À peine installé dans le Studio Telus du Grand Théâtre de Québec, on pouvait déjà remarquer les nombreux instruments entassés sur la toute petite scène et ne laissant que peu d’espace aux quatre musiciens qui allaient sous peu y prendre place. Avant même que cela ne commence, on savait pertinemment que ce qui nous attendait serait aussi riche que Et si j’étais à des années-lumières, le premier album complet de Cédrik St-Onge sorti en 2019.
Aujourd’hui âgé de 24 ans, Cédrik n’avait que 22 ans lors de la sortie de cet album. On y trouve pourtant une puissance mature, tant dans sa composition musicale que dans l’écriture de ses textes. Pour son premier EP, l’auteur-compositeur-interprète a travaillé avec nul autre que Louis-Jean Cormier. Si on en sent parfois ses influences, Cédrik propose toutefois un son qui lui est propre, un son qu’il définit depuis son enfance. La musique a toujours été présente pour le Gaspésien. On le constate dès l’ouverture du spectacle qui débute par une projection de Cédrik, enfant, reprenant l’Oiseau de René Simard avec une justesse et une puissance vocale épatante pour son jeune âge.
Le jeune homme est un grand sensible et c’est beau à voir. Il suffit de ses interventions avec le public pour le comprendre. « Pincez-moi quelqu’un, y’a du monde. Je vais pleurer », nous lançait-il en ouverture. Sa famille est également un sujet sensible, une source d’inspiration et on constate facilement tout son attachement pour eux. Tout au long du spectacle, en plus de remplir nos oreilles de mélodies complètes et touchantes, des projections mettaient en scène des images captées à la Super 8. « Vous allez voir des projections pis des sons que ma grand-mère a pris y’a 60 ans. Elle ne savait pas qu’un jour ça se retrouverait dans le show de son petit-fils », rigole-t-il. On peut également entendre ces mêmes extraits audio sur l’album, des récits comiques et attachants de la vie de cette femme indéniablement avant-gardiste pour son époque.
Musicalement, on est totalement dans l’émotion. L’album porte bien son nom, car on se croirait en suspension dans l’hyperespace. On y fait un voyage dans le temps, une projection dans une autre dimension. Les voix s’envolent pour laisser ensuite notre émoi en chute libre. Dans cette perturbation, cet élan viscéral, on retrouve le réconfort dans la douceur des cordes du violoncelle avant de s’emporter à nouveau dans les variations des percussions. Nul besoin de mentir, j’ai pleuré et je n’ai sûrement pas été la seule.
J’attendais depuis la sortie de l’album la visite de Cédrik dans la Vieille Capitale. L’attente en valait la peine et m’a laissé sans déception. Le quatuor de musiciens a offert une performance touchante et l’expérience y était complète. Je vous conseille fortement de mettre son nom sur votre liste d’artistes à découvrir, car l’avenir s’annonce prometteur pour ce jeune gaspésien.