FESTIVAL D’ÉTÉ DE QUÉBEC – 13 juillet 2019

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Ouf! Quelle journée folle qui s’est terminée en queue de poisson pour plusieurs (tandis que d’autres ont fini aussi mouillés… à cause de la sueur découlant du rock ou de la danse)! On a envoyé des jeunes voir des vieux routiers du punk et du metal à l’Impérial (ainsi qu’un band en feu au District), et un vieux croulant voir des jeunes rapper leurs vies en haute ville. Et surprise, tout le monde a eu du fun!

On va avoir une formule un peu différente aujourd’hui, on va vous parler de la soirée rap québécois en un seul gros bloc, parce qu’on a bien aimé ce genre de thématique à saveur locale sur une scène d’envergure, et cette belle harmonie a donné son lot de petits événements plaisants qu’on vous raconte sans plus tarder.

Soirée rap québécois

Jacques Boivin – Je me suis auto-affecté la soirée rap québécois. Je vous l’avoue, je ne connais rien au rap, à part quelques gros succès des têtes d’affiche de la soirée. Soyez indulgents, j’écris au feeling, je ne ferai pas d’analyse pointue!

Ça a commencé mollo, on vous l’avoue, avec le Limoulois Vincent Biliwald qui s’est exécuté devant un parterre qui, s’il aurait pu entrer à La Source de la Martinière, était fort motivé. C’est vrai que le jeune est plutôt sympathique et qu’il rappe doucement, ce qui est parfait en ce début de marathon sous un soleil de plomb. Ça ne l’empêche pas de mettre la petite crowd dans sa grosse poche en présentant un court programme dynamique où quelques invités se sont pointés pour pousser la verse (c’tu comme ça qu’on dit ça?).

Nombre de «faites un maximum de bruit» : quelques-uns
Nombre de «ou quoi?» : on a oublié de compter.

Petite toune le fun : https://vincentbiliwald.bandcamp.com/track/low-town

Le suivant, D-Track, est le fun avec son air aussi gentil que son rap est cool. La foule a doublé, elle serait peut-être un peu serrée à L’Anti. Le Gatinois d’origine a surtout présenté des chansons de son plus récent opus Dieu est un Yankee. Un rap plutôt gentil et sympathique… et surtout coloré, comme le personnage, qui s’est même permis d’inviter quelques amis comme KNLO et Caro Dupont (qui nous a donné notre #momentflûte du jour). J’pense que j’aime ça, le rap gentil. C’est sympa, pis y’a de la flûte.

Nombre de «faites un maximum de bruit» : un maximum
Nombre de «ou quoi?» : quelques-uns

Petite toune le fun : https://dtrack.bandcamp.com/track/dieu-est-un-yankee

Ce fut ensuite le tour du Bas-Canadien Robert Nelson, venu nous présenter autant son album Nul n’est roé en son royaume que son livre Les fables de la minceur. C’t’une joke. Le livre, c’est le prétexte pour présenter ses tounes, elles aussi très gentilles, comme un digne membre d’Alaclair. Ceux qui écoutent la radio savent que le jeune homme est un aussi bon raconteur que rappeur, ce qui lui a permis de maintenir un rythme ben ben relax (tout en étant vraiment le fun). Lui aussi a eu son lot d’invités, on a encore vu KNLO sur scène. Malheureusement, on devait écourter notre écoute, le temps d’aller prendre quelques photos d’Ariane Roy (dont Marie-Laure vous parle plus bas).

Nombre de «faites un maximum de bruit» : n’ai pas entendu
Nombre de «mince» : 3 634

Petite toune le fun : https://alaclairensemble.bandcamp.com/track/jacques-plante-3

Tiens, je le connais, lui, mais pas pour les raisons que vous pensez. Sans Pression, c’était un rappeur que les Arshitechs du Son adoraient quand j’étais à CHYZ, faque les tounes de 514-50 dans mon réseau, je les connais un tipeu. Super énergique, voire explosif, ça accompagne bien les paroles revendicatrices.

