Hey Major en toute intimité

PAR

Hey Major
Vieux Bureau de poste (Lévis), 7 mars 2020

S’ils étaient récemment à Québec pour le Phoque OFF 2020, les gars de Hey Major visitaient samedi dernier l’autre côté du St-Laurent. Près d’une cinquantaine de personnes, soit la moitié de la capacité de la salle, s’étaient rassemblées au Vieux bureau de poste de Saint-Romuald pour une prestation très intime.

Pieds nus, les frères Fortin sont montés sur scène sans aucun autre musicien. On aurait pu alors croire, à tort, que la richesse de leur son en prendrait un coup, mais ces multi-instrumentistes sont débordants de surprises! Le plus jeune, Raphaël, est doué d’une impressionnante polyvalence et d’une coordination hors pair. Sur Smoke and Mirrors, on a pu d’une main le voir jouer de la batterie et de l’autre, pianoter un solo de clavier! Sur son multipad d’échantillonnage, celui-ci avait divers enregistrements disponibles lui permettant de combler les mélodies tout en assurant les chœurs. Finalement, c’est sur Connie qu’on a pu apprécier pleinement sa voix alors que les deux Sherbrookois se partageaient les couplets.

Mickaël, quant à lui, transcende par son charisme. En s’adressant à la foule entre les titres, il a contribué à faire naitre la sympathie de son public. Ainsi on a appris avec humour que les deux frères adorent la nourriture (dont les sushis). Toutefois, c’est définitivement lorsqu’il chante que le timbre chaleureux de l’ainé évoque chez ses auditeurs son maximum d’émotions. Et même lorsqu’il martèle en vitesse turbo sur les blanches et les noires de son clavier, rien ne perturbe sa justesse.

Sur la touchante One By One, la beauté de son registre a pris tout son sens. Initialement, cette pièce ne devait pas se retrouver sur l’album, mais un beau jour, le texte est tombé de son sac, se faufilant entre ses protéines véganes. « Ceux qui me connaissent, savent que j’ai toujours un million de choses qui trainent dans mon sac », ajoute-t-il en riant. Inspiré des enfants brisés par la guerre, l’émouvant poème maintenant exposé ne pouvait plus qu’être enregistré.

D’ailleurs, sur cette pièce, les deux frangins se sont rejoints au clavier pour y jouer à quatre mains, apportant davantage à la douceur et l’émoi du moment. Lors du rappel, Raphaël est d’ailleurs revenu au clavier pour nous offrir une reprise de Radio Gaga, accompagné de son frère à la guitare acoustique. Leur passion partagée pour la musique a définitivement tissé entre eux un lien robuste, un amour inconditionnel qui alimente leur dynamique tellement attachante.

La qualité du spectacle présenté par Hey Major ne laisse aucun doute sur leur talent et leur professionnalisme peaufinés sur plusieurs scènes canadiennes, et ce depuis leur secondaire. Soulignons qu’en 2012, œuvrant alors sous le nom d’Orange O’Clock, les frères ont assuré la première partie de Marie-Mai au Centre Bell. Raphaël n’avait alors que douze ans! En 2015, la CBC remettait au groupe le prix du Best New Canadian Artist (meilleur nouvel artiste canadien) et dernièrement, cette fois sous leur nom actuel, ils ont parcouru l’Ontario au côté de The Franklin Electric.

Seul le temps nous dira ce que le futur leur réserve, mais il est indéniable que le potentiel d’une tête d’affiche réside dans l’ADN de Hey Major. Leur album, The Station, est disponible depuis le 11 octobre dernier et a été mixé par nul autre que Chris Shaw (Bob Dylan, Weezer) et Tim Palmer (David Bowie, Tears for Fears, U2). D’ici leur retour dans la vieille capitale, je vous invite à sauter sur votre appareil intelligent afin d’y dévorer ces 47 minutes de pur plaisir.

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