Texte : Caroline Boucher
Lou-Adriane a à peine 21 ans et trimballe déjà une imposante bibliothèque d’histoires musicales à raconter. Ses somptueux récits originaux, tantôt de sa plume, tantôt de collaborateurs adroitement choisis, captivent notre imaginaire avec subtilité et fougue. Les nuances que propose Lou-Adriane à son public, présent au Grand Théâtre de Québec en ce mercredi 3 avril, sont attendrissantes, intelligentes et toujours à fleur de peau.
Lou-Adriane entre en scène avec une simplicité désarmante, dissimulée parmi ses musiciens et la salle toujours en lumière, un peu comme U2 le faisait pendant sa tournée Vertigo. Sa fébrilité est palpable, car ce spectacle constitue selon ses dires, le lancement de son premier album « C’est la fin du monde à tous les jours » et qui plus est, dans sa belle ville natale qu’est Québec.
L’auteure-compositrice-interprète donne immédiatement le ton en nous balançant Ça va, ça vaavec une finale lourde appuyée magistralement par ses musiciens dont il n’est pas risqué de prétendre que leur complicité dépasse les feux de la rampe. Lou-Adriane invite ensuite les spectateurs à s’investir plus profondément dans son univers en leur servant la théâtrale Ce qu’il reste sur un rythme de battement de coeur et de jeux de lumières rouges, où tout le talent d’interprétation qu’on lui connaît nourrit avec éloquence les sentiments d’urgence et de résignation.
Et c’est comme ça pendant tout son spectacle : ces contrastes de rock lourd ou de folk-pop épurée, de mélodies larmoyantes ou d’airs joyeux et rafraîchissants, de mises en scène transcendantes ou de propositions spontanées. Que l’on pense à ses explications justifiant sa présence pieds nus sur scène avant d’entamer seule avec sa guitare La petite mort, au concours d’imitation de Tire Le Coyote auquel elle soumet ses musiciens (Vincent Gagnon, Alexandre Martel, Pierre-Emmanuel Beaudoin et Simon Pedneault) avant de livrer Mon bel antidote (chanson écrite par l’artiste en question); ou à l’interprétation de Respiration où Lou-Adriane est assise par terre, abandonnée dans les méandres des notes et des mots dramatiques, la chanteuse nous emmène avec aisance dans un ensemble de tableaux musicalement harmonieux et matures.
Outre la place prédominante qu’elle accorde aux chansons de sa nouvelle galette, l’artiste de Québec propose à son public des versions bien personnelles et richement arrangées de tubes appartenant aux répertoires de Leonard Cohen, de Jacques Brel et de Barbara avec respectivement The Partisan, Sans exigences et La solitude. Ces deux dernières pièces rendent hommage à ses influences confirmées de la chanson française dans son identité artistique, tant au niveau parolier qu’au niveau mélodique, qu’on relèvera d’ailleurs lors de la présentation de la pièce Les amours immatures, entre autres.
En somme, la signature Lou-Adriane Cassidy est rafraîchissante, resplendissante et des plus charmante. Depuis son passage remarqué à l’émission La Voix 2016, son nom figure parmi ceux à qui l’on prédit un brillant avenir sur la scène culturelle québécoise. Lorsque Lou-Adriane nous a demandé si l’on était « down » à suivre sa « vibe », il était clair de par la réponse du public dans la salle, qu’on était « down » à la suivre pour bien longtemps!