Festival OFF de Québec – Compte rendu, 6 juillet 2019

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Prenant petit à petit des allures de marathon pour notre équipe (m’avez-vous vue courir sur Saint-Jean un sandwich à la main entre deux spectacles?), le quatrième jour du Festival OFF de Québec a débuté sur une note on ne peut plus rafraîchissante avec les rockeuses d’aujourd’hui et de demain. Pour les lève-tôts qui n’avaient pas d’article à écrire, ça a commencé avec Bluesmousine à la Barberie, et on ne doute pas que le groupe leur en a mis plein la vue.

Parvis de l’Église Saint-Jean Baptiste

15h00 – Camp rock

Le Camp rock pour filles et jeunes non conformes de genre, de son petit nom complet, présentait hier après-midi les projets de ses participant.e.s âgées de 10 à 15 ans à la suite d’une formation de 7 jours qu’iels ont suivi au YWCA Québec en juin dernier. Coachées par des musicien.ne.s inspirant.e.s de la Vieille Capitale, certain.e.s ont appris à jouer d’un instrument à partir de zéro pour en venir, finalement, à créer des groupes et à écrire des pièces. 

C’est ainsi que nous avons pu entendre six compositions originales de six groupes de jeunes tous plus inspirants les uns que les autres. Dans leurs chansons – qui, il faut le dire, grouillaient de diversité musicale, on pouvait souvent entendre les constats lucides d’une jeunesse éveillée et alertée. Les Black Roses nous racontaient les heurts écologiques que subissent la planète tandis que les Monstrué.e.s se révoltaient contre l’écrasant engrenage. Déjà, iels prennent le pouls de cette société dans laquelle iels tenteront de se tailler une place en grandissant. Or, en voyant l’aplomb et la lucidité avec laquelle ces jeunes ont fait leur prestation, il y a moyen d’avoir espoir en iels pour affronter les défis imminents de demain. 

Après la prestation des enfants, les coachs ont présenté quelques unes de leurs chansons. Ça s’est terminé en plancher de danse avec Narcisse, de l’artiste du même nom.

Le spectacle du Camp rock, c’était: 
NoirSœurs / coach: Ann-Lydia Plourde
Les Pas Perdues / coach: Elizabeth Lavallée
Les Titnamies / coach: Marjorie Pedneault – Narcisse
Black Roses / coach: Frédérique-Anne Desmarais – Fria Moeras
Monstrué.e.s / coach: Rosemary McComeau
Wendigo / coach: Clara Bernier-Turgeon

Marie-Ève Fortier

16h00 – Poulin

Quoi de mieux, après ça, que de présenter une artiste qui rock pas à peu près! Arrivée tout droit de Montréal – même si elle vient du Lac Saint-Jean – Poulin a annoncé avec ses premières notes de guitares que c’était le temps que la dissonance s’invite sur le Parvis de l’Église Saint-Jean Baptiste (et croyez-moi, au fil des spectacles d’hier, elle s’est mise ben à l’aise). Accompagnée par Étienne Dupré à la basse « et au vaisseau spatial » (ses pédales d’effets et autres) ainsi que par Thomas Sauvé-Lafrance à la batterie, Valérie Poulin chantait et jouait avec aplomb, fixant son regard sur les spectateurs avec un de complicité ou de défi. Elle déployait une voix vibrante et versatile, qui pouvait se faire aguicheuse, légère, grave, dramatique ou, bien sûr, très rock. À surveiller!

Marie-Ève Fortier

19h00 – LAPS

Un milieu de soirée ensoleillé tout en couleur, autant pour la température que pour la prestation de LAPS : ce groupe est tout simplement une bouffée d’air frais. T’as juste à prendre une grande inspiration pour sentir  les vibrations sonores faire trembler toutes les cellules de ton corps. Bien que fort différente, la légère transe qu’ils me font ressentir me rappelle un peu Sigur Rós. L’instrument occupe la majorité de l’espace et la voix soutient la musique par moments : la voix de Heather est bien singulière, on dirait qu’elle est une chorale à elle seule. C’était un savoureux mélange d’électro-pop-planant-indie, une harmonieuse cacophonie : une expérience en soi qui se vit aussi bien les yeux ouverts que les yeux fermés.

