On vit dans une bien drôle d’époque quand même. Écouter les nouvelles se rapproche de plus en plus d’une série télévisée dystopique. Des génocides par-ci, des guerres par-là, des enlèvements sans procès par ICE aux États-Unis et au Québec, un paquet de coupes et de lois sous bâillon qui ne font qu’accentuer le fossé entre la minorité la plus riche et le reste de la population. Heureusement, la musique et la culture en général est cette toute petite et minuscule parcelle de lueur d’espoir alors que tout autour semble être en train d’exploser. En ce sens, c’est toujours un baume sur la conscience de voir la lesbionne woke sur l’autotune par excellence, Calamine, en spectacle. Cette dernière était de passage à La Source de la Martinière le 21 novembre dernier alors qu’elle est entre deux cycles d’albums. Son dernier, « Décroissance personnelle » a à peine un an et demi que les singles pour le prochain, « Rétrograde », commencent déjà à sortir. De ce fait, le spectacle n’a peut-être pas trop attiré les foules, on était une vingtaine dans la salle limouloise. Le bon vieux cliché que ce n’est pas la quantité qui compte, c’est la qualité s’applique ici. La rappeuse souligne d’ailleurs à quel point elle se sent choyée de pouvoir performer devant un public alors que le coût de la vie explose et qu’il y a bien d’autres priorités à payer avant un spectacle.
Ses tounes sont toujours aussi excellentes, ça, il n’y a pas l’ombre d’un doute. Je voulais cependant m’attarder davantage aux interventions entre les chansons. Tout y passe, comme Mathieu Bock-Côté qui venait tout juste d’avoir un temps d’antenne beaucoup trop important à Tout le monde en parle. Ça me fait énormément réfléchir au phénomène des chambres d’écho, d’un côté je crois que c’est sain de s’entourer de personnes qui ont une vision similaire sur les différents enjeux. Par contre, lorsque ce genre de personnage obtient une énorme tribune comme celle-ci, ça n’a pas le choix de nous confronter, de nous faire voir que les idées rétrogrades et conservatrices semblent de plus en plus populaires. Son passage était rempli de dog whistles et de demi-vérités que les différent.es intervenant.es de gauche tentent tant bien que mal de déconstruire face à un auditoire qui ne veut rien entendre d’autre que MBC a dominé le « débat ». Je tiens à souligner le travail d’Eli San à ce sujet d’ailleurs.
Calamine a aussi abordé les récentes élections municipales, félicitant Québec d’avoir choisi un maire progressiste alors que Montréal a élu une fan d’Airbnb. Mais Bruno Marchand est-il aussi progressiste qu’il en a l’air? Sa gestion face à la montée de l’itinérance est discutable, voire déficiente. N’empêche qu’il n’est effectivement pas le pire candidat dans cette élection, mais à force de toujours choisir la moins pire option au lieu de la meilleure, ça donne quoi? Au fédéral on a élu un banquier parce que ce n’était pas un conservateur mais au final je ne vois pas grand monde, à gauche comme à droite, se réjouir de sa gestion jusqu’à maintenant. Pourquoi en 2025 on « investit » si massivement dans l’armement? J’ai l’impression de m’être fait mentir au primaire quand on me disait que tout le monde souhaitait la paix sur Terre.
D’ailleurs, en 2025 jusqu’à maintenant il y aurait eu pas moins de quinze féminicides au Québec. C’est énorme, c’est quinze de trop. Mais pendant ce temps, on donne du temps d’antenne à des masculinistes qui endoctrinent les jeunes. Il y a quelques années avec, entre autres, le mouvement #metoo, je voyais un peu d’espoir pour les femmes, pour les personnes trans, pour les personnes non-binaires mais le constat est lamentable, on ne fait que reculer. C’est particulièrement difficile d’avoir de l’espoir ces jours-ci mais entendre des artistes comme Calamine et son DJ Kèthe Magané aide à ne pas trop tomber dans le nihilisme et l’apathie.
Soyons woke, soyons queer, soyons contestataire.
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