(Photos : Marion Desjardins) J’étais un peu étonnée en entrant à l’Anti à la vue des quelque 90 chaises posées là (ça ne faisait pas beaucoup de place pour marcher, ça). Pourtant, elles ont toutes été occupées hier soir à l’occasion du premier spectacle d’Emilie Kahn à Québec en tant que tête d’affiche. Accompagnée d’un batteur (Dominic Lalonde) et d’un bassiste (Francis Ledoux), elle s’arrêtait ici après quatre jours de tournée pour la promotion de son nouvel album, 10 000, paru le 2 octobre. Sans oublier la présence d’Ogden, sa harpe. C’est en duo avec elle qu’Emilie a commencé son spectacle, tout en douceur. Après quelques mesures, ses musiciens l’ont rejoint pour compléter le tout. La musique d’Emilie & Ogden, c’est une pop raffinée au rythme fluide, qui vient chercher, avec les potentialités de sa harpe, des avenues presque inexplorées. Même la voix d’Emilie Kahn, aux inflexions particulières et d’un aigu envoûtant, semble refléter les effets de son instrument. Les deux autres musiciens, quant à eux, viennent compléter et enrichir ce noyau. En effet, la basse vient contrebalancer les aigus et la batterie vient appuyer les moments forts pour contraster avec les moments doux. Lalonde et Ledoux, il faut le noter, ont fait preuve d’un talent notable pour mettre Emilie et sa musique en valeur. Même le son de l’Anti, une salle de spectacles habituellement axée vers le rock, m’a étonnée par sa qualité (il faut remercier un certain David pour cela). Alors que les salles assises en incommodent plus d’un, l’auteure-compositrice-interprète semblait à l’aise avec cette atmosphère. Après le spectacle, elle m’a confirmé que c’était en raison de la grande écoute que cela permettait. Et il est vrai que le public d’hier soir était plus qu’attentif à sa musique, qui demandait un certain silence pour en entendre les subtilités. En outre, cela a permis une atmosphère intime qui se prêtait bien à l’attitude plutôt réservée de l’artiste, semblant nous confier ses anecdotes plus que de nous les raconter. C’est ainsi qu’elle nous expliqua, par exemple, que sa chanson intitulée Dream avait été enregistrée en hiver, en pleine tempête de neige, ce qui contrastait avec l’ailleurs abordé dans le texte. Justement, on pourrait dire que l’atmosphère dégagée par ce groupe relève du rêve. Après quelques remerciements, ce dernier a terminé en douceur, en decrescendo et sans rappel. Son album est disponible sur Itunes et on en a même fait la critique. Première partie – Tora Avant Emilie & Ogden, c’était cependant le groupe australien Tora qui avait ouvert le bal. Avec une entrée en matière indie-folk aux accents électroniques, ils m’ont d’abord évoqué Alt-J ou Half Moon Run. Cependant, on peut noter quelque chose de très particulier chez ce groupe : il semblerait que les influences des différents membres ressortent quand ceux-ci sont mis en évidence. On fluctuait donc d’un style à l’autre tandis que les trois des cinq membres s’échangeaient le lead vocal tout en jouant de leur propre instrument. Ce qui était franchement indie-folk a donc glissé vers la vieille pop à la Justin Timberlake pour passer ensuite rapidement par le hip-hop, le tout enrobé d’un rendu très électro. Le résultat : des chansons progressives et un mariage réussi entre le pop et le folk. Il faut aussi reconnaître au groupe le mérite d’avoir joué tout ce qu’il était possible de jouer en live : hormis quelques effets enregistrés, tout était fait avec des instruments ou avec des effets de voix. Contents d’avoir joué à Québec, et ce devant une salle attentive et qui a visiblement aimé, les membres du groupe ont cependant été déstabilisés, eux, par l’immobilisme d’une salle assise. Toujours est-il que plusieurs personnes sont allées acheter leur disque après leur performance. [gallery type="rectangular" td_select_gallery_slide="slide" ids="15709,15710,15711,15712,15713,15714,15715,15716,15717,15718,15719,15720,15721,15722,15723,15724,15725,15726,15727,15728,15729,15730,15731,15732,15733,15734,15735,15736,15737"]]]>