Petit dimanche tranquille à Québec. Gros contraste avec les journées qui ont précédé. À L’Anti, un petit show qui promet : La Force (projet solo d’Ariel Engle, membre du collectif canadien Broken Social Scene et la fille d’Aroara) vient défendre les chansons de son premier album lancé en août dernier.
Mais tout d’abord, Murray A. Lightburn (The Dears) se pointe seul sur scène avec sa guitare à 20 h 3. Sans perdre une seule seconde, Lightburn se lance dans des chansons toutes neuves qui devraient se trouver sur un album intitulé Hear Me Out, à paraître prochainement. On va vous dire de quoi : juste guitare-voix, Lightburn est tout simplement brillant. Tout d’abord, monsieur a un sens de la mélodie indéniable, non seulement capable de nous faire sentir tout le drame qu’il chante – ça on le savait, mais aussi capable de faire preuve d’une grande douceur dans des moments plus lumineux. Et monsieur est toujours aussi en voix! Une voix soul, cuivrée, qui te brassent dans les basses et qui est pure comme du cristal lorsque vient le temps de monter bien haut. Ah, s’il ne soupirait pas autant entre les chansons…
Après une courte pause, La Force monte avec ses musiciens. Tiens, Warren Spicer (Plants and Animals) est là! Ariel Engle porte une robe de nuit rose satinée pendant que ses musiciens sont habillés… comme des musiciens de bands indie (c’est-à-dire qu’ils ne se sont pas changés avant de monter sur scène). Surprise : on commence avec une reprise EN FRANÇAIS. Et pas n’importe quoi : une (belle) chanson de l’Acadienne Angèle Arsenault! Qui l’eut cru?
La suite de la prestation comprenait beaucoup moins de surprises, surtout si on avait pris le temps d’écouter l’album avant de venir faire un petit tour. Les chansons de La Force sont résolument indie, et on reconnaît immédiatement le son Broken Social Scene dans la mélodie et la rythmique. Et c’est une bonne chose… après tout, on reconnaît ce son dans le travail de nombreux autres artistes de talent… Metric, Feist, Stars et plusieurs autres!
Engle a une belle voix, douce et sensuelle, et elle a une présence scénique envoûtante. Derrière elle, le band l’appuie avec maestria. Spicer joue de la guitare comme il le fait d’habitude. Les deux autres se donnent doucement à fond, notamment au saxophone (alto ou pas), ajoutant une touche un brin jazzée à la pop d’Engle. Ça groove beaucoup, je me surprends à faire quelques pas de danse à l’arrière de la salle… mais tsé, quand t’intègres un peu de Rod Stewart dans une de tes chansons, difficile de faire autrement!
Les chansons sont peut-être très fidèles à ce qu’on peut entendre sur l’album, mais elles ont un peu plus de mordant… une touche organique qu’on sent peut-être un peu moins sur la galette.
On termine le tout (très tôt, à ma pas si grande surprise… on est dimanche après tout) avec une autre reprise, cette fois d’Anthony and the Johnsons.
Ariel, on a bien aimé te voir jouer avec ta guitare en forme de boîte de cigares. On a adoré entendre ta douce voix, se faire charmer par ta simplicité, tes généreuses interventions (toutes en français, d’ailleurs) et ta musique. Surtout ta musique.
La preuve : tout le monde écoutait très attentivement, avec un grand sourire. Et cette écoute a rendu le tout mille fois plus agréable. Des fois, vaut mieux être un peu moins dans la salle, mais être entouré de gens qui sont là pour ce qui se passe sur scène, qu’être dans une salle pleine au bouchon avec un paquet de gens qui sont là juste pour l’événement.
Le genre de soirée qui te redonne un peu foi en l’humanité.