Apéros FEQ: Rayannah, RSVP, Narcisse – District Saint-Joseph, 7 novembre 2019

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Pour le deuxième Apéro FEQ, les organisateurs nous ont prévu une déclinaison du groove en trois temps: celui de Rayannah, celui de RSVP et celui de Narcisse. Chose certaine, les trois artistes nous ont prouvé que le groove peut vraiment prendre des formes différentes. Compte-rendu, à quatre mains encore (on s’habitue, que voulez-vous), de cette soirée haute en couleurs. 

Rayannah

En guise d’entrée en matière, Rayannah enrubanne sa voix de loops, de beats et de synthétiseurs en un mélange électro feutré tantôt plus RnB, tantôt plus folk. Rappelant les Chet Faker, FOXTROTT et Floes de ce monde, elle et son acolyte (choriste et préposée à la boîte à sons) présentent des pièces tirées de « Nos repaires », un album paru il y a quelques mois à peine. L’artiste originaire de Winnipeg chante tant en anglais qu’en français et nous fait découvrir son univers qui porte autant au déhanchement qu’à l’introspection. (Marie-Ève Fortier) 

RSVP

Après s’être fait bercer par la pop de Rayannah, le public n’est pas prêt pour la rétro-pop du boys band RSVP. Mais ils sont prêts, eux. Ils ont leurs plus beaux habits – aussi chics que kitsch – et dès les premières phrases, dès les premières notes, ils changent l’ambiance du tout au tout. Et les trois membres fondateurs du groupe, soit Jean-Philippe Michaud (basse), Darren Vaudreuil (voix) et Henri Gendron (batterie), semblent tout à fait à l’aise avec l’idée que tous les coups sont permis pour nous faire danser

Toujours en se déhanchant, ils balancent les unes après les autres les chansons qui composent leur tout récent maxi, en nous invitant à chanter avec eux des paroles simples et accrocheuses. Leurs pièces ont tout des hits radiophoniques de Rouge FM ou d’Énergie (vous savez, ceux qu’on a traduit en français pour les quotas). Que voulez-vous, on est pris malgré nous et on hoche la tête, on sourit, on est captivé par ce groupe qui rassemble tous les ingrédients des recettes à succès. Impossible de deviner qu’à la base, RSVP faisait dans le heavy metal. Surpris? Attendez de voir où la soirée nous mène ensuite… (Marie-Ève Fortier)

Narcisse 

Narcisse et sa pop française aux synthétiseurs bien sentis et au groove des années 80 arrivent sur scène comme on arrive sur une nouvelle planète. Libération et provocation sont les mots d’ordre. Alien.ne charmant.e, iel hypnotise la foule dès qu’iel monte sur scène, accompagné.e du très funky Jules Henry à la guitare. Gros changement d’ambiance.

Au y’able les codes et conventions du spectacle: dès sa première chanson, Narcisse est prêt.e à envoyer se faire foutre toutes les lois non-écrites qui gouvernent la gente féminine, masculine et non-binaire.  Une bande de poudre rose sur les yeux et une couronne de fleurs sur la tête, tout au long du trop court 30 minutes du spectacle, Narcisse s’évertue à faire renaître le mythe – tsé celui où le mec se regarde tellement la face dans une grosse flaque d’eau qu’il finit par tomber dedans pis se noyer – mais avec une twist : on a à faire à un.e Narcisse tout spécialement lucide. 

Ce.tte Narcisse 2.0 a conscience de la souffrance qui vient avec la démesure de son égo et aborde ce sujet lors de la chanson Acte Manqué. Pis le miroir dans tout ca ? Elle est ou la grosse flaque d’eau, dans laquelle s’admire, éperdu, le narcissique bellâtre de l’histoire (je vois que vous avez suivi vos cours de littérature, félicitations). Eh bien, le thème du miroir est abordé sur sa nouvelle chanson, Marjorie (véritable prénom de l’artiste) et qui figurera sur son prochain album prévu en (on peut pas encore le dire, mais oui oui, iel travaille dessus). 

M’enfin, Narcisse ce n’est pas qu’un trip d’introspection. C’est aussi un caline de bon show qui se situe entre spectacle et art de performance. Que ce soit avec Pénélope, où Narcisse laisse surgir de sa bouche des plaintes orgasmiques appelant à la libération, ou encore lorsqu’iel dénude sa poitrine lors de la dernière chanson (en n’oubliant pas de se badigeonner de peinture rouge sanglante), Narcisse réussit à nous emporter dans son univers où tout est permis.

PS: On est d’accord. C’est pas juste que les femmes puissent pas être topless. À bas la censure! (Mélodie Spear)

Finalement, une fois le vote du public récolté, on nous annonce qu’RSVP se mérite de passer au niveau supérieur du concours. Bravo à tous !

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