La Noce 2021 : La Fièvre, Le Couleur, Douance, Anachnid, Marie Davidson et l’oeil nu, Sheenah Ko et Ariane Roy

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Marie-Ève et Danaé sont allées virer au Saguenay du 7 au 10 juillet pour le Festival La Noce de Froment, qui se déroulait sur le site patrimonial de la Pulperie de Chicoutimi. La Noce, comme son nom l’indique, célèbre l’amour de la musique et de l’autre depuis maintenant cinq ans. On a pu voir plusieurs excellents shows ainsi que plusieurs mariages à 10$ qui unissaient les coeurs. Il faisait bon vivre dans la région ou l’on a pu se retrouver librement, presque comme avant, en dansant et chantant pendant les quatre jours de festivités. Voici un topo de nos découvertes et des spectacles qui nous ont fait vibrer.

JOUR 1: 7 JUILLET

La Fièvre – 16h00 Scène du corridor

Malgré la timidité du soleil et celle des spectatrices.eurs tout juste arrivé.e.s, Zéa et Ma-Au de La Fièvre ont débuté le festival en lion. Irrévérencieusement féministes, les musiciennes abordaient des thèmes engagés et ésotériques, combinant l’aspect planant d’une dark synth-pop avec la fougue d’un rap aussi poétique que rythmé et mordant. Le duo montréalais a revisité les chansons phares de leur album homonyme et présenté quelques nouveaux titres dans un spectacle dynamique où la complainte du thérémine s’entrelaçait à leurs voix tantôt narquoises, tantôt graves. Tout au long de leur performance, on se sentait plongé.e.s dans la Nuit, le genre de nuit où l’on célèbre le Sabbat, où les louves rôdent sous la pleine lune. On aurait d’ailleurs bien pris le tout à minuit le soir, pour danser en transe jusqu’à l’aube.

Marie-Ève Fortier

Le Couleur – 17h00 Scène du corridor

La formation disco pop Le Couleur, créée par Laurence Giroux-Do (chant), Patrick Gosselin (basse) et Steeven Chouinard (batterie), a offert à La Noce une performance riche et irrésistiblement dansante. Accompagnés sur scène par Jean-Cimon Tellier et Sheenah Ko à la guitare et au claviers, le groupe nous a présenté les titres de l’album Concorde paru en septembre 2020. On pouvait ressentir que les festivalier‧ère‧s tardaient à arriver au Saguenay en cette première journée de festival, mais le public était tout de même content d’être présent.

Danaé Maltais

JOUR 2 : 8 JUILLET

Douance – 16h00 Scène du Corridor

Propulsée par sa performance toute récente à la 25e édition des Francouvertes, qui lui a valu sa place dans différents festivals cet été, Douance s’est retrouvée devant nous pour présenter non seulement les pièces tirées de son dernier (et premier) EP, mais aussi quelques chansons fraîchement composées pour l’occasion. Malgré cette toute récente apparition dans l’écosystème musical (littéralement « deux minutes », si on en croit leurs propos) la formation montréalaise a donné un spectacle équilibré et présenté des compositions prometteuses. Pour le plus grand plaisir des spectateurs, leur grunge inspiré des années 90 déballait lentement ses rythmes dansants ou planants ainsi que ses grosses lignes de guitare distortionnées tandis qu’Alexandrine Rodrigue chantait de sa voix vaporeuse ses insécurités – les nôtres – avec une sincérité qui adoucissait la dissonance du monde. Vivement la suite! 

Marie-Ève Fortier

Anachnid 18h30 scène 1912

L’autrice-compositrice-interprète Anachnid a livré jeudi soir un spectacle époustouflant et empreint d’une émotion sans pareil. En formule trio, celle qui représente l’esprit animal de l’araignée a chaleureusement accueilli le public en reconnaissant que nous nous situions sur les terres des communautés innues. Après un moment de silence accordé pour les corps des enfants autochtones retrouvés dernièrement, l’artiste a transpercé l’âme de la foule en chantant gravement «They are taking the children away, America ». Anachnid a ensuite poursuivi sa performance en nous proposant des titres de son album Dreamwaever (2020), dont la puissante pièce Anachnid et la dansante Summer Hunting, qui raconte l’histoire d’une femme chevreuil. Un spectacle marquant auquel nous sommes reconnaissante d’avoir pu assister.