Mani Phaysavanh 

20h00 – H. de Heutz

Comment vous décrire ce duo expérimental de Hull/Ottawa dont le nom s’inspire d’un personnage du romancier québécois Hubert Aquin? L’un à la batterie, l’autre à la basse, face à face derrière leurs micros, leurs instruments et leurs machines électroniques, les membres de H. de Heutz construisaient des pièces où les explorations rythmiques et sonores étaient centrales. Avec une précision de savant, ils confectionnaient au-delà de cette base des variantes musicales au moyen de techniques pigées ça et là dans le vaste répertoire musical: des chants de gorge inuit aux rythmes imprévisibles à la Stravinski, du minimalisme à la Steve Reich à la couleur synthétisée des flûtes de pan ou d’un shakuhachi (difficile à dire, rendu là), ils empruntaient tous les éléments nécessaires à l’échafaudage d’une œuvre évocatrice, primale, qui raconte sans raconter. Ajoutez à ça un paquet de bidouillage électronique, une prédominance de la dissonance et des repères mélodiques assez subtils et vous aurez une idée de ce qui me semble avoir été la proposition la plus audacieuse qu’il m’a été permis de voir sur le Parvis de l’Église Saint-Jean-Baptiste!

Marie-Ève Fortier

21h00 – Scattered Clouds

Si l’avant-veille la proposition musicale du Parvis avait le potentiel de charmer les foules, les groupes d’hier étaient, eux, plus propices à déstabiliser. C’était particulièrement le cas avec Scattered Clouds, un trio franco-électro-dark de Hull qui s’est mis à jouer juste au moment où le ciel s’assombrissait et où le vent s’était mis à sérieusement nous décoiffer. Ça allait particulièrement bien avec leur musique, il faut le dire, puisqu’elle puisait dans le plus sombre des années 80 et de la musique industrielle pour colorer leur romance post-apocalyptique. Pinces sans rires, les trois musiciens tout vêtus de noirs ne manquaient pourtant pas d’une certaine forme d’humour, comme il en faut pour intégrer des rythmes de samba maléfique à l’une de leurs pièces, pour en intituler une autre La politique, concours pseudo-érotique ou encore pour reprendre de façon unique en son genre la célèbre pièce de Joe Dassin, Et si tu n’existais pas. Une proposition qui, si elle a fait se boucher les oreilles à quelques passants, semble avoir bien plu aux musiciens et autres mélomanes présents dans l’auditoire.

Marie-Ève Fortier

Le Fou-Bar

18h00 – Cassandre

« Encore combien de temps imiterons-nous l’amour? » : de son chant de sirène, Cassandre me transperce encore le cœur avec cette ligne tiré de sa pièce  Presque Heureux. Elle offrait une prestation minimaliste en compagnie du guitariste Jonathan Sonier descendu directement de Moncton. Sa voix jazzy-soul-pop, qui passait du délicatement aigu au légèrement grave, résonnait avec perfection à l’intérieur du Fou-Bar pendant que les notes de guitare soutenaient, mettaient en valeur à merveille celle-ci. Son répertoire de la soirée portait majoritairement sur le thème de l’amour, puisque c’est son sujet de prédilection. Ça tombe bien, c’est le mien aussi! Ce  fût un plaisir et une agréable surprise pour moi de découvrir Cassandre pour la première fois.

Mani Phaysavanh

19h00 – Les Évadés

Collectif instrumental en fugue, les Évadés ont retrouvé, aux alentours de 19 heures, un Fou-Bar plein comme un œuf. Les sept troubadours ont plongé l’intime taverne dans un éternel délire de virtuosité. Lorsque que Marie-Christine Roy ne terminait pas les longs jams par un brillant solo de violon, Louis-Solem Pérot renchérissait avec son violoncelle de prédilection. Jouant principalement des morceaux de leur dernier opus « Black Mamba », les membres du groupe étaient en symbiose mélodique, ce qui créait une véritable escapade aux quatre coins de la Méditerranée. Si le jazz-rock est probablement le style prédominant des fuyards, l’idée que leur son garnisse une trame sonore de film est des plus logique. Longue vie à la Holi!

Gabriel Tremblay

Complexe Méduse

DJ Diaspora assurait cette fois l’ambiance en remplacement de Julia Blais. Là encore, même histoire: ben lefun, mais pas beaucoup de temps pour en profiter parce que l’on voulait aller voir tous les spectacles qui, ce soir-là, étaient tellement plus grand que nature qu’ils se sont étirés quelque peu au-delà des limites temporelles prescrites.

