Ouais, je commence à bien aimer le Festival FONO et son petit côté relax. OK, faut dire que je ne suis pas encore allé près de la grande scène qui est située entre le Pouliot et le Bonenfant (je vous l’avais dit que l’Université Laval était mon alma mater, les noms des pavillons, je les connais), alors j’ai passé que du bon temps de l’autre côté, entouré d’arbres et de bonne musique.
Le problème, on va se l’avouer, c’est qu’on se sent un peu seul du côté des scènes secondaires. Le festival FONO est fréquenté, y’a de maudites belles foules de l’autre bord, mais comme cet événement n’en est qu’à sa deuxième édition, les jeunes n’ont pas pris l’habitude de se promener d’une scène à l’autre comme les plus vieux le faisaient dans l’temps où c’était facile de le faire au Festival d’été. Alors on se ramasse parfois une autant de monde devant la scène que sur celle-ci. Je suis positif, du genre « if you build it, they will come », alors je ne suis pas inquet, mais pour le moment, c’est un peu weird.
D’ailleurs, la foule était un peu différente en ce samedi. Un peu plus vieille que les deux jours précédents, et c’est probablement dû à la tête d’affiche de la soirée Les Trois Accords, qui ont remplacé un certain Charlie Puth (qui était TRÈS attendu). Beaucoup de têtes grisonnantes comme la mienne se tenaient un peu en retrait, l’oreille bien tendue, devant ces artistes qu’elles ne connaissaient pas. Content de voir qu’il nous reste un peu de curiosité en vieillissant, même si on ne cesse de nous dire que c’est game over sur ce plan dès qu’on atteint le quart de siècle.
Bon, assez de radotage, parlons de ce magnifique 13 septembre!
Beau Nectar

Je me souviens d’avoir vu Beau Nectar (Marie-Clo et éemi) au Phoque OFF il y a deux ans. Les deux autrices-compositrices de la francophonie canadienne (l’une originaire de l’Ontario, l’autre de la Saksatchewan) que des prairies et des montagnes séparent lorsqu’elles ne partagent pas la même scène nous ont balancé quelques-unes de leurs belles compositions pop qui parlent de nature, de forêt et de… chanterelles! Dans les deux langues officiellesParfois teintées de folk, souvent saupoudrées d’électro, ces pièces intimes et chaleureuses ont rapidement convaincu le petit groupe d’arrivé·es tôt qui se massaient sur le bord de la barricade.
Irène

On traverse d’une scène à l’autre comme on traverse le pays en train (lentement, mais sûrement) pour se retrouver en Gaspésie avec les p’tits bums d’Irène. Eux aussi, je me souviens qu’ils m’avaient fait une bonne première impression pendant une vitrine (à St-Roch XP cette fois). Le quintette mené par le guitariste et chanteur Noé Bélanger déborde d’énergie, jouant ses pièces comme si le parterre était rempli de fans en délire! C’est du maudit bon indie rock, Irène, des pièces fichtrement bien écrites. Y’a du Louis-Jean (Cormier) pis du Patrice (Michaud) dans la voix de Bélanger, les influences de la péninsule sont palpables, mais comme le montrent les pièces du microalbum « C’est pas toujours compliqué » et les quelques nouveaux morceaux qu’on a cru entendre, Noé et ses complices (Benoit Francoeur, Antony Martin, William Morris et Colin Drouin, tous aussi efficaces que leur pote) sont en train de se créer un univers sonore bien à eux. On a vraiment hâte d’en entendre plus de ces p’tits gars!
Vendôme

C’est rare qu’on voie des supergroupes jammer au beau milieu de l’après-midi, sous un soleil de plomb, avant même qu’on ait terminé notre première Sol. Pas à FONO, où on a eu droit à tout un show bien brumeux de Vendôme. Composé de Cédrik St-Onge, Marco Ema, Tom Chicoine et Bobo St-Laurent, le groupe s’est formé lorsque les quatre auteurs-compositeurs se sont rencontrés au Festival de la chanson de Granby il y a quelques années. Avance rapide en 2025, deux ans après un premier album fort impressionnant, et on profite de cet indie rock planant et langoureux qui fittait beaucoup avec le fait que l’éclairagiste a parti la machine à boucane et semble avoir oublié de l’arrêter. Le quatuor est diablement efficace, s’échangeant le lead comme une équipe de relais s’échange le témoin. Une complicité palpable qui nous met dans le coup. Le genre de musique immersive qui m’accompagnait dans mes « petits tours de Grand Axe » pendant le bac.
Kaya Hoax

Changement complet de registre! Encore un peu engourdi par ce beau trip avec Vendôme, je retrouve Kaya Oax et son fidèle écuyer Christian Sean derrière la quincaillerie. Une autre que je retrouvais après… une vitrine (cette fois au FME). Détrompez-vous, derrière l’attitude désinvolte de l’artiste montréalaise se cache une musique qui ne laisse personne indifférent. Une hyperpop teintée de hip-hop, de R&B et de rock avec une bonne dose de dancehall, des textes qui grafignent, un festin sonore qui sort des sentiers battus et qui été apprécié par les fans, anciens comme nouveaux. Habituez-vous à ce savoureux métissage musical, vous allez l’entendre de plus en plus!
Roselle

