L’odyssée des bâtisseurs
Les gars de Lake Saint-John Power & Paper cie n’ont pas fait la job à moitié avec L’Odyssée des bâtisseurs. Dès les premières notes de Défrichage, on peut entendre que l’album enregistré au Studio LaTraque dans Rosemont à Montréal est à la hauteur de ce qui se fait de mieux actuellement.
Avant de poursuivre plus en profondeur pour ce qui est du reste des chansons, une présentation s’impose. Ceux qui ont traduit librement le nom du band auront deviné que le trio est originaire du Saguenay Lac-St-Jean. Adam Gilbert (chant/basse), Marc Côté (guitare/chant) et Francis Morin (batterie/chant) nous offrent un documentaire historique musical (là-dessus, je reprends leurs mots) à propos des origines de la région, qui doit son existence aux différentes industries qui s’y sont établies, à l’instar d’autres endroits au Québec. Accrochez-vous pour un retour dans le temps psychédélique, lourd et vraiment bien fait.
En janvier 2015, un premier EP de quatre chansons était paru. De celui-ci, seulement Boulevard Wallberg se retrouve sur L’Odyssée des bâtisseurs en tant que sixième piste. Après Défrichage vient La société des vingt-et-un, une chanson de plus de six minutes au rythme plutôt lent mais vraiment, vraiment assuré. Un riff pesant, rond et distordu, résultat de la basse et de la guitare qui se mélangent sur des accompagnements de sons et d’effets d’ambiances stoner. Même si la chanson est longue, pas d’inquiétude à avoir. Les différentes sections de celle-ci la font progresser d’une telle manière qu’elle s’écoute vraiment bien sans avoir l’impression qu’elle s’éternise. C’est une des pièces qui démontre bien tout le savoir-faire des musiciens, autant technique que créatif. Ceux qui raffolent du « son du Lac » seront ravis.
Impossible de ne pas esquisser un sourire pendant Interlude. On y entend un homme nous parler de son travail « dans le bois » et de tout ce qui tourne autour, sur une trame très rock garage . Bien évidemment, l’accent du Lac-St-Jean y est mis de l’avant et on aime ça. Dans Stone Consolidated la guitare de Marc Côté est en vedette à trois minutes trente et ça m’a énormément plu. Même si au début de Syndicalisation/La Coulée on retrouve à nouveau une séquence du même genre, j’en aurais pris davantage tout au long de l’album.
Au final, après plusieurs écoutes, deux raisons majeures expliquent mon appréciation pour cet album. Dans un premier temps, tout l’aspect musical m’accroche. J’aime le rock garage/stoner, mais ici les gars ne se sont pas seulement contentés de crinquer les amplis au fond pour ensuite jouer des trucs ordinaires mais ultra distordus. Non: ce qu’on entend tout au long du disque est réfléchi, calculé, soigné et vraiment bien livré.
Ce qui me fait encore plus tripper, c’est qu’ils ont décidé d’explorer les origines du Saguenay Lac-St-Jean, d’en faire un projet musical abouti qui ne tombe pas dans les clichés et qui témoigne d’un passé riche. Lake Saint-John Power & Paper cie rend hommage à une génération qui avait le coeur à l’ouvrage.
Parlant de coeur à l’ouvrage, je leur souhaite en terminant un succès à la hauteur de leurs attentes car je sais qu’énormément d’efforts ont été faits pour rendre L’Odyssée des bâtisseurs un cas de repeat non-stop.