Vu : Raton Lover au Grand Théâtre

PAR

Première partie : Pierre Guitard
Grand Théâtre de Québec, 13 février 2020

D’entrée de jeu, ma curiosité est piquée à la vue d’un deuxième niveau meublé de quatre chaises au fond de la scène. Aurons-nous des cuivres, des cordes? Mes yeux se portent ensuite sur les icônes de ratons laveurs, surtout celui de l’avant-scène qui, dressé sur ses pattes arrières, nous fixe où que l’on puisse être.

Changer de trottoir est le titre du nouvel album présenté au Grand Théâtre de Québec le 13 février dernier avec Pierre Guitard en première partie. Mais quel choix d’exception! Ce dernier utilise à bon escient des antonymes et crée des contradictions de sens aussi impressionnantes pour nous que lui l’est de voir autant de gens devant qui chanter. Après dix ans de carrière et quelques prix en Acadie et au Québec, le voici enfin assez connu et reconnu pour faire la première partie de Raton Lover. Vingt minutes bien remplies. J’ai adoré son discours sur le bonheur, la souffrance et ses explications de la pression sociale. Une très belle vulnérabilité exposée aussi dans ses textes et sa poésie.

Après la pause, du haut de la scène, un quatuor à cordes lance une intro planante qui va venir supporter les paroles bien ficelées de Raton Lover. La projection au sol crée l’effet d’une immense carpette. On se sent dans un lounge avec cette lumière orangée. Le premier spectacle de la tournée du nouvel album à la maison émeut le groupe, qui se dit stressé et content de reconnaître des visages dans la salle. J’crache du sens pour découper le temps me fait beaucoup d’écho, car je me demande souvent pourquoi on existe. Ça ne me donne pas de réponse, mais je me sens moins seule. Une chanson de type ver d’oreille avec le refrain répétitif et dynamique. L’éclairage varie souvent et crée chaque fois des ambiances réussies. Les membres du groupe s’amusent à changer d’instruments, ce qui a pour effet de montrer leur polyvalence, mais aussi leur belle complicité. « Marcel tu parles en lettres attachées » ! Marcel, le héros d’enfance du chanteur est vraiment à découvrir. Fait à noter, la musique est si bien calibrée qu’on entend et comprend toutes les histoires. Frédéric Desroches, celui qui a l’air le plus relaxe de tous, a mis son talent d’arrangeur à profit et c’est grâce à lui qu’on a le quatuor ce soir. Quand il se lance sur son clavier, dans la pièce Husky, ça a l’air tellement facile, c’est déconcertant. Après cette escalade tout en musique, Raton Lover nous offre L’amour sans le deuil, dont les paroles sont encore à couper le souffle.

Là où le quatuor s’est vraiment démarqué, c’est dans l’introduction de Ta Yeule, pièce qui pour moi fait référence à tout ce bruit inutile que l’on retrouve sur les médias sociaux, dans les conversations de corridor et à la télévision en général. J’ai bien apprécié l’enchainement qui fait penser aux Colocs. Voulu? Conscient ou pas? C’est très agréable.

De la poésie, des images mentales, des contraires, des jeux de mots à n’en plus finir. Merci Boss d’avoir orienté mon choix ce soir-là! C’est une immense découverte. Doit-on mentionner qu’une personne du blogue était sur le deuxième niveau de la scène? Mais oui, j’ai aussi pu apprécier le talent de Louis Solem Perot

En conclusion, il est possible de faire du rock en français, mais avec cette qualité c’est évident!

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