Découvredonc.ca : Rosalie Bea

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Avec ma nouvelle chronique Découvredonc.ca, je vous inviterai à découvrir une panoplie de projets musicaux émergents de la ville de Québec. Depuis mon arrivée dans la Capitale-Nationale, en 2017, j’ai l’impression d’entendre un nouveau band local à chaque semaine; j’ai donc eu l’idée de partager mes coups de cœur méconnus pour ecoutedonc.ca.

Rosalie Bea

Il nous arrive tous de vivre des soirées qui sortent de l’ordinaire. En 2019, j’ai assisté à une exposition d’artistes visuels émergents à la chapelle du Musée de l’Amérique francophone qui était organisée par Florence Dubé-Moreau, l’autrice, commissaire indépendante et coprésidente de la Fondation Laurent Duvernay-Tardif. Roxanne (ma blonde) avait une amie qui y exposait et, comme elle habite maintenant au Texas, on a décidé d’aller souper avec sa gang d’artistes et elle dans un petit resto chinois pas trop loin. S’en suivit une série de discussions sur plein de sujets passionnants, le genre de conversations qu’on aime avoir avec des gens dont on est proche. Tout en parlant d’amour, de jalousie et de mille autres trucs, notre amie nous parle d’une de ses amies d’enfance, Rosalie Beä (qui était passée, elle aussi, voir l’exposition un peu plus tôt) qui a écrit une chanson qui parle de l’importance de vivre les ‘’dernières fois’’ avec la personne qu’on aime et d’oublier ses ‘’premières fois’’. Comme elle sait que Roxanne et moi aimons bien l’électro, elle nous suggère de découvrir son univers, sans insister. Ce n’est que quelques semaines plus tard, un peu par hasard, que Spotify propose la chanson Calm dans une de mes playlists. J’étais au travail et je me disais que c’était sûrement parce que Roxanne en avait écouté à la maison et avait oublié de se connecter à son Spotify. Bref, après quelques secondes, je réalise que c’est juste magnifique. Je me rappelle avoir skippé la chanson en me disant que je devais attendre le bon moment pour découvrir Rosalie parce que je ne la découvrirais qu’une fois. En arrivant à la maison, j’ai sauté dans le bain, haut parleur Bluetooth plein volume, et je me suis laissé bercer par, sincèrement, l’album qui m’a le plus marqué depuis In Rainbows, il y a plus de 10 ans (DÉJÀ!). Voici donc une incursion dans la bulle de Rosalie Bea.

Walk Away – Rosalie Beä

Née dans une famille ‘’où apprendre le piano classique vient avec ton certificat de naissance’’, Rosalie a grandi dans la musique. À 11 ans, son amour pour le mythique groupe S Club 7 lui permet de réaliser que composer des chansons, c’est seulement de mettre des mots sur de la musique. Depuis, la composition a toujours fait partie de sa vie. Après avoir participé à tous les concours musicaux imaginables pendant son adolescence, c’est vers l’école nationale de la chanson de Granby qu’elle se dirige afin de développer son style et mieux connaître le milieu. Elle a ensuite écrit de la musique pour différents artistes de la relève (Geneviève Racette, Ariane Vaillancourt, etc.), avant de frapper un mur vers l’âge de 23 ans: ‘’J’ai commencé à me sentir très mal, pour plein de raisons: je trouvais le métier sans issue, stressant, et je me sentais coincée de composer pour les autres. Music to Breathe est né dans ces moments là, où j’ai fini par me « retrouver », assumer ce que je veux, ce que j’entends, sans plus me soucier de ce que quiconque en pense.’’ 

C’est d’abord au piano ou à la guitare que Rosalie compose ses chansons, en version acoustique. À ses yeux, ‘’si une chanson sonne bien lorsqu’elle est dépouillée, c’est qu’elle fonctionne et qu’elle possède une puissance’’. Il lui arrive même de réécrire une chanson des dizaines de fois afin d’aboutir à la version qui fait le plus de sens. Elle travaille ensuite ses arrangements dans son home studio, à Québec, afin de créer une trame émotive qui soutient bien le propos. Elle me raconte: ‘’Quand les chansons ont une fondation que je considère solide, je travaille avec mon incroyable équipe: Francis Ledoux à la réalisation et aux drums, avec son écoute, sa sensibilité et son intégrité. David Lagacé aux effets, aux idées, à la voix, et Vincent Yelle, mon éternel critique et ami et meilleur bassiste au monde. Pour Music to Breathe, j’ai aussi eu la chance de travailler avec Aimé Duquet et Étienne Dupré, deux musiciens que j’adore.’’ En fait, c’est par Rosalie que j’ai découvert Francis qui a réalisé tous les albums auxquels j’ai participé depuis (Ombre! au Pantoum et Juillet chez lui à Montréal). Elle a aussi fait appel à Tyler Knott Gregson, qui a travaillé conjointement avec elle sur les paroles de Poem, Calm et For your Lasts

En discutant un peu plus de l’album, Rosalie m’explique qu’une fois la réalisation Music to Breathe terminée, elle avait l’impression qu’il manquait quelque chose, sans trop savoir quoi. Elle a finalement composé Walk Away, ma pièce préférée de l’album, en 15 minutes, un soir avant d’aller retrouver Françis à Montréal pour les derniers ajustements. Elle a écrit les paroles le lendemain, en route sur la 40, en moins d’une heure. C’est devenu au fil du temps ‘’la chanson que j’ai le plus souvent besoin d’écouter’’, me dit-elle. ‘’Ça fait partie de la magie de la composition, des fois c’est la musique qui nous parle’’. Elle aime aussi Home qui, au contraire, a été écrite sur quelques années et sur laquelle on entend plus le travail de ses collaborateurs qui l’ont fait énormément cheminer au fil du temps. 

Comme influence, Rosalie me parle de Sufjan Stevens, qui selon elle (et bien d’autres), est un musicien qui ne s’impose pas de limites et qui l’inspire à aller dans toutes les directions qu’elle veut. Elle cite aussi Alt-J, Lykke Li, Rufus du Sol, Fleet Foxes et Banks. Helena Deland et Jesse Mac Cormack font aussi partie de ses coups de cœur québécois.

Enfin, j’aurais pu écrire encore 12 paragraphes sur cette artiste incroyable. Rosalie fait partie de ma vie depuis la froide journée d’hiver où je l’ai découverte. Sa musique est tellement puissante et introspective et ça me fait réellement plaisir de vous la partager.

À écouter si vous aimez Sufjan Stevens, Ghostly Kisses, Pascal Pinon, Dear Criminals. En fait, à écouter, point. 

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