Photo : Maxime Beaulieu

Le p’tit Knock-Out va déménager…

10 octobre 2025

Jacques Boivin

Maxime Beaulieu

La semaine dernière, Rox Arcand, copropriétaire du Knock-Out m’écrit un message : « Veux-tu un gros scoop? Mais faut que tu gardes ça pour toi! »

Moi, tel une Linda Hébert à la langue de vipère bien aiguisée (les plus vieux la comprendront, celle-là), j’ai tendu l’oreille. Et en effet, c’était quelque chose de gros. Le Knock-Out allait déménager au début novembre. En soi, c’est pas une immense nouvelle, après tout, des commerces qui déménagent, y’en a des dizaines chaque année pour toutes sortes de raisons, des bonnes comme des mauvaises. « On s’en va à côté du Pantoum! Faudrait qu’on se parle, on va tout t’expliquer! »

La nouvelle sort publiquement le lendemain avec une petite adaptation de la pub du Clan Panneton :

Faque ouais, le Knock-Out, institution de Saint-Roch depuis maintenant 13 ans, allait passer à l’ouest comme Sergei Koulikov! Mais pourquoi? Et qu’est-ce que ça veut dire tout ce changement? Avec Maxime, je suis allé voir Roxann et Jean-Philippe un beau dimanche après-midi pour tout savoir!

« C’est pas le fun, déménager, surtout que c’est pas comme si on agrandissait ou on ouvrait un deuxième magasin! », lance Rox à mon arrivée pendant qu’elle se demande comment conserver toutes les signatures d’artistes et de groupes qui sont passés par le disquaire au fil des ans (sérieux, le mur des célébrités, c’est un who’s who de la scène rock de Québec et du Québec).

Mais pourquoi? Qu’est-ce qui pousse un commerce de quartier qui fonctionne bien, qui a une clientèle bien établie et fidèle, à quitter un local qui semble avoir été conçu sur mesure pour ses propriétaires et à s’installer là où on vendait de la laine il n’y a pas si longtemps?

Jean-Philippe nous explique : « On avait signé un bail de trois ans avec GM Développement. À l’époque, ils voulaient créer le ‘Nouvo St-Roch’, mais ils ont vite compris la dynamique du quartier et ils se sont adaptés. On n’a jamais eu de problèmes avec eux, on payait tout de suite, ils offraient un excellent service, pis le renouvellement se faisait tout le temps rapidement. » Des shows dans le magasin? Pas de problème! Même que GM s’intéressait vraiment au succès du disquaire. Faut dire que les journées comme le Record Store Day attirent un monde fou dans le coin, c’est bon pour le quartier!

À la fin de l’année dernière, les copropriétaires du Knock-Out apprennent que leur locateur allait vendre l’immeuble où ils sont installés. Une fois la transaction bouclée, les problèmes commencent. Le nouveau proprio est à Montréal plutôt que de l’autre bord de la rue. La communication est mauvaise. Les visions et les valeurs sont diamétralement opposées. On tarde à renouveler le bail, le stress s’installe, surtout qu’on finit par apprendre que la prochaine augmentation de loyer allait être particulièrement salée.

Pour les deux disquaires, la situation est intenable. Rox en a déjà plein les bras avec Enfants Sauvages, Jean-Philippe, d’ordinaire si calme et posé, voit son anxiété grimper dans le piton. Le duo fait des calculs, regarde ce qu’on pourrait négocier, mais à l’extérieur, rien n’y paraît, on accueille toujours les clients avec le même excellent service que d’habitude.

Et c’est là qu’arrive, par le plus grand des hasards et dans le plus parfait des timings, un nouvel acteur : « J’étais avec JP », raconte Rox. « On était en train de déménager une amie. C’était un 24 juin. Jean-Étienne (Collin Marcoux, du… Pantoum) m’écrit un texto : ‘Ça fait plusieurs années qu’on y pense, mais il y a un de nos locataires qui s’en va. Je sais pas quelle est votre situation, mais ça fait des années qu’on aimerait vous avoir ici. Je lance ça dans l’univers.’ »

Notons pour la petite histoire que JE ne savait absolument rien de ce qui se passait à l’autre extrémité de la rue Saint-Joseph. C’était juste une perche qui était lancée, comme ça, question de profiter de l’occasion pour remplacer les pelotes par le rock. Mais pour Rox et JP, c’était un signe du destin, et disons qu’à travers les vacances et autres congés, la proposition n’est pas tombée dans l’oreille de sourd·es!

On y réfléchit. On visite le local, qui sera libre au début de l’automne, on se rend compte de tous les atomes crochus entre les deux groupes, et très rapidement tout ce beau monde s’entend. Oui, le local est un peu plus petit, « mais on a un sous-sol complet comme backstore! ». Oui, on s’éloigne des travailleurs, « mais quand on allait se promener dans le coin du Pantoum, il y avait du monde partout malgré les travaux sur St-Vallier! » Y’a du stationnement pour les visiteurs de l’extérieur (le Knock-Out, ça a beau être un disquaire de quartier, il attire du monde de partout dans la région). On peut rester ouvert un peu plus longtemps les soirs de shows.

« On va continuer de faire des in-store », ajoute Rox. Mais tout à coup, il est possible d’aller plus loin. Un artiste de plus grande envergure vient faire un tour? On peut louer la salle du troisième étage (quand elle sera prête), qui va bien se prêter à ce genre d’événements. Rox et JP se sont même mis à rêver à un retour de Knock-Out Fest! La gestion des grosses foules au RSD devient tout à coup plus facile. « Tout est possible! »

Deux organisations DIY à l’os qui collaborent, ça ne peut que créer du beau. On parle ici de deux éléments essentiels de l’essor de la scène de Québec, tous styles musicaux confondus.

Bien sûr, Rox et JP sont toujours stressé·es. Un déménagement, c’est de la grosse job. Faut paqueter, transporter le tout (du matériel quand même pas mal fragile – et lourd). Heureusement, clients, amis et autres membres de la communauté ont offert leur aide, ici pour mettre le nouveau local à leur main, là pour se servir de ses gros bras.

En tout cas, si les copropriétaires avaient peur de la réaction de leur clientèle, suffit d’aller voir sur les réseaux sociaux pour comprendre que celle-ci est absolument ravie.

Ça va rester le même Knock-Out, avec une petite note derrière la caisse pour nous rappeler que les clients de marde auront un service de marde (j’ai jamais vu personne se faire traiter autrement qu’aux p’tits oignons au KO, faque les clients doivent être exceptionnels). C’est un chapitre qui se termine, certes, mais il en reste encore plein d’autres à venir.

Chose certaine, il va y avoir plein de nouveaux bands qui vont signer leurs noms sur un mur tout neuf. Et le Lucien en miroir sera toujours là, avec son regard bienveillant de poète rockeur.

DÈS NOVEMBRE :

Le Knock Out
47, rue Saint-Joseph Ouest
Québec

En attendant, vous pouvez toujours faire vos adieux à l’ancien local (832, rue Saint-Joseph Est), qui a été un témoin privilégié de l’explosion de notre scène au cours de la dernière décennie.

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