Nikamu Mamuitun : Chansons rassembleuses
Grand Théâtre de Québec, 20 février 2020
C’est avec l’impression de rentrer sous terre qu’on s’est dirigé vers la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre. Dans cet antre chaleureux, éclairé par de vieilles lampes, on s’est gentiment serré pour écouter et chanter en chœur. Sur scène, une forêt de pieds de micro baignée d’orange annonçait les couleurs de la soirée, c’est toute une communauté d’artistes qui est montée sur scène. Loin des duos traditionnels où chacun se succède sur le plateau le temps de « sa » chanson et en profite pour pousser sa note, ici on parle de partage de créations communes, où tour à tour tous sont mis à contribution pour créer le moment.
Le projet Nikamu Mamuitun est né au Festival en chanson de Petite-Vallée puis au Festival Innu Nikamu de Mani-Utenam en 2017. Si chaque artiste mène une carrière solo, la joie des retrouvailles et le plaisir de chanter ensemble est palpable. Les chansons ont été crées en groupe, entre Autochtones et allochtones, et la réconciliation teinte les textes proposés. On y parle d’identité, de langue, des défis du quotidien, d’amour, d’héritage et du regard de l’autre. On y parle surtout d’espoir, celui d’être accueilli, de trouver sa place, et de partager ensemble.
Concrètement, on entend :
La superbe voix de Karen Pinette-Fontaine qui m’a touchée par son histoire, particulièrement avec Tshishuemetnau (je vous aime) où elle aborde en toute simplicité la perte de sa langue.
L’humour de Matiu et son gazou. Il a délaissé son reggae pour le contry-folk plus traditionnel et un peu de rap comme dans Tshissenitamanakue.
L’ouverture de Marcie Michaud-Gagnon (Marcie) sur La Rencontre et plaisir d’Ivan Boivin-Flamand qui se déchaîne sur sa guitare avant de rouler ses « rrr » en atikamekw.
Les envolées au vibraphone de Joëlle Saint-Pierre pour apporter un peu d’aérien à toutes ces guitares sur Tshishnemetnau.
La modestie de Cédrik St-Onge, qui se fait gentiment tirer la pipe mais qui met tout son cœur à chanter avec les autres.
La présence de Scott-Pien Picard, qui s’impose naturellement et simplement.
La dernière chanson du projet Tout un village, portée par Chloé Lacasse, permet à tous de trouver sa place pour faire grandir ensemble la prochaine génération.
Des harmonies majestueuses sur Deux miradors.
Et bien sûr Florent Vollant, venu boucler la bouche et faire danser le makusham au son du tewegan aux Innus, aux Atikamekws et aux alliés dans la salle, appuyé par less vétéran Réjean Bouchard, Guillaume Arseneault et Manuel Gasse. Et faire d’une salle de spectacle une maison avec la porte ouverte l’instant d’une soirée.