs indépendants.
Leur secret? Avant de passer du côté pop de la force, le duo de créateurs derrière le projet étaient jadis d’honnêtes jedis du jazz. Si ce bagage particulier donnait beaucoup de jus à leurs compositions plus rapides comme Ping Pong Go ou encore un edge harmonique à certaines pièces comme Interzone – en plus de leur permettre d’effectuer de très cools soli – il leur donnait surtout un souci de la nuance qui s’appréciait encore plus dans les pièces les plus lentes, comme Billie & Louis ou encore Scoville. De quoi donner des frissons avant de nous relancer dans un autre univers déjanté.
Au-delà du jazz, l’aspect gamer était incarné pour sa part tant dans le côté insouciant et ludique du spectacle – où se trouvaient de nombreux clins d’oeil musicaux à l’univers des jeux vidéo – qu’à travers le plaisir visible que les musiciens prenaient à jouer. C’est qu’au-delà d’une démonstration pure de talent, leur musique semblait vraiment être pour eux un terrain de jeu. Parce que pourquoi faire compliqué quand tu peux faire un long solo de une note sur Micro-Onde? Et pourquoi faire simple quand tu peux t’amuser à faire des micro-variations de rythme pendant le « refrain » de Scott Jonction? Le plaisir sans prétention qu’en retiraient les musiciens était plus que contagieux, donnant encore plus au public le goût d’embarquer dans le dansant délire Ping Pong Go.
Le spectacle s’est terminé sur l’effrenée Corvette, et honnêtement pas une seule fois l’absence de paroles ne s’est fait sentir, tant les compositions du groupe regorgeaient d’expressivité. Le responsable en chef de la ligue popop – la nouvelle étiquette de musique instrumentale à surveiller – est venu couronner ses jeunes poulains de succès. Et nous, on est reparti.e.s survolté.e.s, en ayant déjà hâte au prochain spectacle.