Première soirée de qualifications du Cabaret Festif de la relève – Cabaret Otis (Baie-Saint-Paul), 26 janvier 2019

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C’est mon premier Cabaret Festif de la relève. C’est sold out. Le monde est au rendez vous et je vois tout aussi bien les têtes grises, les petits de 4 ans qui courent partout que les jeunes à veste de jeans et à tuques colorées (ou pas, le noir aussi ça pogne pas mal). Bref, une autre preuve que tout le monde aime la bonne musique.

« Hey, ma grand mère du côté de ma mère s’appelle Otis! Oué! Hey tu parles d’une entrée à tout casser! » C’est comme ca que le show débute avec Émile Bilodeau, le p’tit comique de 22 ans, qui est également porte-parole de l’événement. On commence avec une nouvelle chanson, une primeur extraite de son deuxième album sur lequel il est présentement en train de travailler en studio. Coté paroles, son flow a subi une transformation, une évolution; sa plume a pris l’expérience qui correspond aux nombreuses années qu’on prend nécessairement à vivre sur la route à 200 kilomètres heure. Le ton parfois dénonciateur qu’il empruntait sur le premier album est maintenant à son apogée, entre autres avec la deuxième chanson qu’il nous présente : Candy. Après deux nouvelles compositions toutes chaudes toute belles et pleine d’une morale à laquelle il fait plaisir de s’abreuver, Émile termine son set avec une chanson plus familière mais au ton également doux-amer : Ça va.

Et voilà qu’arrive l’heure pour le premier concurrent de prendre place. Ça commence lourd, ça commence bluesy, ça commence comme du Alex Burger. Au milieu de la scène, sa voix chaleureuse, son attitude désinvolte et sa vibe de chilleur nous font immédiatement prendre des petites vacances de l’hiver. Après cette entrée tout en blues, on découvre ou redécouvre le revers de monsieur Burger : le country. La foule balance sa tête au rythme de la guitare d’Éliott Durocher et d’Alex Burger qui font sortir notre cowboy intérieur. Ensuite, le natif de Saint-hyacinthe dédie sa prochaine chanson, Le rock & drôle du bord d’la 20, à son coin de pays. En tout cas, ça doit rockabillier en caline de bine dans son boute parce que la toune, elle, rock en titi. Dans l’fond c’est ça Alex Burger : être relax, country pis rocker, et ce, parfois tout en même temps comme dans sa petite dernière, une balade qui met l’accent sur le coté peut-être un peu émotif du cowboy moderne.

Dès l’apparition du vidéo de présentation, on embarque sur planète Fria Moeras; là où les bélugas jouent de la musique et où la dite Fria Moeras arbore l’attitude qui fitte avec ses pantsde Kill Bill. Son intensité et son rentre-dedans nous enveloppent aussitôt. Elle regarde la foule, tel un farouche animal. Oh! La Fria ne se laisse pas dompter facilement et du bout de sa voix nous envoie une invitation à tenter l’expérience. C’est avec ses accents prog et son toucher punk que Fria entame les premières notes de Louise. Entre menace et invitation, avec Frédérique-Anne Desmarais (NDLR : Si vous avez pas encore compris que Fria fait partie de l’équipe d’ecoutedonc pis qu’on n’est pas tout à fait objectif quand on parle d’elle…), on entre dans un film d’action. On devient comme une prise de sang, on se demande pourquoi Louise a pas tiré sur le gars qui l’a menacée, on se fait dire « attends pas que je meure pour m’offrir des fleurs ».  Bon, je dois l’avouer, j’en suis pas à ma première Fria expérience, mais celle-ci est spéciale. Elle s’offre et nous raconte l’histoire de ses tounes! Qui aurait cru que Louise était inspirée de son ancienne boss du restaurant Le Lapin sauté? Que Le vent souffle malade était écrite pour son père? Le trio déménage et on entend toute la profondeur aérienne que nous envoie notre chère Fria. Dernière toune, Van Gogh commence en douceur… Pis là j’me dis Haha, ils s’attendent pas à ca. Peut-être êtes vous de ceux qui ont pris la bonne décision d’écouter son EP, La peur de animaux, sur lequel figure la chanson. Eh bien, dites-vous qu’en live, la toune prend toute une tournure punk qu’il faut FAUT à tout prix entendre. Armée d’une Strat plutôt que d’un katana, Fria a démontrer qu’elle n’a besoin d’aucune arme blanche pour nous trancher nos pattes de chaise et nous laisser SUL CUL.

