S’agit-il d’un hasard si Secret City et/ou Patrick Watson ont encore profité de l’arrivée du printemps pour sortir le nouvel album du groupe? C’est que les deux efforts précédents étaient sortis en avril et force est d’admettre que la musique onirique de la troupe sied bien à cette explosion de verdure.
[caption id="attachment_6740" align="alignright" width="238"] Patrick Watson Love Songs For Robots (Secret City / Domino)[/caption]Ce nouveau cru de l’adorée troupe montréalaise a d’ailleurs été présenté sur scène dans quelques villes déjà. Comme mélomane, cela représente l’une de mes plus grandes et assez rare joie que de pouvoir d’abord découvrir sur scène les nouvelles pièces d’un groupe que j’affectionne. J’étais sur place pour l’un des deux concerts donnés à Lévis où Watson et son groupe ont joué l’intégralité de Love Songs For Robots. L’impression générale avait d’ailleurs été assez positive avec plusieurs solides pièces pourtant encore en rodage.
Ce cinquième album marque une certaine rupture par rapport à l’oeuvre du groupe. D’abord, Simon Angell qui apportait une touche si singulière au groupe a quitté pour se consacrer entièrement à son projet Thus Owls. Il est remplacé par Joe Grass qui a démontré beaucoup de flegme et de virtuosité lors du spectacle. Par contre, son apport, bien que majeur, me semble un peu plus « traditionnel », ce qui fait qu’on perd une touche de singularité dans le son du groupe. Le piano acoustique, si présent dans l’univers de Watson, ce fait plus subtil au profit d’autres instrumentations. Il s’aventure aussi, quatre fois plutôt qu’une, dans de longues pièces de plus de six minutes. De plus, l’album a été enregistré en grande partie à Los Angeles de façon « live » ce qui est aussi une approche différente des efforts précédents.
L’album s’ouvre délicatement avec la pièce titre; une des rares pièces où le piano est à l’avant. Good Morning Mr Wolf vient ensuite annoncer les couleurs de l’album avec ses percussions inventives et un somptueux riff de slide-guitare qui donne beaucoup de mordant au refrain. Bollywood est d’abord porté par la basse de Mishka Stein avant d’exploser dans de complexes arrangements où guitares, et claviers viennent créer d’habiles ruptures dans le rythme. Le ton est donné avant un retour en terrain connu avec les efficaces Hearts et Grace.
In Circles, courte pièce à la limite de l’intermède, ouvre merveilleusement la deuxième moitié de l’album avec l’une des plus belles lignes mélodiques de l’oeuvre. Le rythme jusque là intéressant s’essouffle ensuite. Turn Into Noise est pourtant une pièce réussie; à la fois grandiose et délicate; probablement un des meilleurs exemples montrant l’éventail des possibilités de la voix de Patrick Watson. Est-ce son placement sur l’album qui fait défaut? Il y a aussi le cas de la chanson Know That You Know, trop longue et moins inventive que ce à quoi le groupe nous a habitués. L’album se conclue avec une pièce mémorable, Place You Will Go qui avec son rythme syncopé vient insuffler une nouvelle dose d’énergie pour la finale.
Dans l’ensemble, l’album est une réussite et la première impression en spectacle est similaire à l’idée que je m’en fais après quelques écoutes. Les nouvelles explorations sont vraiment réussies et même si certaines pièces à mi-parcours sont moins surprenantes, on embarque sans problème dans l’univers (avec des subtiles incartades dans un monde de science-fiction) proposé par le groupe.
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