GLU
(Simone Records)
Entre autres fluides, GLU a déjà fait couler beaucoup d’encre dans les médias indépendants, alternatifs et même mainstream depuis sa sortie, le 27 mars dernier. On le qualifie de prémonitoire; on dit qu’il amorce de bon pied la carrière du next big groupe d’indie-rock québécois, Zen Bamboo; on parle allègrement de la collaboration du groupe avec Julien Mineau, de Malajube, et les comparaisons ne dérougissent pas d’un article à l’autre (de Feu! Chatterton à The Strokes).
Que peut-il bien rester à dire? Rien, sans doute. Mais mes tripes, elles, ne se pardonneraient pas de passer GLU sous silence. Dans son foisonnement de références grunge, rock, punk (sans compter les influences qui ont jalonné nos enfances milléniales sans que j’arrive à bien les nommer), cet album détonne avec sa trame qui s’habille finalement d’une pop vraiment raw, imprévisible. Le genre de pop qui ne charme pas au premier abord, mais à laquelle on ne peut pas s’empêcher de retourner constamment. Une pop DIY d’une beauté atypique, queer.
Les dix pièces passent somme toute vraiment vite: une véritable étoile filante d’album, à l’image des quatre Icares qui la portent. C’est seulement après plusieurs écoutes qu’on arrive à vraiment plonger dans l’univers abyssal des paroles – et surtout des images – que rassemble Simon Larose dans ses textes. Religion et absurdité, pulsion de vie / pulsion de mort, le beau / le laid, instinct et philosophie : C’est comme s’il cousait ensemble toutes les dichotomies pour en faire une créature vivante avec tous ses paradoxes, à l’image d’une jeunesse Frankenstein née manchot, déracinée, avec de l’énergie qui lui sort par les oreilles sans qu’elle puisse lui donner une direction.
Le point culminant de l’album, Xoxoxo, exploite le contraste entre la sexualité moderne, libre et légère, et le sérieux qu’implique le fait de faire des enfants (surtout au XXIe siècle). C’est un véritable crescendo où les fœtus pleuvent sur les amants, entrecoupé de silences qui font un effet tout aussi brutal, comme c’est le cas à plusieurs endroits dans l’album.
Or, ce qui frappe plus que l’âpreté franche des thématiques graves ou exubérantes, des désespoirs ou des ivresses et du son qu’on sent toujours prêt à monter dans le tapis, c’est cette sensibilité latente, qui s’émerveille devant les plus menus détails de l’univers, des « araignées » au « chlore pour la piscine ». C’est le coeur qui veut aimer à s’en faire mal, mais qui ne sait plus comment faire sans détruire, et qui se relève sans relâche pour réessayer.
GLU, mesdames, messieurs et surtout les Autres, avec un grand A. Mettez donc ça dans vos oreilles et on en reparlera.