Nombre de «faites un maximum de bruit» : une grosse gang
Nombre de personnes qui font un selfie sur scène en même temps : 10

La suivante, Naya Ali, aurait peut-être gagné à être avant Sans Pression, qui avait tout tué précédemment. Pas que la rappeuse anglophone soit mauvaise, loin de là, mais ses pièces étaient beaucoup plus douces, même si sur le plan des paroles, elle avait plus de mordant que les trois premiers rappeurs de la journée. C’est dommage, parce qu’on aurait probablement profité davantage de sa prestation si on n’avait pas été aussi essoufflés.

Nombre de «faites un maximum de bruit» : zéro
Nombre de décibels : pas mal moins que le gars qui suit

Bon, en vlà un que je connais (j’espère, maudit, c’est moi qui a fait la critique de La nuit des longs couteaux)! Koriass est débarqué en super forme avec son DJ et ses musiciens (oh yeah, un peu de naturel pour un vrai naturel!). Écoutez, j’étais trop occupé à tripper à le regarder aller, sautant comme une puce, pointant chacune des plus de 10 000 personnes qui étaient là personnellement, rappant comme s’il n’y avait pas de lendemain. Musicalement, ça a été la proposition la plus intéressante pour un amateur de guitare-basse-batterie. Et humainement, j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi généreux auprès de son public (et des photographes qui le suivaient avec leurs objectifs et qui ont eu un fun fou).

Nombre de «faites un maximum de bruit» : scusez, je me suis concentré sur les paroles des chansons
Nombre de sauts ben haut dans les airs : j’ai arrêté de compter à 1 000

Quoi dire sur la prestation de Loud qui n’a pas déjà été dit? Le rappeur de l’heure au Québec n’a pas pu jouer plus que deux morceaux (des gros, notamment la sublime Hell What a View, sous la pluie battante), mais le 10 minutes qu’on a eu, il a été complètement infernal. Les guerriers sur le parterre s’époumonaient en recevant seau d’eau par dessus seau d’eau par la tête, pendant ce temps, Loud se lançait de tous bords tous côtés (en restant sagement sur la scène pour ne pas se casser la gueule… good move, take notes Mariah). Juste dommage qu’on n’ait pas pu en avoir davantage. Maudite pluie de marde.

Revenons à notre programme régulier

Ariane Roy

Marie-Laure Tremblay – Comme je semble assignée aux femmes-la-voix-douce-qui-chantent-des-tounes-à-la-guitare, j’étais donc à la scène Fibe à l’heure du souper pour découvrir la proposition d’Ariane Roy. Folk à saveur un peu jazz, sa présence sur scène et son charme m’ont tout de suite séduite. Entourée de visages connus d’ici (merci à Dominique, Odile, Kenton, Marc-Antoine, Vincent pour les voix et l’accompagnement) elle a livré avec assurance les titres d’Adèle sorti en mai dernier. Ses superbes textes, interprétés de sa voix claire, sont prémices d’une poétesse à venir. Elle a même poussé l’audace en entonnant quelques mesure de « All I Want for Christmas is You », question de faire un clin d’œil aux Plaines d’à côté. Elle a aussi profité du public curieux et de la vitrine offerte pour casser deux compositions encore chaudes, dont une commencée à Petite Vallée. Elle a terminé en dévoilant son petit côté pop, avec Banc de parc. Une autre belle découverte, que j’aurais plaisir à voir plus longtemps à sa prochaine sortie.