21h30 – Beverly Copeland

Ok, je l’avoue, j’ai pleuré tellement c’était beau. Pigeant dans son vaste répertoire allant de la fin des années soixante à aujourd’hui, Beverly Glenn Copeland a rempli la salle de paix et de lumière avec sa voix soul, douce et pleine de vibrato. Accompagné par une bande de musiciens bien plus jeunes que lui, mais avec qui il avait une complicité charmante, ils élaboraient ensemble des atmosphères musicales tellement smooth, fidèles à l’époque des hippies et des rêves d’avenirs dont est issu l’artiste. Ils nous ont joué des pièces telles que Let us dance down the road ou encore In The Image, mais ce qui fut le plus marquant, c’était toutes les histoires que nous racontait le chanteur. Il parlait de son père, de sa femme, de sa vie tranquille, mais aussi de spiritualité, de la mort et de l’espoir. S’adressant aux plus jeunes générations, Copeland faisait rentrer un peu de lumière et de beauté dans le portait souvent bien noir qui nous entoure et nous rappelait comment la voir.

Marie-Ève Fortier

22h15 – Valence

Ensuite, on s’est entassés dans la Salle Multi du Méduse pour assister à la prestation fruitée de Valence. Bien qu’ils aient fait leur lancement au Maëlstrom il y a peu de temps, je les voyais en spectacle pour la première fois et je n’ai pas été déçue. Les cinq amis-amoureux qui accompagnent Vincent Dufour (Olivier Bresse aux claviers, Antoine Bourque aux percussions et aux vents, Raphaël Laliberté-Desgagnés à la guitare, Aubert Gendron Marsolais aux tambours et Alexis Taillon-Pèlerin à la basse) jouaient les pièces de « Cristobal Cartel » d’un air mutin, la complicité au coin des lèvres. Émoustillés peut-être par le goût du vin, les chaleurs de l’été ou par la verdure qui enjolivait la scène, les spectateurs se déhanchaient doucement, comme envoûtés, pendant que le chanteur sortait ses moves de bassin tout en nous rappelant à quel point il est à l’aise dans les aiguës. Pas le choix, Valence, ça a quelque chose de sexy. En plus des pièces du maxi que le public connaissait déjà par cœur, la bande de troubadours a aussi repris Le temps est bon d’Isabelle Pierre en plus de présenter deux nouvelles compositions tout aussi prometteuses que les précédentes. Mesdames et messieux, accrochez-vous pour la venue de la jeunesse flamboyante et de ses hymnes accrocheurs, insouciants, désinvoltes et un brin provocateurs.

Marie-Ève Fortier

23h00 – Absolutely Free

Directement de la Ville-Reine, Absolument Free est venu mettre son grain de sel expérimental sur une programmation déjà capotée. Électron libre à quatre têtes, le groupe torontois utilisait un amalgame d’instruments assez hors du commun. Ce n’est pas à tous les jours qu’on entend un maracas tapper sur un drum électronique surplombé par des notes de synthétiseur analogique. Anciens nommés au prix Polaris, leur son hyper vaporeux et atmosphérique était parfois digne d’un décollage d’avion. Malgré le fait que le vocal ne soit qu’accessoire pour Absolutely Free, le timbre et l’accent de Matt King me faisait presque penser à ceux de Bono. Heureux mélange assez farfelu me direz-vous, mais bon, je suis peut-être dans le «champ gauche».

Gabriel Tremblay

00h00 – Radiant Baby

On a voulu tous les attraper (Pokémon!), mais il fallait évidemment qu’on en manque un. Non je n’ai pas d’excuse (à part peut-être la fatigue accumulée) pour n’être pas aller me déhancher aux sons électro et nu-disco de Radiant Baby, qui semble d’ailleurs avoir fait plusieurs heureux malgré quelques problèmes techniques, à ce qu’on m’a dit. L’artiste nouvellement associé à Steeven Chouinard (Le Couleur), qui était aussi présent sur scène, reste donc à découvrir. 

Marie-Ève Fortier

Bon, on se voit quand même au Brunch?
Paraît que Valence nous attend avec quelques surprises horoscopiques.

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