FESTIVAL D’ÉTÉ DE QUÉBEC – 5 juillet 2019

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Pour cette deuxième journée, on a eu un peu peur de se faire mouiller. On a annoncé des orages en fin d’après-midi qui se sont transformés en petite ondée rafraîchissante, juste à temps pour faire baisser un peu l’humidité. Heureusement, parce que sur les différentes scènes du Festival d’été, l’ambiance, elle, est demeurée très chaude…

Entrevue FEQ avec Tire le coyote

Une autre nouveauté cette année, le FEQ exploite le magnifique décor du Manège militaire pour y mener une série d’entrevues. Si Tire le coyote est un habitué des lignes d’ecoutedonc, cette entrevue est une belle mise en bouche pour le spectacle de ce soir. Les premières questions se concentrent bien sûr sur la voix et les influences de Benoît Pinette (c’est quand même Louis Bellavance qui dirige le tout) ainsi que sur le passionnant processus d’écriture.
Ensuite, après les succès de la dernière année, on a droit a une belle réflexion sur le rôle d’artiste vs la célébrité et sa vision encore très « bonus » de toute sa carrière. Authentique? Toujours, jusqu’à sa passion pour les guitares acoustiques. Ouvert à la créativité, aux changements de style (le premier album jamais produit était beaucoup plus rock), comme la Poune, il se fait découvrir avec lenteur depuis 10 ans.

(Marie-Laure Tremblay)

I-Dep

La formation i-Dep détone de l’image qu’on peut se faire des Japonais en intégrant sax et batterie à sa pop mixée. La chanteuse survoltée a su aller chercher chaque spectateur un par un et c’était avec des sourires et des mains chaleureuses qu’était accueillis ses Merci! mignons entre deux chansons. Une belle découverte passe-partout!

(Marie-Laure Tremblay)

Di#se

C’est avec les basses dans le piton à nous faire vibrer les oreilles que le superbe Di#se (qui se dit poétique et vulgaire) s’est présenté, tout en sueur. Aussitôt il nous a bombardé avec son flow, ralentissant parfois juste assez pour nous faire apprécier quelques paroles pleines d’extrêmes (130km/h, j’suis zoné) invitant les jeunes et les moins jeunes à repousser les limites de leur corps. Pour son deuxième spectacle hors de l’Hexagone, il nous a raconté sa vie sur ses beats programmés accompagné de son joueur de cymbale mais occupant seul toute la scène, courant d’un bout à l’autre.

(Marie-Laure Tremblay)

Hawthorne Heights

Punk’s not dead

Et le emo est toujours aussi sensible.

Aux alentours de 19h, on grimpe à la nouvelle scène de la place George V.

À première vue, la relocalisation de la scène Loto-Québec est plutôt réussie. Certes, les arbres et la verdure se font plus rares qu’au pigeonnier. La surface plane sablée plombe sur l’immense scène installée devant le manège militaire. Bref, Hawthorne Heights est de retour dans la vieille-capitale pour la deuxième fois en 7 mois. À l’image de leur passage à l’Impérial en janvier, le setlist est composé de morceaux phares issus des 15 années de carrière qu’ils ont derrière la cravate.

We love this fucking city

L’amour est réciproque, surtout quand les fans entendent Niki FM, Saying Sorry et Coming Back. Une perfo étriquée d’une quarantaine de minutes se terminant avec l’incontesté Ohio for Lovers.

(Gabriel Tremblay)

Connan Mockasin

Fait chaud dehors. C’est écrasant. Besoin d’une brise fraîche? C’est là que Connan Mockasin débarque avec son band dans un Impérial plutôt bien aéré. Assis sur une chaise, il se lance tout doucement à la guitare, avant de se lever et de venir présenter ses chansons, notamment celles de son plus récent album Jassbusters.

Devant un public conquis d’avance (comme en témoigne le silence quasi religieux qui s’est installé dès la première chanson), le prodige de 36 ans n’a pas eu besoin de dire un mot tellement on est entrés rapidement en mode écoute. Heureusement, parce que s’il fallait trouver une bibitte à ce gars-là, ça serait son manque de volubilité.

C’est smooooooooooth, un peu comme du Valence. Mockasin joue avec maestria ses solos bien assis sur sa chaise, la guitare à la verticale. Rien de complètement fou, juste des doigts qui glissent avec feeling sur les cordes. C’est on ne peut plus planant, on est comme sur un gros nuage rose, on se bouge doucement les hanches au fil des progressions en regardant Mockasin faire l’amour à sa guitare.

On aurait peut-être aimé un peu plus de contacts avec le public, mais hey, au moins, il est venu s’asseoir sur le bord de la scène pour nous faire un petit solo en pleine face!

(Jacques Boivin)

CHVRCHES

Quelques enjambées plus tard, je me retrouve pris au piège dans le rêve électro-pop de CHVRCHES. Devant la foule progressivement massive de la Scène Bell, Lauren Mayberry est la pierre angulaire d’un délire british futuriste. Le kick de la batterie rehaussé par les couches électroniques des claviers et synthés fait frétiller ma mince carcasse. Outre mes tympans qui voient l’acouphène dans leurs rétroviseurs, mes papilles gustatives ont la folle envie de manger le décor. Le visuel est un véritable bonbon pour les yeux. Comme si ce n’était pas suffisant, les montées vocales de Mayberry sont des plus ahurissantes considérant sa stature miniature.

