La tempête commençait à recouvrir la ville, mais l’anxiété climatique qui pouvait en tracasser quelques-uns ne perdurerait pas devant la dose de douceur préparée par Boîte Beluga.
Pour la première partie, c’est seul qu’Eric Seguin du groupe Raveen a pris place sur les planches, accompagné de son synthétiseur et de son MacBook contenant les trames qui allaient malencontreusement remplacer ses habituels acolytes. Le Montréalais se tenait dans l’ombre, son visage à demi éclairé par la lueur d’un projecteur qui faisait valser les formes sur son portable argenté. Le chanteur n’a cependant interprété que quelques chansons avant que tout lâche et qu’un technicien monte sur scène changer son câblage. Une manœuvre malheureuse qui dura environ 10 minutes, retranchant ainsi d’un tiers la performance de l’artiste.
C’est donc avec enthousiasme et soulagement que l’assistance a accueilli Margaux Sauvé et ses musiciens. Si le moindre doute quant au programme de la soirée persistait chez les néophytes de Ghostly Kisses, dès les premières notes, la chanteuse les a dissipés de sa voix douce et vaporeuse. Le programme se présentait en un mélange de nouveautés et des pièces bien connues des habitués. Celles-ci avaient été repensées, laissant plus de place à la rythmique sans pour autant en atténuer le côté planant. On percevait dans l’ombres les corps des spectateurs suivant le tempo, acquiesçant ainsi aux changements proposés.
La totalité de l’assistance était pourtant bien assise bien qu’il aurait fort probablement été préférable de permettre aux gens à l’avant-scène de se tenir debout. La salle était presque comble et une rangée avait été ajoutée à la dernière minute, ne laissant plus aucune allée libre pour circuler d’un côté à l’autre de la salle. Un beau problème qui n’avait probablement pas été prévu par les gestionnaires de la petite salle. C’est d’ailleurs dans cette même salle que le groupe avait préparé sa tournée The City Hold My Heart qui débutait en ce jeudi de février.
Et ils étaient prêts! La qualité sonore de La Chapelle nous permettait de percevoir l’intelligence derrière les nouveaux arrangements de Louis-Étienne Santais, « le partner ultime dans tout le projet » selon Margaux. De ce fait le public a pu apprécier une version d’Empty Note au vocal complètement revisité. Sur Roses, la guitare entre les mains d’Antoine Angers résonnait comme une réponse à la voix de la soprano, tandis que la batterie d’Alex Kirouac résonnait directement au cœur.
Et du cœur, on en retrouve dans tout ce que fait Ghostly Kisses. Leur musique nous connecte directement à qui nous sommes, nous poussant à l’introspection. Elle expose la fragilité qui dort en chacun de nous. Si Margaux Sauvé a décidé de délaisser une carrière en intervention après des études universitaires en psychologie, elle continue certes, à sa façon, de nous faire travailler sur nous-même.
On sent d’ailleurs sa grande sensibilité dans sa façon d’aborder la musique. A un moment, celle-ci s’est installer au clavier, se retrouvant seule sur scène pour livrer une interprétation de Beyonce. Avouant ne pas vraiment écouter l’artiste américaine, elle souligne néanmoins que les paroles de Halo sont « une façon magnifique de dire comment on se sent quand on tombe en amour. » Et c’est ce qu’on a envie de faire en écoutant cette version toute simple où sa voix s’élève au-delà des accords plaqués.
Une deuxième reprise avait été prévue, soit Zombie disponible sur leur micro-album. La chanson de The Cranberries a tellement jouée et a été reprises depuis le décès de Dolores O’Riordan qu’elle devient presque un cliché. Pourtant, la chanteuse en fait une appropriation si personnelle, qu’elle réussit à lui donner un second souffle.
Ce début de tournée québécoise est pour Margaux et son équipe une réussite. Ils nous laissent dans l’impatience du micro-album qui paraîtra au printemps. Celui s’annonce prometteur avec des morceaux plus rythmés, tel que Barcelona Boy, mais toujours empreinte de la touche fantomatique qui distingue le groupe. L’avenir semble toujours aussi prometteur pour Ghostly Kisses, de quoi rendre les amateurs de musique émergentes fiers de ce qui se fait dans la capitale nationale!