Enfants sauvages

Marie-Laure Tremblay – Dans le but de briser mon image de ptite-mère, j’ai sorti mon t-shirt de pandas blancs pour aller voir/écouter du punk et du métal à l’Imperial. Si je connais le visage de la chanteuse pour l’avoir souvent vu s’afficher dans ces pages, j’avais hâte de les voir en pleine action, surtout qu’on nous a promis des surprises! Et que ça serait FORT, même si ils ont dû débrancher quelques amplis du mur construit sur la scène, à la demande de la salle. C’était brutal, ils ont enchaîné les titres de Crève ton cœur (2018) sans s’arrêter entre les tounes, impossible de souffler, de décrocher, c’était parti pour 45 minutes violentes. Si le devant de la salle était plutôt aéré au départ, Rox a transformé elle-même la moitié du public en Sauvages, maquillage compris, et le moshpit s’est formé. Entre le déluge de guitares, de batterie et de paroles crues, il y a eu une invitée surprise (Stéphanie Vézina de Jet Black) pour nous rappeler que la scène locale au féminin à Québec est encore bien vivante (clin d’œil à Margaret Tracteur à la merch.) Et un hommage à Snake (chanteur de Voivod)! On a été tenu en laisse du début à la fin de ce sprint endiablé. À grand renfort de crachats (c’est beau de l’eau qui revole sur les cymbales) et de f*ck you et de drop de micro, ça été une toute expérience! À revoir tard dans la nuit avec plus d’enfants sauvages.

Voivod

Marie-Laure Tremblay – Je vous conterai pas de blague, même si je viens du Lac, j’ai connu Voivod seulement par l’intermédiaire de La-fameuse-toune-des-Cowboys. C’est donc en toute innocence que j’ai poursuivi ma soirée, après avoir été secouée par Enfants Sauvages. Si les vétérans cumulent plus de 30 ans de carrière, ils sont toujours dans le coup et produisent du matériel au lieu de vivre sur la nostalgie, pour preuve ils ont été sélectionnés pour la longue liste du Polaris cette année. Un changement de garde c’est fait entre les deux performances. La foule, pas mal plus virile et poilue que la veille, était expérimentée, si on exclut les quelques Enfants Sauvages qui sont restés pour se rentrer dedans 1ère rangée. D’emblée avec la batterie géante bien au milieu de la scène, on savait où ça s’en allait: -Hurlements virils dès les 1ers accords -Se faire aller ce qui reste de cheveux -Crier les paroles en même temps que le leader. Tout était réuni pour une grosse fin de soirée! Je suis partie après trois tounes, j’ai eu peur de rester prisse au centre-ville avec l’évacuation, mais les oreilles m’ont cillé trois heures après mon retour avec un parapluie cheap du dépanneur. Voivod est loin d’être mort!

Klaus

Marie-Ève Fortier – Dans un District encore bien relax, où chacun chacune est bien content.e de se retrouver au sec, quatre musiciens commencent à installer progressivement leur ambiance musicale. J’écoute, curieuse de découvrir quelle chanson émergera de cette genèse. C’est qu’avec Klaus, la musique n’a pas un visage cristallisé: elle est plutôt comme un dialogue où chaque composition offre un langage ou un cadre différent aux auteurs-compositeurs-interprètes… et dans ce cadre-là, tout est permis. L’ambiance se fixe sur Blue Telephone, et nous, on fixe notre attention sur le super-groupe, encore trop peu connu, de Samuel Joly (Marie-Pierre Arthur), Joe Grass (Patrick Watson) et François Lafontaine (Karkwa). 

Une avalanche de notes, de rythmes et de sensations s’empare de nous. Individuellement, le batteur, le guitariste et le claviériste nous montrent de quelle étoffe ils sont faits: Joly ne se fatigue pas de battre les tambours avec puissance et créativité, Grass élabore lignes de guitares inimitables et des effets inventifs à l’aide d’une panoplie d’accessoires pendant que Lafontaine trafique habilement tous les sons provenant de ses multiples claviers jusqu’à en faire de la musique concrète. Ensemble, ils livrent une performance hors du commun et particulièrement expérimentale, qui parvient autant à faire bouger les spectateurs qu’à les tétaniser. 

C’était peut-être l’ambiance ou l’intimité de la salle, c’était sans doute les musiciens… On ne saurait mettre le doigt dessus, mais le résultat est sans équivoque. D’un commun accord, Nicolas et moi l’avons affirmé: la prestation de Klaus fut de loin notre meilleure expérience au FEQ 2019 (et c’est pas rien, avec tous les bons spectacles qu’on a vus!). Ne les manquez donc pas au District ce soir, parce qu’ils vont remettre ça et que ça promet d’être tout aussi magique, si vous êtes là!

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