Et voilà, septembre est commencé, l’automne s’annonce beau et chaud, du moins sur la scène musicale, et signe d’une rentrée culturelle plus qu’occupée, St-Roch XP est de retour pour une nouvelle édition plus folle que jamais! Au menu, plus d’une soixantaine d’artistes de la relève (ou pas), d’ici et d’ailleurs, qui offraient de (pas si) courtes prestations dans des lieux qui sont pas faits pour ça devant un public plus habitué de voir des super étoiles sur les Plaines que de voir des jeunes jouer comme si c’était la dernière chance qu’on leur donnait.
Ce qui était au départ un trip de programmateurs pour conclure la saison des festivals est devenu au fil du temps le point de départ d’une nouvelle saison de découvertes musicales pour les mélomanes de Québec. Et pour les organisateurs de l’événement, c’est de plus en plus le point de départ d’un parcours qui pourrait, à terme, mener plusieurs de ces artistes sur les planches du Grizzly Fuzz, de l’Impérial Bell, de FONO ou du FEQ. On l’a d’ailleurs constaté avec des artistes comme P’tit Belliveau qui avait joué devant 12 personnes à l’épicerie à son premier passage avant de remplir l’Impé deux fois et d’avoir le luxe de se commander de la grosse pyrotechnie l’année passée au Festival d’été.
Même si on n’a pas pu TOUT voir (on aurait bien aimé, mais même notre équipe de huit personnes a raté quelques artistes), on a vu une bonne partie de la programmation de St-Roch XP.
On sait qu’on est un peu sur le tard, mais quand vous allez voir tout ce qu’on a vu et entendu, vous allez comprendre pourquoi on avait beaucoup de pain sur la planche ces derniers jours! Et on commence ça immédiatement!
Note : Il se peut que les photos aient été prises lors d’une prestation différente de celle qui est mentionnée dans le texte. Sorry not sorry, on avait beaucoup de monde à voir!
4 septembre 2025
Édouard Tremblay-Grenier

Par Jacques Boivin
OK. Ça commence fort avec un p’tit jeune qui a tout le talent du monde. Normal, Édouard Tremblay-Grenier est tombé dans la marmite de potion magique quand il était tout jeune. Il a tout pour lui : le sens de la mélodie, le verbe facile, la présence scénique, un band toute étoile (Zachary Boileau à la guitare, Vincent Huard à la basse et Victor Tremblay-Desrosiers à la batterie). Les influences sont nombreuses et variées, mais disons simplement que c’est de la fichue belle indie pop très accrocheuse. Ari et Fan de toi (qui venait tout juste de sortir) ont fait mouche, et on y reconnaît les très bonnes influences de maman Mara (qui était présente à titre de groupie numéro un). Et que dire de l’irrésistible Papier sablé, une pièce uptempo aux belles envolées instrumentales qui nous tient en apesanteur pendant près de quatre minutes! Édouard et sa bande seront de retour le 13 février prochain au District Saint-Joseph.
David Emme

Par Jade Poliquin
Je débute ces trois jours de festivités à La Place avec David Emme, qui était encore pour moi complètement inconnu, mais qui m’a agréablement surprise. C’est avec une voix poignante d’émotions qu’il nous partage cette poésie chantée oscillant entre new wave et cold wave. Malgré une foule peu présente vu l’heure hâtive de la prestation, cet artiste nous a partagé des chansons aussi bien anciennes qu’inédites. Si j’avais à vous donner un exemple de « ça sonne comment un David Emme dans une boutique gourmande », je vous dirais que c’est un drôle de mélange entre Molchat Doma et Depeche Mode… en version francophone.
Colin Léo