Danaé Maltais

Marie Davidson et L’Oeil Nu – 19h30 scène 1912

Marie Davidson et L’Oeil Nu ont fait éclater toutes les normes jeudi soir à l’intérieur du 3e moulin de la Pulperie (construit en 1912). Dès ses premiers moments sur scène, Davidson a entamé énergiquement Renegade Breakdown, la pièce éponyme de son dernier album, un hymne dansant et décapant qui explore les aspects dysphoriques de la vie de tournée de la chanteuse. C’était l’équivalent d’injecter une bonne dose d’adrénaline au public qui s’est réveillé en deux temps trois mouvements.

Le groupe a poursuivi l’expérience avec un set qui se faisait de plus en plus dansant, mêlant toutes sortes d’influences allant du kraut rock à l’électro house. Même si la formation à quatre musiciens performait ensemble seulement pour la deuxième fois, il était évident que les membres du groupe partageaient une forte chimie et qu’ils savaient la transmettre au public. Pierre Guerineau (Essaie Pas), Asaël R. Robitaille et Jesse Osborne-Lanthier complétaient à merveille la verve cinglante de Davidson, dont l’électro plus cold wave prenait des airs tantôt de blues rock, tantôt de pop, voire de métal. Le groupe a terminé la soirée en crashant leur propre party à coups de cris existentiels et de lamentations avant de clore en beauté sur la contagieuse Work it. 

Marie-Ève Fortier

JOUR 3 : 9 JUILLET

NOBRO – 18h30 Scène 1912

Vendredi à La Noce, je voyais mon premier spectacle de NOBRO à vie et j’ai instantanément regretté de ne pas les avoir vus plus tôt. Ayant déjà écouté le EP Sick Hustle à maintes reprises auparavant, ce fut un plaisir d’entendre enfin les titres punk-rock fiévreux du groupe en live. Voir des bands 100% fémimins et unapologetics tel que NOBRO, ça fait un bien fou! La chanteuse et bassiste Kathryn McCaughey transperçait la foule par son énergie brute. Elle était accompagnée par le reste du groupe, soit Karolane Carbonneau à la guitare, Lisandre Bourdages aux claviers et percussions et Sarah Dion à la batterie. La puissance de la prestation s’est décuplée sur la pièce Don’t Die, pendant laquelle Kathryn s’est lancée par terre sur le dos pour shredder – dramatique à souhait, on adore.

Danaé Maltais

Sheenah Ko – Minuit au CEM

Connection, c’est le nom du projet musical que Sheenah Ko nous présentait vendredi soir au Centre d’expérimentation musicale (CEM) de Chicoutimi, le même lieu où elle y avait donné naissance l’an dernier, en résidence. C’est aussi le mot qui décrit le mieux ce qui s’est passé vendredi soir entre elle et les 6 musiciens avec qui elle improvisait, ce qui s’est passé entre eux et nous, le public. 

À travers sa synthpop expérimentale, Ko nous a embarqué.e.s dans son aventure lumineuse. Le chemin était ponctué des rythmes créatifs de David Simard et de Mélissa Labbé, des voix versatiles de Sola Nkani et Caroline Tremblay, des grooves de Stéphane Beaulieu (basse) et des volutes de trompette de Charles Imbeau. L’ensemble – allant d’une pop vaporeuse au psychédélique en passant par des portions plus proches de la danse extatique – était nimbé d’un esprit jazz digne de Sun Ra. Et pendant ce temps, Sheenah, le sourire aux lèvres, nous enveloppait de ses synthés et entrelacait sa voix de sons du fjord.

Et nous? Nous avons souri, applaudi, dansé, fermé les yeux, pour ressortir de cette aventure sereins. Bonne nouvelle pour l’espoir. 

Marie-Ève Fortier

JOUR 4: 10 JUILLET

Ariane Roy – 18h30 Scène du corridor

Ça fait déjà quelques fois que nous assistons au spectacle d’Ariane Roy dans les dernières semaine, mais celui de samedi à La Noce était définitivement l’une de ses meilleures performances. Ariane, accompagnée sur scène par Odile Marmet-Rochefort, Dominique Plante et Vincent Gagnon, a présenté les chansons de son album Avalanche (n‧f) ainsi que quelques nouveaux titres, dont Je me réveille. Sa présence sur scène, d’un naturel rafraîchissant, était remarquable. Sur Ta Main, on retrouvait les sonorités pop-soul alternatives de l’artiste.

Danaé Maltais

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