Le vendredi 31 janvier dernier, les productions Quaribou, en collaboration avec l’Ampli de Québec et Poulet Neige, présentaient en primeur mondiale un nouvel artiste prog de Québec en la personne de Phil Bourg. Un nouvel artiste? En fait, pas si nouveau que ça, car Phil Bourg est l’alter ego de Philippe Bourque, qu’on connaît déjà sur la scène locale comme meneur des groupes L’Aurore et Quatalogne, entre autres. Vendredi soir à l’Ampli, on assistait au dévoilement de son tout dernier projet de musique prog déjantée.
Tabarnicoupette de cale lisse que c’est bon! Le parterre de l’espace-spectacle de l’Ampli bien garni d’amis membres de la relève, de famille et de curieux s’est disloqué la mandibule, tant que le produit est hallucinant. Flanqué d’une team de feu composée de Samuel Wagner à la synthèse vocale et à la co-réalisation des chansons, de David Boulet-Tremblay à la guitare, de Pierre Alexandre à la basse et de Olivier Laroche à la batterie, Phil Bourg projette avec un bang toute sa hargne envers le sentiment d’oppression exercée sur la réalisation d’une liberté nationale dans une musique prog geek rock lourde et cassante, étoffée de textes sarcastiques et dénonciateurs.
Philippe a travaillé sur ce projet pendant 18 mois avec en tête de faire du « piano-voix Karkwa-j’sais-pas-quoi » avant de s’adjoindre le talent de Sam Wagner (Floes, Harfang) pour transformer le tout en trad-queb pow-pow résolument moderne.
La voix parfois diluée par la synthèse vocale ou modulée par les cinq cent quarante-treize pédales vissées sur un épique pedal board déposé sur le clavier, Phil s’amuse comme un petit fou à livrer ses messages contestataires. Plus la narrative s’offusque, plus la guitare s’alourdit, distortionne. Plus le ton monte, plus la basse dégénère et la synthèse étourdit. On se dit que ça va exploser un moment donné, mais l’on nous accorde plutôt de savoureux ponts instrumentaux où les ritournelles virtuoses de Philippe au piano et le jeu de manche fumant de David à la guitare nous permettent de ralentir notre rythme cardiaque et de réfléchir à notre avenir sur Facebook – qui en prend pour son rhume dans la « partie dark » du spectacle. Vlan dans les dents.
On aurait décidément pris un show complet comme ça, spécialement avec Philippe et sa keytar interstellaire qu’il est allé chercher dans le fond de la salle pour interpréter la dernière chanson du spectacle, une petite « nouvelle » qui s’appelle Au Ciel et qui est, je dirais, la plus passe-partout de l’offre en raison de son sympathique groove de R&B hybride funk et de son jam de cordes.
As-tu aimé ça Jaques? « Je veux pas être plate, mais si vous n’étiez pas à l’Ampli pour voir ce show-là, vous étiez crissement nulle part. » Boum. Le micro vient de tomber. Surveillez la page Facebook de Phil Bourg — quelle ironie — l’annonce des prochaines dates de spectacle. Pour le bien de votre quête personnelle, vous devez aller voir ça.
LANE
Quaribou a eu une excellente idée de programmer Lane pour insuffler une ambiance opportune à la soirée de lancement du projet Phil Bourg tenue à l’Ampli de Québec le vendredi 31 janvier. L’artiste de Québec a offert une vitrine tout en groove et en fond folk rock spatial percussionnel.
Malgré un début en dents de scie en raison d’une sono trop forte causant du grésillement, Lane — Samuel de son prénom — et son band prend son air d’aller assez rapidement. Il propose avec conviction les chansons de son premier E.P., intitulé simplement Lane EP, dont la musicalité et l’instrumentation sont propulsées au premier plan par le jeu éloquent des synthétiseurs. Les guitares ajoutent la saveur rock et rend l’ensemble digne d’intérêt pour les amateurs de découvertes musicales hybrides.
La voix de Lane surprend beaucoup lorsqu’on découvre pour la première fois l’auteur-compositeur-interprète. Son gabarit physique tel un grand gaillard laisse aucun doute à une voix baryton profonde lorsqu’il parle. On s’attend à la même chose lorsqu’il chante. Toutefois, le son qui sort de sa bouche est tout en douceur, aérien et parfaitement maîtrisé par la technique de la voix mixte. Le contraste est visuellement très intéressant.
Parlant de visuel, on sent que Lane veut en donner davantage sur les mesures qui ont le pouvoir de faire déplacer de l’air, mais le périmètre extrêmement exigu dont il dispose pour exhiber tout son potentiel le restreint dans ses élans. Il s’en tient donc à son excellent savoir-faire musical et à la forte vibe de planage que sa musique émane pour engager le public.
Ça fait déjà plusieurs fois qu’ecoutedonc croise Lane dans ses mandats de couverture de spectacle. Je pense bien qu’il est temps qu’on ne fasse plus que le croiser, mais qu’on se déplace pour lui, en qualité de tête d’affiche dans une programmation à diffusion étendue. Il est rendu là.