«I’m in misery where you can see as old as your omens

And the mother we share will never keep your proud head from falling»

Vous me remercierez plus tard pour le ver d’oreille!

(Gabriel Tremblay)

Mercury Rev

Ça faisait des années que je rêvais de voir Mercury Rev sur une scène de Québec, et me voilà exaucé. Malheureusement, la plupart des fans de Mockasin ne sont pas restés pour cette leçon d’indie rock offerte avec brio par la formation de Buffalo.

Pour ceux qui ne connaissent pas Mercury Rev, disons qu’au départ, on les considérait comme un équivalent un peu plus groundé des Flaming Lips. Puis, à la fin des années 1990, ils ont sorti un album à se jeter à terre, l’excellent Deserter’s Songs, qui a connu un certain succès chez nos voisins du Sud et en Angleterre. D’ailleurs, la formation de Buffalo s’est surtout concentrée sur cet album, nous offrant entre autres (sans ordre particulier) les magnifiques Holes, Endlessly, Goddess on a Hiway et The Funny Bird, au plus grand plaisir de votre humble serviteur.

Bien appuyé par ses excellents complices (dont Grasshopper, qui te joue de la guitare comme si la fin du monde s’en vient), Jonathan Donahue nous a bercés de sa douce voix, en gesticulant théâtralement pendant que l’éclairagiste s’amusait ferme sur la console de l’Impérial Bell.

Un show magistral pour jeunes nostalgiques. Dommage qu’on n’ait été qu’une centaine à apprécier.

(Jacques Boivin)

Tire le coyote

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Tire le coyote pour finir la soirée devant un Carré aussi plein que miraculeusement attentif. Comme il l’avait promis lors de l’entretien plus tôt en journée, il a meublé la grande scène avec, en plus de ses complices habituels, une chorale mixte de 12 personnes et Simon Pedneault, contributeur de Désherbage, à la guitare. Cette carte spéciale a permis une Chainsaw x10, une Confetti x100 et une Calfeutrer les failles x1000, solos déjantées et foule qui s’époumone en prime. Il en a aussi profité pour remplacer son malheureux complice Shampouing pour l’émouvant duo Chanson d’amour en sol standard (merci Karine). On a eu droit à un magnifique moment acoustique (oui oui, au Carré!) avec Jolie Anne avant de terminer en apothéose avec Moissonneuse-batteuse! Un parfait show de festival, à la fois du bonbon pour ses fans et une touche d’exclusivité qui fait qu’on se sent privilégié d’y être.

(Marie-Laure Tremblay)

Alt-J

On continue la British Invasion des temps modernes avec… ALT-J

Facteur primo de ma présence sur le parc des champs de bataille, le raccourci clavier préféré des mélomanes est sur ma bucket list depuis 2012. En chauvin assumé, j’attendais la présence dans notre patelin pour me camper devant la sensation de Leeds. Dire que les plaines sont pleines à craquer est un calembour d’entrée de gamme, malgré tout, c’est le cas. À défaut de sembler snob par rapport aux autres opus, An Awesome Wave est l’album que je prendrais en intégrale pendant deux heures. Décidément, le quatuor récompense les puristes avec les titres marquants de leur première galette. Dissolve Me, Taro, Tessellate et Matilda y passeront pour ne nommer que ceux-ci. Décalé et psychédélique comme jamais, Fitzpleasure est particulièrement reluisante.

Finissant le rappel avec la tristesse captivante de Breezeblocks (que je t’attendais de pied ferme), la troupe anglaise est visiblement ébranlé par l’accueil qu’on leur réserve. Suite à la promesse de retour, une forte odeur d’aréna vide plane sur Québec Cité. On gage nos payes?

(Gabriel Tremblay)

Lucky Peterson

Ça commence par le guitariste du band qui chante une toune blues bien sentie pis qui se lâche lousse dans un solo de la mort. Puis Lucky Peterson arrive, s’installe aux claviers, et tapoche sur sa B3 tout en chantant comme si sa vie en dépendait.

Peterson, c’est toute une bête de scène, avec une voix remplie de soul, et au charme fou, qui peut te tuer une crowd avec juste un sourire bien placé. Qu’il soit bien caché derrière ses claviers ou au beau milieu de la foule avec sa guitare sans fil (il a vraiment traversé la salle avec), les yeux sont braqués sur lui, même quand il invite une chanteuse vraiment pépée elle aussi à se joindre à lui.

Une heure de gros blues entraînant, mélangé à de la soul qui ferait pleurer un bloc de ciment.

Mon coup de coeur jusqu’à maintenant. Dire que j’étais là juste en attendant Yonatan Gat…

(Jacques Boivin)

Yonatan Gat & Eastern Medicine Singers

Le D’Auteuil s’est vidé avant de se remplir de nouveau, avec cette fois la scène au milieu de la place, pour mettre en valeur LA performance. On commence par 4 drummeurs algonquiens du Eastern Medicine Singers en habits traditionnels et une danse avec franges et coiffes, avant que le guitariste virtuose ajoute ses accords déjantés au rythme du big drum. Tour à tour, notre cœur bat à l’unisson avec le tambour puis on se laisse emporter par des riffs planants. En alliant l’improbable, ils nous font voyager, des puissant chants traditionnels autochtones au langoureux Moyen-Orient. Vraiment unique, à voir absolument!

(Marie-Laure Tremblay)

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