Une autre qui m’avait fait une bonne première impression il y a quelques années! Coudonc, ce samedi en est un rempli de retrouvailles! Et cette fois, j’en savais davantage sur le phénomène Roselle, qui est entrée sur la scène musicale québécoise par la grande porte au début de la décennie. Un genre de retour à la maison pour cette artiste originaire de Lévis (une semaine après son grand frère, qui offrait un show surprise à St-Roch XP) et qui est en train de conquérir le monde, une paire d’oreilles à la fois, avec sa pop colorée et engagée qui ne fait pas de quartier. Tu danses ta vie, pas le choix! Le petit set de Roselle est rempli de bangers aux mélodies accrocheuses et aux rythmes irrésistibles. C’est diablement efficace, surtout qu’à l’avant-plan, Rosalie est une redoutable bête de scène. Les beats rappellent énormément Le Couleur (non, ce n’est pas un hasard, c’est du pur Steeven Chouinard), surtout sur Fierté, une bombe que devraient écouter les mononc’ qui nous gouvernent ces temps-ci. On le sent, Roselle a trouvé sa voie (elle avait déjà la voix), et elle va nous faire danser très longtemps. « Aujourd’hui Québec, demain le monde. »
Spill Tab

Bon, on va se calmer un peu et retrouver l’artiste californienne Spill Tab. De la belle indie pop en douceur, en anglais et… en français (ouais, l’artiste née à Bangkok a grandi à Paris), avec une petite touche de soul, de jazz, de R&B. Gros groove plein de charme, une belle palette sonore qui fait qu’on ne s’ennuie jamais, une musique parfaite pour faire le pont entre ce gros après-midi qui vient de se terminer et cette belle soirée qui commence.
renforshort

Pour ma dernière artiste sur les scènes secondaires, je me suis un peu gâté avec renforshort. Ma camarade Marion m’en avait dit beaucoup de bien lors du passage de l’artiste originaire de Toronto au FEQ il y a trois ans, alors j’étais très curieux de voir ce qu’elle avait dans le ventre. Ne vous fiez pas sur son air angélique, Lauren Isenberg est toute une bête de scène. Elle occupe tout l’espace, regarde tout le monde droit dans les yeux, chante avec assurance sans s’essouffler (comment vous faites, les jeunes? c’est quoi votre secret pour avoir un cardio aussi solide?). Sa pop est juste assez vitaminée, ses textes sont empreints d’une sincérité qui vient nous toucher droit au coeur. Sur le parterre, ça danse beaucoup, ça chante fort (wow, je savais pas qu’elle pognait autant à Québec), que ça soit sur les vieilles tounes ou sur les bangers tout neufs comme pretend you like me. Ouais, Marion avait raison, renforshort était impressionnante!
Les Trois Accords

Bon, va ben falloir que je finisse par aller voir un show à la grande scène. Et c’est maintenant ou jamais, car c’est le dernier groupe du week-end qui s’en vient!
Chaque fois, c’est la même chose. Je l’avoue, je n’écoute jamais Les Trois Accords à la maison. Et pourtant, s’ils sont sur une scène dans le coin, je ne suis jamais loin, et je connais par coeur TOUTES LES CHANSONS. Chacune. D’entre. Elles. Grand champion? Check. Caméra vidéo? Check. Dans mon corps? Check. Elle s’appelait Serge? Check. Bamboula? Check. Saskatchewan? Bien sûr! Hawaienne? Qu’est-ce que t’en penses? Même la p’tite nouvelle, Toujours les vacances? ELLE PASSE AU MAXI PENDANT QUE JE FAIS L’ÉPICERIE! Pas moyen de s’en sauver. T’inquiète, ils les ont toutes faites, pis les petits jeunes qui étaient pas nés quand la bande de Drummondville a lancé « Gros mammouth album turbo » les chantaient toutes avec un enthousiasme qui n’avait d’égale que la pyrotechnie qui s’est laissée aller à plusieurs moments. Les p’tits gars étaient en forme (faut dire qu’on les a sortis de leurs vacances), ils nous ont balancé un beau programme constitué de QUELQUES-UNS de leurs plus grands succès et ouais, je comprends les personnes qui étaient déçues de l’annulation de Charlie Puth, mais on va l’avouer, pour terminer un festival de la manière la plus fédératrice possible, de quoi réunir les granos du De Koninck et les douches du Palasis, y’a pas mieux que Les Trois Accords!
J’ai même pleuré un peu pendant Les dauphins et les licornes. La fatigue? Non. C’est juste une maudite belle toune. Parce que ouais, Les Trois Accords, c’est une machine à vers d’oreille, mais retournez donc écouter toutes les tounes que j’ai nommées. Tellement toutes différentes, tellement d’influences diverses, toutes réunies dans un univers musical qui tombe sous le sens. Il est peut-être temps que j’arrête de les regarder de haut, je suis pas mal petit devant ces géants qui me font chanter J’aime ta grand-mère avec plusieurs milliers de personnes.
Une belle fin pour une belle fin de semaine passée avec plein de beau monde qui était là pour écouter de la belle pop.
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