Georges Ouel porte bien son prénom. Ça rapelle Brassens, ça rappelle la France, et je sais pas pour vous mais des fois on rencontre quelqu’un dont le nom va… comme un gant? Eh bien c’est le cas pour ce Georges. J’ignore si c’est son vrai nom, mais c’est décidément un choix judicieux qui fait allumer les bonnes cloches dans la tête de tous ceux qui l’entendent. Si ses musiciens en noeud papillon et chemise blanche démontrent la classe, et le raffinement de la musique de Georges, Georges, lui, accoutré d’une tuque bleue, d’une robe de chambre et de son fameux sourire aux palettes cassées, revêt des allures de poète décalé. Assistant à cette scène, je ne peux m’empêcher d’apprécier l’antithèse remarquablement imagée de cette mise en scène. L’auteur-compositeur-interprète réussit ainsi à nous faire entrer dans son univers déphasé où on prend le temps de jouer sur les mots, d’en dire un peu trop pour ensuite clore le tout par un introspection cinglante – souvent assez amusante. Son set avance et je prends la responsabilité de lancer un avertissement à tous ceux qui iront le voir en spectacle prochainement : Attention, il va vite le bonhomme et si vous osez tomber dans la lune, vous prenez le risque de laisser s’échapper une des magnifiques figures de style sortant de la bouche du moustachu. Bref, endimanchez-vous de votre attention la plus chic car il est essentiel de tout saisir des dires du moustachu. La troisième chanson met de l’avant le jazz présent dans les chansons de l’artiste, mais il ne faut pas s’y méprendre : les arrangements sont prudemment sélectionnés pour laisser la voix être maître de tout. Après tout, c’est avec la voix qu’on parle et c’est en parlant qu’on passe des messages. Et je vais vous dire, il en a à passer des messages ce Georges! Il nous laisse sur une chanson parfaitement hybride entre lexique québécois et français avec un refrain auquel plusieurs pourront s’identifier : « je vous l’avais bien dit que j’allais me mettre au jogging ».

Antoine Lachance : Arborant fièrement une veste ornée de flamants, on s’envole avec lui et sa guitare qui résonne jusque dans le fond du cabaret Otis. L’atmosphère pop aux rythmes lourds et prononcées, auxquels le synth donne du poids, tisse tranquillement ses contours accessibles. Il chante l’amour, mais tout est dans la texture. Sa voix chaude, avec une diction à la Marc Dupré, permet aux mots de se détacher et d’atteindre l’auditoire sans problème. On note toutefois qu’il n’a pas peur de sortir sa plume afin d’utiliser des mots au poids semblable au kick qui fait vibrer la salle « Je suis con, elle est folle.. De lui… ». C’est l’amour triste sous ces différentes façades auquel Antoine semble s’attaquer ce soir. Après s’être confié à l’assistance sur l’importance qu’il accorde à l’écriture, il entame Le Fleuve. Imagé mais accessible, Antoine est de ces auteurs-compositeurs qui se livrent avec authenticité et humilité. Ce sont ses mélodies épiques qui rappellent par moment Brian Adams et sa sympathique présence sur scène, qui clôt cette première soirée du Cabaret festif.

Et finalement le verdict tombe, tout d’abord : George Ouel qui se fait inviter sur scène (pour le prix du public) et ensuite, « pour la diversité de la musique : Alex Burger » (prix du jury)! Bravo la gang! Maintenant, direction le Tony et Charlo pour se livrer à un after où les bohémiens et leur rhapsodie fréquentent très certainement la tribu de dana… vous l’avez deviné : It’s karaoké time!

Le Cabaret Festif de la relève se poursuit le 16 février prochain avec Laura Lefebvre, Kirouak & Kodakludo, Comment debord et Patrick Bourdon. On sera encore là pour tout vous raconter. On avait annoncé que c’était complet, mais on va peut-être libérer quelques billets, alors surveillez bien nos amis du Cabaret! Par contre, il reste des billets pour la troisième soirée du 9 mars et pour la finale.

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