Mon amour pour Ariane Roy n’est plus un secret depuis que j’ai écrit la critique d’Avalanche (n.f.), son premier EP livré à nous le 6 mars dernier. C’est donc fébrile et heureuse que je me suis présentée au Studio du Grand Théâtre de Québec le 14 août dernier pour la série Scène d’ici.
Quelques minutes après 20h, Ariane et son équipe se sont présentés devant un public d’une quarantaine de personnes cordées en groupes de deux et attablées devant la scène. On se serait cru dans un souper spectacle plus qu’intimiste, mais où on aurait oublié de nous servir le repas. Le tout laissait donc, au premier abord, une ambiance étrange que la volupté dans la voix d’Ariane nous a rapidement fait oublier.
Pour la jeune chanteuse, c’était une première devant audience depuis la sortie de son album et donc, devant une foule susceptible de connaître les subtilités de son œuvre. De ce fait, c’est une Ariane enthousiaste qui s’est présentée devant nous pour nous offrir un programme regroupant non seulement les pièces de ce premier maxi, mais également quelques nouveautés. « On se mouille » nous dit-elle en riant avant de plonger dans Quand je serai grande. Puis que l’artiste revenait encore à peine d’une résidence à Petite-Vallée, la pièce a été montée en seulement deux jours par sa crème de musiciens. Bien que l’échéance ait été courte, le nouveau titre se dévoile fort prometteur. Si les spectateurs n’avaient été contraints de respecter les mesures de santé publique, c’est précisément à ce moment-là que les corps se seraient laissés aller sur la guitare grasse entre les mains de Dominique Plante.
Écrite pendant le confinement, Borders aura su éveiller le souvenir pour ceux qui ont regardé en juin dernier la captation de la chanteuse en direct du Pantoum. Cette seule pièce autre que francophone, tout simplement « parce que c’est sorti en anglais », témoigne d’une profondeur déroutante. Il est bien connu que les sonorités anglos apportent une puissance lyrique différente, et elles permettent de mettre en valeur tout le feutre qui enveloppe la voix d’Ariane. Finalement, Ta main, une pièce qui joue depuis déjà un peu plus longtemps, vient compléter ce trio de nouveautés qui, pour l’instant, ne peut être qu’entendu en salle.
Le micro-album d’Ariane Roy est sublime, mais l’évolution de l’artiste l’est encore plus. On sent que, tranquillement, elle tend à s’émanciper des racines jazz qui l’habitent et la définissent pour prendre davantage d’initiative. Mais attention, on ne parle pas ici d’un changement de cap, mais d’une croissance artistique marquée d’une signature et d’une identité propre qui font de cette femme une femme unique. J’attends donc, encore une fois avec impatience, la sortie d’un prochain album. D’ici là, je sauterai sur les occasions de la voir sur scène et je vous conseille fortement de faire de même.