Bon Enfant a servi une double dose de rock québ aussi vintage que dansant aux spectateurs du Pantoum le 24 octobre dernier lors de son passage à Québec pour le lancement de «Diorama», leur deuxième album. Notre équipe a assisté à la représentation de 19h et vous raconte le tout en mots et en images.
Débutant tout en finesse avec l’instrumentale Triangle, le super-groupe trahissait déjà son expérience de la scène et son sens du mood. À mesure que se développait cette entrée en matière quasi-cinématographique et enrubannée de synthés, l’ensemble des musiciens prenait place, ce qui nous a permis de noter la présence de deux joueurs supplémentaires: Emmanuel Ethier (guitare) et Jérôme Dupuis-Cloutier (synthés, percussions, trompette).
Pas trop pressés, ils nous ont transportés en douceur vers Cinéma, puis nous ont énergisés un peu avec Porcelaine, où les mélodies de Daphné Brissette prennent des détours inédits, tout en restant merveilleusement accordées à la singularité de sa voix. Les paroles de ce titre lui laissent d’ailleurs explorer autant un parler québ que des inflexions dramatiques dignes des cantatrices françaises. C’est ensuite la savoureuse Pâte à biscuit qu’on nous a servie : une rêverie givrée de psychédélisme qui prenait elle aussi son temps, sans se précipiter. On pouvait se laisser planer, admirer les jeux de lumière sur les décors et sur le plafond noir du Pantoum.
C’était ensuite le temps de nous brasser un peu avec Chagrin d’amour, histoire de nous torturer un peu (parce qu’on était scotchés sur nos chaises – règlement oblige – et que de ne pas danser semblait presque être un crime). Les timbres riches et vintage, qui sont toujours la signature sonore du groupe même à travers des influences plus diversifiées, commençaient alors à se déployer. L’amour à sens unique a continué le travail, avec ses lignes mélodiques accrocheuses, amorçant un crescendo d’énergie contagieuse se déversant du band vers les spectateurs qui, à défaut de pouvoir danser, gigotaient sur leurs chaises et smizeaient en tabarnak derrière leurs masques (scusez-la).
Le party était pogné. Étienne Côté conduisait les autres avec fougue sur sa batterie tandis que le solo de synthé de Mélissa Fortin décollait comme une fusée. Moment parfait d’apogée pour enchaîner avec la pièce éponyme de l’album, Diorama, où les voix des musiciens s’harmonisaient style yéyé avant de nous mener vers un épique segment instrumental bien psyché mettant à l’honneur les coulées de notes de Dupuis-Cloutier à la trompette. Sur Ciel Bleu, c’est le bassiste Alex Burger qui s’est amusé à fleurir ses lignes mélodiques dans la finale instrumentale de la pièce.
Décidément, le groupe a voulu rêver sans compromis pour ce deuxième album et il en assumait bien l’esprit grandiose, cathartique et cosmique lors du lancement. En guise de bouquet final, la lumineuse Astronaute Amateur (où se dédoublaient les lignes de guitares de Guillaume Chiasson sous les doigts experts d’Emmanuel Ethier) a précédé Grandiose, un brin country, délivrée à la guitare acoustique comme un doux au-revoir-à-tout-de-suite. Au rappel, Guillaume et Daphné – les auteurs-compositeurs principaux du projet – ont soufflé leur Vent Doux folk sur le public avant que le groupe nous survolte à nouveau avec quelques titres de leur premier album, histoire de nous laisser sur notre faim comme le personnage dans Magie.