Par Jacques Boivin
Le Montréalais Colin Léo nous attendait sur la nouvelle scène de la rue Saint-Anselme pour nous présenter ses compositions R&B aux textures très jazzées. Plus percutant que sur disque, où ses pièces ont un petit côté planant qui ne déplairait pas aux fans de dream pop, Colin Léo dégage un charme de fou pendant qu’il débite ses textes avec son flow extrêmement langoureux et sa voix grave. Bien appuyé par ses deux musiciens, le jeune artiste n’a eu aucun mal à faire le plein de nouvelleaux fans.
CRABE

Par Luc Belmont
Le numéro présenté par CRABE a défilé sur un fil narratif rempli de surprises. Les cordes de l’orgue à vent en guise de décompte annonçaient le voyage qui décolle. La facilité avec laquelle le duo interrompt ses élans de bruitage casseurs adoucie l’échappement des tensions irréfléchies et trivialise la vigueur nébuleuse de leurs efforts perclus. Les combinaisons de séquences et de changements de sons ajoutent une dimension captivante à des fresques déjà hyper colorées. Des chants d’oiseaux artificiels dans la nature goudronnée du centre-ville ont tondu un chemin de mystère gommeux à travers la masse d’ouïes, comme une cascade d’émotion parcourant un bain de foule en sueur.
Louis-Solem

Par Frankie Rose
La musique de Louis-Solem est faite pour des après-midis ensoleillés au bord du fleuve. Pendant son show au Théâtre La Bordée, il nous a emmenés partout dans la province, par exemple à Kegaska (l’endroit « mythique » au bout de la route 138) et à Cap-aux-Os en Gaspésie (où il a passé du temps comme bénévole dans une auberge). On a également visité de petits coins, comme les souvenirs évoqués dans Coller le matin. Louis-Solem nous a dit qu’il avait beaucoup voyagé et sa chanson Cette rive était un hymne à la beauté québécoise. Pour terminer le show, on a traversé la frontière pour aller à Nashville. Il a présenté une nouvelle chanson écrite dans son char sous la pluie. Là, dans la rue, il observait l’ambiance emblématique de la ville et s’est dit qu’il voulait écrire un classique. Le folk, mélangé avec un peu de country, était tellement réconfortant et cozy. Alors que la plupart du monde était prêt à faire la fête à 22h, moi, j’étais prête à me coucher… et je pouvais m’endormir les oreilles satisfaites.
LUMIÈRE

Par Jacques Boivin
On pouvait difficilement mieux commencer la série de shows en salles qu’avec LUMIÈRE, le projet solo d’Etienne Côté, qui nous a proposé un fort sympathique petit set en trio avec les toujours excellents Eliott Durocher-Bundock et Laurent Massie. Ça a commencé mollo, les trois musiciens jouant assis des versions plus acoustiques du répertoire du grand bouclé. Même en formule dépouillée, les pièces de LUMIÈRE ne manquaient pas de GLAM, bien au contraire! Mais ça n’a pas empêché tout ce beau monde de se lever (sauf Etienne, qui est allé s’installer derrière sa batterie), question d’offrir une deuxième moitié beaucoup plus rock, ce qui a permis à une foule timide jusque là de se délier les jambes et de se déhancher doucement. Un beau moment passé avec une des valeurs de plus en plus sûres de notre scène, quelle que soit la direction prise.
Vaëlle

Par Frankie Rose
Pendant le show de Vaëlle, La Place Boutique Gourmande s’est transformée en nuages pastel et on flottait dans le ciel entouré d’arcs-en-ciel. Il y a du mystère lié à la musique de Vaëlle. Je connaissais son nom et le fait qu’elle avait gagné le Festival International de la chanson de Granby l’année dernière, mais il n’y a pas beaucoup de musique en ligne. J’avais donc hâte de la découvrir dans l’intimité de St-Roch XP. Ce qui est beau, c’est que sa musique est aussi ludique que sa personnalité. Entre les chansons, elle a parlé au public, exprimant son désir de raconter des histoires même si elle n’avait pas le temps. Les chansons qu’elle a présentées étaient énergiques et joyeuses, rêveuses et dansantes. Elle a expliqué qu’au début de leur carrière, les artistes doivent souvent, pendant leurs spectacles, interpréter une reprise d’une chanson qui les inspire. La toune la plus inspirante pour Vaëlle? Une chanson dans un jeu de Zelda. Trop cool. Vaëlle sortira sa musique bientôt et je pense qu’on devrait tous prendre un petit voyage dans son univers.
Motherhood

