Cette année, j’ai eu l’immense plaisir de célébrer la Journée internationale des droits des femmes en assistant à une soirée dédiée à celles-ci à L’Anti Bar & Spectacles. La soirée est une initiative ayant pour but non seulement de mettre à l’avant les rappeuses et chanteuses de la scène québécoise, mais également de créer une occasion pour celles-ci de se retrouver ensemble sur une même scène, une occasion qui se présente malheureusement trop rarement. Il était incroyablement réconfortant et rafraîchissant de voir les femmes sur scène, mais aussi dans la foule, vibrer en harmonie les unes avec les autres aux sons de leurs créations. Les circonstances intimes et familières du spectacle semblent avoir permis de créer un sentiment de confiance chez les artistes. Celles-ci ont permis une connexion privilégiée avec la foule pour des artistes qui n’ont pas toujours la chance de se présenter en spectacle, surtout avec les conditions de la pandémie. J’ai grandement apprécié le moment que j’ai passé et les découvertes que j’y ai faites. J’espère sincèrement que cette soirée saura inspirer les femmes dans la salle, mais aussi les organisateurs d’évènements à faire la place tant méritée aux femmes du milieu artistique.
Sur ce, voici comment ma Journée internationale du droit des femmes s’est déroulée.
Miss DJ Licious
La soirée débute avec Miss DJ Licious sur les platines qui nous met rapidement dans l’ambiance en mixant habilement des succès de rappeuses anglophones et francophones. Elle délivre une série de chansons mettant l’eau à la bouche pour ce qui s’apprête à se dérouler devant nous. La DJ nous suit également au courant de la soirée, accompagnant plusieurs artistes sur scène durant leur performance.
Trei Ochi
Trei ochi entre ensuite sur scène pour rejoindre Miss Dj Licious, vêtue tout de noir avec une cagoule et des lunettes de soleil, une allure à la fois mystérieuse et comique alors qu’elle arbore un grand sourire. Une fois la cagoule retirée, Trei Ochi commence tout de suite à propager positivité et reconnaissance, émotions qui semblent faire leur bout de chemin dans la salle alors qu’elle interprète les chansons de « Not an album ». Les titres présentent un mélange de rap, parfois lo-fi, parfois trap, aux influences allant de Brockhampton à Lil Peep. La chanteuse nous présente entre autres des pièces comme 4 U avec une ambiance contrastant avec l’humeur de l’artiste de par leur basses profondes, sa voix forte en reverb et leurs thématiques sombres. Trei Ochi prend également un moment pour inviter l’audience à fermer les yeux, profiter du moment et plonger dans nos pensées sur un instrumental poignant. La performance de Trei Ochi m’a permis de mieux apprécier, de par son interprétation, un style qui ne m’est pas toujours intuitif, remettant en perspective les émotions et la spontanéité du genre.
Sensei H & Verone
La scène s’est ensuite vidée pour faire place à Sensei H accompagnée de Verone, son MPC ainsi que sa contrebasse. Les deux femmes nous font des interprétations, entre autres, de l’album «Focus», mais aussi des nouvelles chansons de son album qui devrait sortir prochainement. Les pièces sont présentées avec des instrumentaux minimalistes laissant place à l’une des plus grandes forces de SenseiH, ses textes. Alors que Verone construit de toutes pièces les beats devant nous, Sensei H se lance sans hésitation, mais avec tout de même un peu fébrilité, dans ses textes à la fois techniques et réfléchis. Le duo relativement insolite dans le monde du rap prend rapidement de la confiance alors que la complicité entre les deux artistes se fait sentir de par les regards complices, la chimie musicale et les fists bump, et ce même s’ils sont parfois laissés en suspens un peu trop longtemps, menant à un moment très cocasse qui rapproche encore une fois la foule des artistes dans la salle du petit bar de Québec. Le duo livre une performance spontanée et revigorante qui est toujours plaisante à voir dans des spectacles de rap, rappelant les sources du mouvement de par les moments d’improvisation et d’authenticité.
MCM
Nous avons ensuite eu droit à une performance explosive de la femme derrière l’initiative de la soirée. MCM est en effet celle que l’on doit entre autres remercier d’avoir regroupé les artistes présentes pour cette soirée rap riche en diversité. La vétérante du rap, mais aussi du mouvement militant féminin, nous a sorti de son catalogue plusieurs chansons qui n’auraient pu être mieux choisies pour l’événement. Même si elle avoue ne pas être montée sur scène depuis quelque temps, la rappeuse livre une performance maîtrisée, énergique et motivante. Malgré un petit accroc dans l’une des chansons, elle en profite pour livrer un message de sagesse et d’humilité, rappelant que malgré les erreurs l’important est de se relever. En pleine maîtrise de ses moyens, on peut discerner à travers la performance de MCM une grande fierté, non seulement en cette soirée, mais aussi en toutes les femmes présentes sur scène ce soir.
Odreii
Après avoir eu droit à un alignement principalement axé sur le rap jusqu’à cet instant, c’est maintenant au tour de la chanteuse R&B Odreii de venir enflammer la petite salle de St-Roch. Vêtue de rouge et de brillants, la chanteuse arbore des tresses dégradées du doré vers le rouge, comme un présage que la température est sur le point de monter soudainement dans la salle. Débutant avec une spectaculaire performance vocale sur une piste acoustique, la chanteuse enchaîne avec les succès de son tout dernier album «Sweatin’ Gold» où elle combine danse envoûtante, charisme et une voix chaude. La soirée s’enflamme réellement alors que Odreii performe Handle the Heat, ce qui fait que la foule ne retient plus ses pas de danse, coincée entre les chaises et l’envie d’accompagner la chanteuse.
Marie-Gold
Nous quittons ensuite Québec pour aller faire un tour à «Baveuse city» avec Marie-Gold. Si vous avez écouté le dernier album de Marie-Gold, nul besoin de vous annoncer qu’elle débordait d’énergie sur la petite scène de l’anti, mais aussi qu’il s’agissait de la soirée toute désignée pour présenter «Bienvenue à baveuse city». La rappeuse saisit alors l’occasion pour prouver une fois de plus que la Montréalaise est désormais une force à ne pas sous-estimer dans le rap game québécois. Telle la montagne russe énergétique qu’ elle est, Marie-Gold livre une performance calibrée à l’ambiance de son album, permettant une immersion véritable de son univers. Je crois qu’il va s’en dire que la boss du game mérite une augmentation après une telle performance.
Calamine
Qui de mieux désigné pour clore cette soirée thématique qu’une rappeuse qui s’attèle à démonter les codes du rap depuis la parution de son premier album «Boulette Proof». Calamine s’amène sur scène accompagnée de son trio habituel : Kèthe Magané à la basse et la guitare, Arthur Evenard au synthétiseur et Valérie Lachance-Guillemette au saxophone. Le band nous offre une exécution en symbiose devant une foule désormais plus que réchauffée. Nous avons droit à plusieurs chansons de «Boulette Proof», dont une chanson très attendue selon les circonstances, Mona lise, qui résonne particulièrement dans la salle. Le groupe nous fait également le plaisir de la primeur de plusieurs chansons du prochain album de Calamine, «Lesbienne woke sur l’autotune», où la rappeuse présente des flows et des thématiques encore plus assumés. J’attends maintenant mon hymne au véganisme avec impatience, prêt à chanter en chœur «J’mange pas des cadavres».