Écoute guidée: Population II – « À la Ô Terre »

30 octobre 2020

Marie-Ève Fortier

Pour vous mettre l’eau à la bouche devant « À la Ô Terre », on pourrait vous parler du fait que Population II l’a sorti sous l’égide de Castle Face Records (la célèbre grosse pointure californienne en matière de rock garage et psychédélique), qu’ils l’ont enregistré avec Emmanuel Ethier et Samuel Gemme ou encore que le groupe montréalais s’inspire d’une quantité faramineuse de courants musicaux, tel le krautrock d’Amon Düül ou encore la musique nubienne contemporaine de Hamza El Din. Mais au final, même sans toute cette garniture d’information, ce premier long-jeu de Population II sait très bien se défendre de lui-même. Compte-rendu play-along d’un album écouté beaucoup trop de fois. 

S’ouvrant sur une Introspection de quatre minutes quarante, le disque se campe d’emblée dans un psychédélisme éclectique. La voix nasillarde de Pierre-Luc Gratton (chant, batterie) semble presque nous narguer, tandis que la musique se fait de plus en plus lourde, penchant vers un blues bien stoner. Les progressions sont surprenantes, et au détour une ligne de saxophone nous surprend. À quelques reprises, le musicien invité Samuel Hampell saura remettre à l’avant cette forte influence de l’esprit jazz qui traverse l’album. Retour aux cris et à la distorsion : mais qu’est-ce qu’on écoute? On le sait pas trop, mais c’est bon en mautadine. 

Ce n’est Rêve suit, lent et sinueux crescendo d’intensité. À l’image de la rêverie ou du fantasme, fil conducteur dans l’oeuvre, les paroles des chansons dessinent un imaginaire touffu et fuyant. Tout comme le titre du disque (« À la Ô Terre » se veut un jeu de mot avec hauteur), les mots semblent revêtir plusieurs sens et ils évoquent plus qu’ils énoncent. La langue française est d’ailleurs utilisée d’une manière inusitée par le groupe, un peu à la manière d’Oscar Wilde pour « Salomé », sa pièce de théâtre symboliste.

L’onirisme devient musical sur Les Vents sous les doigts de la harpiste invitée Marilou Lyonnais Archambault (sans doute un petit clin d’oeil à « Journey In Satchidananda » d’Alice Coltrane, une influence avérée du groupe). Sébastien Provençal se lance ensuite dans une ses envoûtantes lignes de basse qui se démarquent dans l’oeuvre. La table est mise pour un voyage desert rock qui dure trois pistes, avec ses moments intenses et ses langueurs. On passe à travers de L’Offrande et de La Nuit, guidés autant par la guitare que par les volutes d’orgue de Tristan Lacombe.

Il eut un Silence dans le Ciel recommence en fougue et amène une touche de groove moyen-oriental qui se mêle bien avec le psychédélisme de l’ensemble. Gratton chante l’histoire de ceux et celles qui se sont élevés au rang de saint.e.s, faisant honneur au passage à « L’Apocalypse de Jean » de Pierre Henry. Ceux qui cherchaient des émotions fortes pourront les trouver dans la fin tonitruante de cette pièce, qui se termine abruptement pour laisser place aux premières notes free jazz d’Attraction.

C’est ensuite le retour à la lenteur, aux nappes des orgues et aux lascives lignes de basse. Se succèdent candidement tous les reflets que peuvent prendre la musique chimérique de Population II (dont les membres semblent définitivement être des mélomanes avérés). Englobant le tout, on retrouve l’obscurité planante et caractéristique qui donne à l’oeuvre l’irrésistible charme de la fatalité. 

Après un savoureux solo de guitare, La Danse fait ensuite dominer le rythme et ses fluctuations dans une envolée motorik digne de ce nom qui se poursuit sur À la Porte de Demain. Décidément, le groupe démontre qu’il maîtrise l’art des changements de dynamique!

L’album se termine enfin sur Je Laisse le Soleil Briller, complainte de charmeur de serpent qui semble nous jeter un sort nous obligeant à recommencer l’album encore et encore, pour rester dans cet univers fascinant qu’est « À la Ô Terre ».

Justement, ça tombe bien, Population II sera à l’Anti le 7 novembre prochain pour donner un spectacle virtuel. C’est par ici pour les billets.

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