Par Luc Belmont
Le rock sophistiqué de Motherhood donne un esprit de fête un peu carnavalesque. Leurs rythmes entraînants, bien que souvent répétitifs, ont un côté ingénieusement hypnotique. Les hauts plafonds du Vox servaient la diffusion des voix réverbérées en harmonie. Un aspect progressif se dégage des bonnes portions instrumentales, et cela accentue l’état de songe dans lequel nous invite le groupe. Un souvenir de l’époque psychédélique qui se rétracte dans les premières images d’une télévision. L’expertise de Motherhood se concrétise de manière impressionnante, tant dans la précision des chants que dans la coordination machinale qu’exige une telle performance. Une poussière tousse spécialement du matériel tiré de leur dernier album « Thunder Perfect Mind ».
Frank O’Sullivan

Par Adrien Le Toux
Entouré de ses excellents musiciens, le Montréalais Frank O’Sullivan a enchaîné ses pièces de jazz devant un public attentif qui a apprécié sa prestation. Une belle découverte pour nous, même si cet artiste chevronné, qui fait partie du Kalmunity Vibe Collective, a joué avec Malika Tirolien et Dominique Fils-Aimé.
Huriel

Par Jade Poliquin
Huriel n’est pas qu’un simple groupe de musique, mais plutôt une expérience, une histoire, un récit pourrais-je dire! C’est dans la salle de L’Ampli de Québec que mon cœur a été conquis par ce folk inspiré des années 1970. Plusieurs étaient présents afin d’assister à la prestation à saveur très sombre et sinistre ou bien… pour avoir la chance de voir leur « mascotte » (NDLR : EDDY!) remettre une chère lettre au chanteur de la formation. Une chose est sûre, si vous n’avez jamais entendu parler d’eux, je ne peux que vous encourager à les découvrir et vous laisser plonger la tête première dans leur univers spectral.
Jules is Dead

Par Luc Belmont
J’ai vu Jules is Dead en dessous des marches de la Bordée. Leur musique rock trempe dans une rage adolescente qui se meut dans le fil de ses relations affectives. La chanteuse Jules Ozon, dont la voix est âgée d’à peine vingt ans, rend une nostalgie franche à ses paroles directes. Les compositions tissées à merveille se suivent comme un charme. Je n’ai pas bien entendu la guitare pendant les quelques solos, mais j’ai cru comprendre que cet atout complémentait les primeurs. J’aurai bientôt l’occasion de les mieux réentendre en version radiophonique. Je serai bien vite dépendant des jolies fioritures agrémentant ses refrains de résignation assumée.
Brad Barr

Par Jade Poliquin
Ami de longue date de Fred Fortin, Brad Barr (NDLR : des légendaires Barr Brothers) a eu la chance d’assurer sa première partie à l’Impérial pour la première journée de cet incroyable festival. C’est seul sur scène qu’il fait face à la salle bondée de gens de tous âges, et laissez-moi vous dire une chose, il a assuré lors de sa prestation. Chanteur, compositeur, guitariste, pianiste et j’en passe, c’est avec des compositions avant-garde/indie folk qu’il nous emporte dans son fabuleux monde où le calme et la technique sont mis de l’avant. Un moment qui m’a particulièrement fait rire durant cette performance est assurément quand il a pris quelques minutes pour nous parler de baleines de manière très humoristique et en nous faisant même une petite imitation du chant de ce mammifère marin.
Laura Schembri

