FUUDGE – « Fruit-Dieu »

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Vraiment, le mois de janvier aura été sous le signe du rock! Placard vomit dans le bain, UUBBUURRUU nous plonge tout droit dans les années 1970 et bien d’autres nous décrassent les oreilles avec leurs riffs. Et voici FUUDGE qui débarque avec son deuxième album intitulé Fruit-Dieu, une offrande qui, à défaut de nous brasser autant la cage que le faisait son prédécesseur (Les matricides), satisfait l’auditeur grâce à une proposition beaucoup plus nuancée.

Ne vous inquiétez pas! Si le côté psychédélique de David Bujold prend souvent le dessus sur Fruit-Dieu, le côté stoner-grunge n’est jamais très loin. C’est un peu comme si au lieu de voir se succéder les claques sur la gueule comme c’était le cas avec l’album précédent, Bujold espaçait chacune de ces claques d’un moment de tendresse où il nous joue doucement dans les cheveux. Croyez-moi, l’effet n’en est que plus brutal.

On reconnaît d’ailleurs ce style in your face dès la première chanson, Le goût de ta chair. Les pédales de distorsion dans le piton, le gros drum pesant, la voix aiguë de Bujold… yep, on est bien à la bonne place, ce que nous confirment d’autres morceaux bien gras comme Enterré vivant, Une tête comme la tienne ou Din vidanges II. Les fans de la première heure vont pouvoir s’en mettre plein la gueule.

Mais c’est le Fuudge nuancé ici qui tient le haut du pavé, notamment avec des morceaux brillants comme la pièce-titre, une vraie pièce de folk psychédélique qui nous rappelle avec nostalgie certains groupes de la fin des années 1960 (oui oui, on peut mentionner les Fab Four, mais ça va plus loin que ça). Ou Comment ça t’es là?, une ballade que Cobain aurait probablement chantée à l’époque dans les studios de MTV s’il avait su parler français. Ou la très liturgique Din vidanges I (l’album a ce côté un brin « religieux », comme on peut s’y attendre d’un album intitulé Fruit-Dieu).

Les meilleurs morceaux se trouvent vraiment au centre. Quand le côté sérieux de Bujold rencontre son côté givré. Mourir j’aime trop ça a du beat, ben de la guitoune, mais la dichotomie couplets tranquilles/refrains dévastateurs est des plus efficaces ici. Lave mes péchés est encore plus efficace et accrocheuse, avec son couplet super mélodieux et son refrain qu’on crie avec bonheur avec Bujold.

Bon, certains vont peut-être critiquer le côté brun de Beurrée d’marde, mais qui n’a jamais dit que « la vie, c’est une grosse beurrée d’marde »? En quatre minutes, Bujold mélange le folk de poteux (merci à Stéphane Deslauriers du Canal auditif pour l’image), le grunge, le stoner, pis y’a même quelques solos de guitare qui semblent tout droit sortis d’une toune metal (j’connais rien là-dedans, mais mon ado de 15 ans qui porte ses t-shirts de tête de mort se fait aller la tête assez rageusement quand je la fais jouer, alors HEIN, HEIN!). C’est fou tout ce qu’on peut faire entrer dans une toune de 4 minutes sans perdre de cohésion.

David Bujold a écrit, composé, enregistré, mixé pis joué la majeure partie des morceaux de Fruit-Dieu. Yep, le génie fou a bien reçu un coup de main de ses complices (Olivier Laroche, Pierre Alexandre et Vincent LaBoissonnière) sur quelques morceaux, mais tel un William Patrick Corgan à l’époque Siamese Dream, Bujold fait presque tout ici, et il le fait merveilleusement bien.

Fruit-Dieu, c’est l’album qui nous confirme ce qu’on savait déjà. Fuudge, c’est du solide, et son leader est un excellent compositeur-arrangeur (pis il se débrouille pas mal du tout du côté des textes, simples, mais diablement efficaces, et surtout cohérents).

Le yin et le yang. Dieu et le Diable. La lumière et la marde. D’la maudite bonne marde.

Fuudge présentera une courte vitrine au Phoque OFF le 18 février prochain en fin de soirée à L’Anti Bar & Spectacles. Infos : https://phoqueoff.com.

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