Brunnemer – « Jazz is the new triste »

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Brunnemer est officiellement débarquée dans le paysage de la scène locale le 1er mai dernier en lançant son premier maxi francophone: Jazz is the new triste. Cette collection de cinq compositions nous font découvrir un micro-monde à la frontière du jazz, de la musique populaire et de la culture québécoise.

Le son du disque s’affirme d’emblée sur Les fakirs: c’est jazzé, oui, mais c’est aussi très soul, plutôt RnB et même un brin prog. L’autrice-compositrice-interprète Sarah Brunnemer et ses cinq destriers du groove semblent faire virer les mélodies et les ryhtmes au gré de leurs envies.

Le résultat, c’est une musique à ciel variable non seulement sur le plan des trames sonores, mais aussi sur celui de la gamme d’émotions explorées. Les textes, très imagés, laissent place à l’interprétation, ce qui vient complexifier le rapport à l’atmosphère des chansons. D’autant plus qu’il y a parfois une friction entre les thèmes abordés et les émotions transportées par le groove. Par exemple, sur Terrasser la bête, un beat trip-hop savoureux accompagne Brunnemer, alors qu’elle raconte : 

«Pour terrasser la bête j’ai pris le couteau
Visité ta tête affronté le chaos
Dans la chambre à coucher bien au froid dans le lit
Enlacés je vous ai trouvés»

Terrasser la bête, Brunnemer

Vers le milieu du disque on retrouve L’eau du bain, la plus énergique des propositions du groupe. Elle donne envie de danser dans son salon du début jusqu’à la fin, où elle laisse soudainement place à Dundumba Bolokonondo, un rythme de danse traditionnelle de la Guinée qui se joue à trois tambours. Ici, les six mains appartiennent à Aboubacar Mane, Bayo Mamadou et Mohamed Keita, qui figurent aussi, d’ailleurs, dans le vidéoclip de la chanson. 

En terminant, Brunnemer nous laisse avec Colposcopie, qui semble réunir en force tous les éléments abordés ci-haut: la poésie, l’ambiguïté des couleurs, l’évolution des trames mélodiques et rythmiques ainsi que le groove. Et derrière chacun de ces éléments, on retrouve l’esprit du jazz, qu’il soit the new triste ou the new bonheur, « positivement fataliste ».

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