Par Émie Chayer et Jacques Boivin
Il faisait chaud dans le petit local du 541 St-Joseph, et pour cause! La pétillante Laura Schembri est venue nous présenter les pièces à saveur disco accompagnée de ses talentueux·ses musicien·nes! Une prestation très conviviale de la part de cette bête de scène qui a fait participer la foule, notamment en faisant monter les spectateurs sur la petite scène ou en les faisant chanter. Ajoutez à cela des reprises savoureuses et groovy d’Aimes-tu la vie de Boule Noire et de J’t’aime comme un fou de Charlebois, des pièces inédites qui sortiront très bientôt et le hit Disco Serge, qui a fait taper de nombreuses mains, y compris chez les organisateurs de l’événement! Attention à ce jeune rayon de soleil, il risque de briller très fort!
Passion Poire

Par Jacques Boivin
Oh mais quelle personne colorée! Même bien assise sur son tabouret, Passion Poire a su mettre tout le monde dans sa petite poche d’en arrière avec sa voix assurée, ses deux excellents musiciens et une personnalité pétillante qui donnait le goût d’en savoir plus sur ce projet sur lequel ne colle aucune étiquette, sauf celle de « Plaisir garanti ». Un plaisir qui n’est pas si anodin, puisque l’artiste en profite pour nous parler de ses valeurs de diversité, d’équité et d’inclusion avec plein de sensibilité. Les rythmes sont chauds et irrésistibles, les mélodies sont accrocheuses pas possible, on est résolument au deuxième quart du 21e siècle avec ce mélange de pop, de R&B et de musique latine. Passion Poire est à surveiller de près!
Chiwio

Par Émie Chayer
Devant un public multigénérationnel, l’artiste de Québec Chiwio a transformé son set en petite fête où tout le monde était invité. Je n’ai pas l’habitude des shows rap, j’ai donc été vraiment surprise de voir cet effet de communauté que l’artiste originaire de Kigali et son crew ont su installer en invitant les gens à danser en cercle, à prendre un maximum de photos et à l’accompagner. Qui dit fête dit également invités, et Chiwio était justement entouré de plusieurs de ses amis. Malgré quelques problèmes techniques, la flamme ne s’est jamais éteinte, bien au contraire!
Baby Volcano

Par Luc Belmont
Le système de son vibrait en continu, même quand on n’entendait pas grand-chose. Les synthétiseurs réglés en fausse sourdine installaient la toile invisible d’une tension atmosphérique en boucle sur une nudité fraîche, que perçait la beauté de chants délicats. S’ouvrait alors les paupières de l’éveil divin, comme quand la rosée touche les pétales du nénuphar reposé. Les rythmes primitifs dansaient une cadence qui emportait Lorena Stadelmann dans les spasmes d’une transe possessionnelle. La vision pop de Baby Volcano se teinte à travers un voile psychotique déposé sur le fétiche instinctif d’un culte à l’affirmation du soi lubrique. L’élévation d’un bâton fumigène parfumé envoûta l’auditoire dans l’élan secret de l’instant conceptif.
Fred Fortin

Par Jade Poliquin
Notre vieux brochet préféré met les pieds dans un Impérial très bien garni de gens pour nous proposer une soirée à saveur folk-rock. Très connu des Québécois, Fred Fortin, accompagné de ses musiciens, est présent ce soir pour célébrer les 20 ans de son album « Planter le décor ». Il nous joue également des classiques comme la chanson Ultramarr, provenant de l’album du même nom. C’est vraiment comme un voyage dans le temps pour plein de gens dans cette salle et même pour les musiciens présents. La justesse et la précision de l’exécution tout au long de la soirée sont tout simplement hypnotisantes pour les plus curieux qui se situent à l’avant de la scène. Je ne tire que du positif de cette soirée! Nous avons même la chance de voir un duo Fred Fortin et Brad Barr vers la toute fin du set, et c’est, à mon humble avis, un moment mémorable que je ne suis pas prête d’oublier.
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